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Magazine PROF n°36

 

Dossier Quand le théâtre entre en classe

L’improvisation : oser pour être prêt à tout

Article publié le 11 / 12 / 2017.

L’improvisation est un genre théâtral à part entière. Il répond à des règles. Il apprend à se mettre dans l’inconfort.

Thierry Siva est un artiste qui fait de l’improvisation depuis cinq ans. Il fait partie de deux équipes, les Zapeuprès et les Otarires, de Liège. Et il coache trois autres groupes.

PROF : L’improvisation, qu’est-ce que c’est ?
Thierry Siva :
C’est le lieu du théâtre contemporain où dans l’instant de la représentation l’acteur est à la fois dramaturge, metteur en scène, scénographe, et acteur. Il joue en public sans texte prédéfini, sans mise en scène préalable, selon son inspiration. En 1977 deux Canadiens, Robert Gravel et Yvon Leduc, ont créé le match d’improvisation. Ils ont parodié le populaire hockey sur glace, son decorum, ses règles : deux équipes en vareuse s’affrontent dans un match, la scène représente une patinoire, avec un arbitre… (https://fr.wikipedia.org/wiki/Match_d%27improvisation).

En tant que coach, une fois par semaine, je vois mes équipes et je les prépare pour le match et la scène en général. Nous travaillons les principes de jeu et le respect des règles.

Des règles en improvisation ?
Pour que l’improvisation fonctionne, il faut respecter quelques règles, comme l’acceptation et l’écoute. Si un premier participant campe un personnage et une situation, les autres jouteurs doivent l’accepter. Une bonne écoute visuelle et auditive permet d’intégrer au jeu les différentes propositions qui surviennent.

Certaines règles sont également propres au format Match. Leur non-respect peut entrainer l’arbitre à siffler une faute. Par exemple : utiliser un objet, imposer son idée au détriment de celle de l’autre ou sortir de son rôle.

Quelle est l’offre pédagogique du secteur ?
Quatre regroupements (la Ligue d’Improvisation belge professionnelle, la Ligue d’Improvisation professionnelle Wallonie-Bruxelles, la Fédération belge d’Improvisation amateur, l’ASBL Improvisation.be) disposent de modules d’animation. De même qu’un grand nombre d’équipes amateurs (NDLR : lire à ce sujet le Complément bibliographique au dossier « Théâtre en classe » paru dans notre numéro de décembre 2017, http://enseignement.be/index.php?page=27203&id=2297). Ces modules sont très souples. Un groupe peut visionner un match, continuer par une initiation pratique d’une heure. Et s’il y prend gout, déterminer un ensemble d’exercices de préparation, qui peuvent ou non se terminer par un match ou un spectacle. L’improvisation peut aussi préparer un matériau repris dans un texte représenté. Toutefois, elle se suffit amplement à elle-même.

Un prérequis ?
Créer un climat dans lequel les élèves se sentent à l’aise, prennent du plaisir, pour laisser parler leur imagination et leur créativité, pour mêler leurs univers.

Quels sont les objectifs de l’impro ?
L’improvisation permet de prendre en compte les codes dramatiques, le jeu des personnages sur une scène, l’importance de la voix, du corps, du mouvement, la gestion du temps…

Mais personnellement, j’insisterais davantage sur le fait que l’improvisation développe la confiance en l’autre, la solidarité du groupe, dans un travail sans échec, la capacité à se placer dans une situation d’inconfort, où l’on exprime ses émotions en public. Ces valeurs vont à l’encontre des pratiques sociétales davantage tournées vers l’individu qui avance pour gagner en se préservant de l’inattendu et en taisant ses émotions. En improvisation, il faut oser pour avancer. Cela apprend à être prêt à tout, quoi qu’il arrive.

Un enseignant peut-il animer seul une séquence d’improvisation en classe ?
Des formations peuvent l’y préparer. Mais un artiste, qui a déjà l’expérience de ses pratiques, de son univers, peut apporter un œil plus averti et une lumière différente.

Propos recueillis par
Patrick DELMÉE