Magazine PROF n°19

Edito: Derrière les chiffres…

Ça y est, c’est le grand jour. La boule au ventre, le cœur léger, le plus souvent un peu des deux. Grande première ou vieille rengaine. Dans toutes les cours de récré du royaume, et peut-être aussi dans les salles de profs, les « petits nouveaux » guetteront un visage connu, un regard auquel se raccrocher ; les anciens se raconteront leurs exploits ensoleillés, en rajouteront une couche, comme des Marseillais.

Pour ce petit blond discret croisé fin aout, qui « n’aime pas trop » l’école, « surtout pas le cours de gym et encore moins la piscine, parce que je suis nul en natation », ce sera le grand saut. Prendre le train, puis un bus, pour aller à la grande école. Heureusement, « presque tous mes copains de sixième y vont aussi ». Et que dire de Maxime*, qui quitte le confort d’une école toute proche pour l’internat, à trois heures de train et bus, avec l’espoir de devenir « agent qualifié dans les métiers du cheval ». Quel virage à 180 degrés, pour tenter la passion plutôt que la répétition ! De passion, il en sera aussi question pour Pierre, qui rejouera sa 5^e TT Théâtre avec pour objectif de faire partie du casting des sixièmes, l’an prochain…

En ce jour de rentrée, je pense aussi à Louise, 15 ans et diagnostiquée HP depuis quelques années, en risque de décrochage en juin dernier, mais qui a pu compter cet été sur les services et les conseils bienvenus d’un SAS, qui l’aideront peut-être à passer le cap. Ou à Valentin, 17 ans, qui a tout bonnement arrêté l’école et tentera cet automne de se remettre en selle. Et à Julie, 10 ans, que sa dyslexie contraint à des efforts qui ne cesseront ni en secondaire ni après… Pour dix réussites « les doigts dans le nez » ou à force de travaux forcés, combien de parcours chaotiques, de scolarités cabossées, de motivations ébréchées par des jugements à l’emporte-pièce de parents inquiets ou d’enseignants excédés ? Y a qu’à trimer ? Pas si sûr, même si ça aide, bien sûr !

Tous ces jeunes pleins de fougue et de dynamisme croisés durant ces vacances, ce sont des visages mis sur les statistiques qui parsèment souvent ces pages. Et qui me rappellent que derrière les chiffres, il y a de la vie… Bonne lecture, et surtout bonne rentrée !

Didier CATTEAU
Rédacteur en chef

* Prénom d’emprunt, comme tous ceux de ce texte.