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Magazine PROF n°19

 

Focus 

SNCB et Asty-Moulin : des techniciens sortent du traintrain

Article publié le 01 / 09 / 2013.

Plusieurs classes du Centre Asty-Moulin, à Namur, ont travaillé l’année dernière sur un dispositif facilitant l’accès aux trains des personnes à mobilité réduite. Un vrai partenariat entre l’école et la SNCB, dont témoignent les élèves et leur professeur.

En fin d’année, la SNCB a délégué un représentant pour assister aux épreuves de qualification où les élèves ont présenté leur passerelle..
En fin d’année, la SNCB a délégué un représentant pour assister aux épreuves de qualification où les élèves ont présenté leur passerelle..
© PROF/FWB

Lorsqu’une personne à mobilité réduite (PMR) veut prendre le train, elle doit faire une réservation 24 heures à l’avance et suivre une procédure précise pour avoir une assistance dans 131 gares (1). Selon les rapports du médiateur de l’entreprise de transport (2), le résultat dépend fort de la bonne volonté du personnel SNCB et n’est pas performant à 100 %. Durant l’année scolaire 2012-2013, Thierry Lambotte, enseignant au Centre Asty-Moulin, à Namur, s’est penché sur la question, avec ses élèves. En collaboration avec les ingénieurs de la SNCB, ils ont imaginé puis réalisé un système à placer à l’intérieur du wagon, que le chef de train peut actionner (3).

Deux projets concrétisés

En juin dernier, les élèves étaient fiers de montrer deux réalisations : une passerelle, qui fonctionne, et un ascenseur, en passe de le faire. Pour arriver à ce résultat, ils ont d’abord visité la gare de Namur et ses ateliers, avec une personne à mobilité réduite, en prenant toutes les mesures et les renseignements nécessaires : accès, encombrement, sources d’énergie… Par exemple, selon la SNCB, un fauteuil roulant (avec l'utilisateur) peut peser jusqu'à 300 kg, faire jusqu'à 75 cm de large et jusqu'à 120 cm de long.

Ensuite, le « bureau d’études », soit quatre élèves de 6e transition électro-mécanique, a travaillé sur les vérins, les moteurs, les réducteurs, les roulements à bille… pendant les cours de labo 2 h/semaine. Deux des quatre solutions ont été retenues et dessinées sur plans. Le « bureau d’études » a déterminé et recherché le matériel nécessaire et disponible ; il a réalisé les calculs de puissance et de dimensionnement des éléments, en tenant compte du poids de la personne et de son fauteuil, ainsi que de la variation des hauteurs et des éloignements des trains par rapport aux quais… « Lorsque le chef de train l’actionne, la passerelle fait une rotation de 90° pour se présenter face au quai, dans l’entrée de la voiture, expliquent Jérôme et François. Elle s’ouvre alors en deux versants, l’un vers le quai, l’autre vers l’intérieur ».

La deuxième solution est une plateforme liée à une structure qui encadre l’entrée et laisse libre le flux des passagers. « Cette structure dispose de bras télescopiques horizontaux et de vérins horizontaux et verticaux, précisent Martin et Maxime, pour amener la plateforme sur le quai et permettre l’accès de la PMR. Les vérins s’arrêtent lorsque une sonde détecte un surplus d’intensité du moteur à courant alternatif ».

« Nous avons écarté la solution pneumatique, ajoutent-ils. Selon l’endroit du train, elle présente un déficit de pression. Nous avons étudié nos deux solutions sous l’angle de l’hydraulique (flux d’huile) et de l’énergie électrique ». De plus, comme travail de fin d’études, ils ont réalisé une recherche sur la sécurité liée au projet, pour le rendre encore plus réaliste.

L’atelier de construction

À chaque étape d’avancement des plans, les élèves de mécanique entretien ont pris le relai dans leur cours de laboratoire (2 h), de pratique mécanique (5 h, une partie du cours étant prise en charge par un autre professeur) et de soudure (4 h). Dorian et Eustase expliquent le rôle de l’atelier de construction : « À l’aide des schémas et des plans, les élèves de mécanique entretien (trois en 6e, cinq en 5e) ont réalisé la plupart des pièces, avant de les monter et de les raccorder. Nous avons fabriqué la passerelle, les supports, l’arbre, la butée, la structure de l’ascenseur… »

Thierry Lambotte est le patron de cette mini-entreprise : « Celui qui doit rendre possible, l’impossible ». Il enseigne depuis 3 ans, après une carrière à l’armée comme technicien en aéronautique : « Après 20 ans d’YF-16, je voulais autre chose ». Ce projet, il l’a mis en œuvre à la suite d’une réunion de l’équipe éducative destinée à redynamiser le secteur transition, et pour poursuivre deux objectifs personnels : « Je donne cours dans les sections transition, qualification et professionnelle. Je voulais les mettre en synergie. De plus, je voulais les préparer à la culture de projet développée dans les hautes écoles techniques. J’ai donc suggéré à l’équipe et à mes élèves de travailler notamment sur ce projet particulier ».

