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Magazine PROF n°49

 

L'info 

Raccrocher les élèves malgré le COVID

Article publié le 26 / 03 / 2021.

Les mesures que l’on pensait temporaires perdurent. Quels sont les outils mis en place, et que faire pour raccrocher
ceux que la crise a fragilisés ?  

© Adobe Stock/©myboys.me

Il est clair pour tout le monde que les mesures sanitaires prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19 ont impacté, à différents niveaux, nos élèves. Qu’ils soient dans le fondamental, le secondaire ou le supérieur, les « jeunes » paient, aussi, un lourd tribut dans cette crise.

Les conséquences en termes de contacts sociaux, l’augmentation de la violence intrafamiliale sur les enfants sont au centre de l’actualité. Celles qui concernent les apprentissages et le décrochage scolaire le sont également.

Le décrochage, qu’il soit actif (l’élève ne vient plus en classe), ou passif (l’élève est là physiquement, mais n’investit plus ses apprentissages), n’est pas encore chiffrable de manière précise, mais de nombreuses études qualitatives sont en cours.

Toutefois, la Fédération Wallonie-Bruxelles n’a pas attendu leurs conclusions pour mettre en place diverses mesures en vue d’accompagner les personnels de l’enseignement et tous ceux qui ont un rôle à jouer auprès de cette jeunesse en difficultés.

Concernant l’enseignement obligatoire, les aides spécifiques se présentent sous diverses formes : des subventions exceptionnelles, des ressources et outils pour pratiquer la remédiation, la différenciation et l’hybridation.

La Direction générale du Pilotage du Système éducatif (DGPSE) met à disposition des écoles un canevas de réflexion sous la forme d’un site internet (1). En plus des pistes de réflexion, des outils et ressources sont proposés
afin d’aider les écoles à adopter une stratégie spécifique pour lutter contre le décrochage scolaire. Les Délégués au Contrat d’Objectifs (DCO) rencontrent depuis octobre chaque équipe éducative autour de ces problématiques, pour identifier les impacts du COVID, notamment sur les Plans de pilotage, et pour échanger autour des dispositifs mis
en place en réponse à ces difficultés. Près de 2 100 établissements ont ainsi déjà été visités.

La Cellule de support des dispositifs de différenciation et d’accompagnement personnalisé a produit des Fiches info et des Fiches outils apportant un appui supplémentaire aux enseignants. Ces fiches sont accessibles via la page thématique « différenciation et accompagnement personnalisé » de la plateforme e-classe.be (2).

Le Service général du Numérique éducatif a produit des pistes, des outils et des ressources facilitant la mise en oeuvre d’un enseignement hybride (alliant donc enseignement présentiel et à distance) (3). Le Gouvernement a également débloqué 10 millions € en vue d’équiper les élèves du secondaire selon certaines modalités (lire à ce sujet notre numéro de décembre 2020).

En plus des outils pédagogiques, la Fédération Wallonie-Bruxelles a dégagé 19 millions € pour renforcer le soutien éducatif et psycho-social des élèves. Ces moyens sont alloués aux écoles de l’enseignement secondaire ordinaire et spécialisé, ainsi qu’aux CPMS, en vue de développer un accompagnement spécifique à travers le recrutement temporaire d’éducateurs, psychologues,ogopèdes, kinésithérapeutes, assistants sociaux, etc. (4)

Des collaborations entre les écoles et le milieu extra- et parascolaire, les AMO (Aide en milieu ouvert) ou les écoles de devoirs sont encouragées. Les directeurs de zone (DZ) et DCO disposent d’un cadastre reprenant une liste des partenaires potentiels autour de votre école. Ils se tiennent à votre disposition pour identifier des interlocuteurs privilégiés,selon votre réalité et vos besoins (5).

Dans ce contexte de crise, les Services d’Accrochage scolaire (SAS) sont des partenaires privilégiés ayant une expertise dans la prise en charge d’un jeune en décrochage scolaire (6).

Si le décrochage scolaire concerne les apprentissages, ses causes peuvent également être liées à des situations de vie difficiles. On sait que les mesures sanitaires ont multiplié les violences au sein des familles. Il est dès lors très compliqué pour un enfant de s’investir dans sa scolarité. Afin d’aider le secteur d’Aide à la jeunesse, extrêmement sollicité, un budget supplémentaire lui a été alloué. Le site Prévention Vulnérabilités (7) veut servir d’intermédiaire entre des besoins qui sont identifiés localement et des réponses qui peuvent être apportées. Il souhaite favoriser
une mobilisation au profit des jeunes vulnérables de cette crise qui est malheureusement appelée à durer.

Il est évident que le personnel de l’enseignement détient le premier rôle dans cette lutte contre le décrochage scolaire et la resocialisation des élèves en cette période de crise : il est celui qui assure les apprentissages
en veillant aux besoins spécifiques de chacun, tout en rassurant les enfants et leurs parents. 

Hedwige D'HOINE

(1) strategies-covid19-canevas.cfwb.be
(2) www.e-classe.be/thematic/differenciation-etaccompagnement-personnalise-424
(3) www.e-classe.be/thematic/publications-du-sgne-421
(4) Lire la circulaire 7987
(5) Lire la circulaire 7983
(6) La liste des services d’accrochage scolaire est accessible via www.enseignement.be/index.php?page=23748&navi=2666
(7) www.preventionvulnerabilites.be

Raccrocher dans le qualifiant

Mme Menier, directrice de l’Institut Emile Gryzon–Ceria, à Anderlecht, fait le constat d’un décrochage évident. Soit
les élèves ne viennent pas, soit ils n’investissent plus les apprentissages en présentiel, mais surtout à distance.

« Beaucoup d’élèves des sectionsqualifiantes sont sans stage (Horeca, tourisme). Ils ont peur pour leur avenir. Pour pallier ces manques, on a mis en place des semaines de Master classes où des professionnels du métier viennent animer divers ateliers auprès de ces jeunes. »

« Afin de raccrocher les élèves, l’école a renforcé les offres de remédiations, école de devoirs, cours de numérique. Elle a également, grâce aux moyens débloqués, triplé les activités du service d’accrochage scolaire, des assistants sociaux, car en plus de l’école, beaucoup de jeunes vivent des situations personnelles difficiles. »

Un projet de soutien et d’écoute est organisé par les enseignants en quarantaine en assurant un suivi personnalisé
à distance des élèves. « Ils sont les oreilles à leur écoute » (mais ils ne sont pas formés à cela).

Depuis peu, on constate que les élèves reprennent les chemins de l’école et utilisent les aides proposées. Tous les membres du personnel, à tous les niveaux, se sont inventés, monopolisés et impliqués de différentes manières pour les
élèves…

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