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Magazine PROF n°29

 

Dossier Ils ont décroché, ils ont repris pied

Salomé Singh : « J’ai trouvé un cadre plus petit et plus familial »

Article publié le 01 / 03 / 2016.

Salomé Singh, 17 ans, est en 5TQ option Arts. Auparavant, elle a décroché en cinquième et a été orientée vers un Service d’accrochage scolaire. Son objectif est d’obtenir son CESS et de faire des études supérieures.

PROF : Qu’est-ce qui explique votre décrochage ?
Salomé Singh :
Avant de décrocher, en primaire et dans ma première école secondaire, j’ai toujours été une bonne élève et je n’ai jamais redoublé. Au moment d’entrer en cinquième, j’ai choisi de m’inscrire dans une autre école.

En fait, jusqu’en fin de quatrième, j’étais bien, j’aimais bien, c’était une chouette option. J’ai choisi de suivre des amis et de changer d’école. Cela ne m’a pas du tout plu. Ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais, même si j’étais allée aux journées portes ouvertes.

À la réflexion, les cours y sont fort cadrés et par rapport à un projet artistique, je n’ai pas le choix du medium. Je n’ai pas trouvé les profs sympas. Mais le fait que je ne travaillais plus et que j’avais de mauvais points n’a rien arrangé. De plus, je fume de la beu. Du fait que je ne faisais rien, j’en fumais plus. Et, si un évènement me rend triste ou casse mon moral, la beu amplifie le phénomène. J’étais dans un cercle enfermant.

À cela s’ajoute une situation familiale qui a changé. Mon papa ne vit plus à la maison depuis longtemps. Mais nous vivions avec maman, un frère et deux sœurs. En un an, nous sommes passés de cinq à trois : mon frère et ma sœur ainés sont allés vivre ailleurs. Et avec ma maman et ma jeune sœur, je n’étais pas gentille.

Lorsque j’ai reçu mon premier bulletin, j’ai demandé à changer d’option. L’école m’a répondu que ce n’était pas possible. L’option technique de qualification était remplie. La psychologue du CPMS et le directeur ont été soutenants. Je pouvais mordre sur ma chique ou changer d’école. Mais ils ne m’ont pas orientée vers une autre école. Et, comme je perdais pied, cela ne s’est pas fait à ce moment-là.

Qu’est-ce qui vous a permis de vous raccrocher à l’école?
C’est une amie de ma maman qui m’a orientée vers le Service d’accrochage scolaire (SAS) La Parenthèse. Ma maman ne voulait pas que je glande à la maison, en me levant vers 11h-midi. Avec le soutien du directeur d’école, je me suis inscrite au SAS. Au début, je n’en avais rien à foutre. Mon but était surtout de m’occuper. J’y ai retrouvé un horaire comme à l’école et des activités, dont des activités artistiques. Certaines étaient centrées sur l’image de soi positive comme l’auto-louange dans un atelier d’écriture.

Y étiez-vous bien encadrée ?
Oui, je pouvais me confier aux éducateurs et surtout à mon référent que je voyais une fois par semaine pour parler de moi. Une sorte de suivi psychologique. J’ai pu réaliser un travail sur ma personne et ma conscience. Je l’ai complété en faisant appel à la Cannabis Klieniek. J’y ai été suivie par une psychologue. Ma maman et ma petite sœur ont participé à la thérapie. On s’est dit des choses, on a débloqué des choses, on s’est fixé des objectifs pour que ce soit acceptable, on a bien avancé.

On m’a montré que le SAS était positif. Je me suis donc plus impliquée. J’ai pu notamment apprendre à m’exprimer oralement et par écrit envers des adultes, dans un dialogue constructif où chacun entend l’autre, même s’il faut accepter qu’on ne peut pas changer certaines choses. Avant, je claquais vite la porte lorsque cela ne tournait pas comme je voulais. J’ai grandi et évolué mentalement. Je m’apitoie moins sur mon sort : j’ai rencontré plusieurs jeunes dans un état bien pire que le mien.

Et après le SAS ?
J’ai aussi recherché une école. Je veux avoir mon CESS et continuer des études supérieures. Un de mes amis du SAS retournait dans une école partenaire du SAS. Elle a la réputation d’être la poubelle des options arts à Bruxelles. Je ne suis pas du tout d’accord avec cela. J’y ai trouvé un cadre plus petit et plus familial, des élèves que je connaissais déjà d’avant, des cours intéressants, des projets où j’ai pu exprimer mon libre-arbitre.

Mon premier bulletin avait quelques échecs que j’ai pu résorber au second. Je ne crains pas de retomber en décrochage. Du côté de la beu, non plus. Avec un ami, nous nous soutenons pour diminuer notre consommation. Je ne suis plus suivie. Mais si j’ai un problème, je sais que je pourrai retourner au SAS où la porte est ouverte.

Propos recueillis par
Patrick DELMÉE

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