Celui-ci rentre dans le cadre des cours : « En transition, le programme de labo est vague. Les professionnels, eux, doivent élaborer et construire des pièces mécaniques. Une fois la matière vue, ils l’utilisent sur le projet qui reste avant tout pédagogique. On peut tout démonter et remonter. Et cela au bénéfice de toutes les classes et de tous les cours concernés ».

Un réseau social

Après un mois de travail, cela ne fonctionnait pas entre les sections : tout juste si les élèves se parlaient, pas un salut quand ils se croisaient et, plus fort, les élèves de professionnel critiquaient ceux de transition, pas foutus selon eux de faire une pièce correctement. Une réunion générale a mis les choses à plat et un élève a présenté l’idée de réaliser une page Facebook (4), interne au groupe, axée sur le projet, pour placer des comptes-rendus des étapes d’avancement, des photos, des vidéos, des questions, des réponses de l’enseignant. « Un jour, je n’ai pas eu le temps de répondre à une interpellation, se rappelle M. Lambotte. Un élève l’a fait à ma place. C’était parti… De plus, cela a créé une émulation pour les élèves de 5e, qui ont voulu en être ».

Et les élèves de qualification ? « Ils sont 22. Leur nombre n’a pas permis une grande implication. L’an prochain, je changerai mon fusil d’épaule : ils seront responsables du bureau d’automatisation du projet ».

Des élèves de 6e transition et de 5e professionnelle, main dans la main.
Des élèves de 6e transition et de 5e professionnelle, main dans la main.
© PROF/FWB

Des partenariats

Le budget de ces réalisations représente une somme considérable : « 15 000 € de matériel. L’école a donné une mise de départ. Le reste, ce sont des partenaires privés, commente M. Lambotte. Je les informe de l’état d’avancement par un site (5). Avant, j’allais voir les firmes pour leur demander les vieux clous qu’elles pouvaient me refiler. Aujourd’hui, je vais vers elles avec deux éléments. D’abord, je les confronte à mes programmes et j’écoute leurs besoins. Ensuite, je leur explique les stages et les projets. Certaines sont prêtes à accueillir des élèves en stage, à aider en matériel ou à mettre des experts techniques à la disposition des projets. Je ne compte pas mes heures après mon boulot pour contacter les patrons. Je dois dire que mon ancien boulot m’a laissé un très beau carnet d’adresses, ce qui m’aide grandement. Aujourd’hui, des firmes comme Vermeire Belting, Bosch Rexroth, Schneider électrique, BM Techno, Materne, SMC… et la SNCB sont nos partenaires ».

Même si elle avait ouvert les portes de ses ateliers et de ses wagons, la SNCB restait un peu en retrait, selon l’enseignant. Cela a changé. À Pâques, le projet est bloqué, par manque de liquidités. Mais, au vu du travail déjà réalisé et relayé par un feuilleton dans le quotidien L’Avenir, la compagnie ferroviaire a délié les cordons de sa bourse et, en fin d’année, elle a délégué un représentant pour assister aux épreuves de qualification. « Si jamais elle concrétise l’un de nos prototypes, je proposerai qu’elle y ajoute une plaque avec le nom des élèves ».

Ce projet n’est pas le premier ni le dernier de M. Lambotte. « L’an prochain, nous voulons réaliser une mini-usine et une bande transporteuse pédagogique, en impliquant aussi les 4e. N’est-ce pas une bonne réponse à ceux qui considèrent le qualifiant de secteur poubelle ?»

Patrick DELMÉE

(1) http://bit.ly/10iyvVx
(2) http://bit.ly/13GV58D
(3) Seules les toutes nouvelles voitures Desiro AM 08 disposent d’un système intégré.
(4) La partie ouverte de cette page se trouve sur http://on.fb.me/144Aytx
(5) https://sites.google.com/a/site.asty-moulin.be/industrie/home/9-archives-2012-2013/realisation-d-une-passerelle-automatisee-pour-pmr

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