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Magazine PROF n°25

 

Dossier Neurosciences et éducation : un dialogue en construction

Gare aux neuromythes

Article publié le 01 / 04 / 2015.

Raccourcis ou extrapolations alimentent des idées aussi séduisantes qu’erronées, qualifiées de « neuromythes ».

Pour les experts internationaux engagés dans le programme « Science de l’apprentissage et recherche sur le cerveau » de l’OCDÉ, « les connaissances distordues sont dangereuses pour les pratiques éducatives sérieuses, auxquelles on risque de préférer des formules à la mode ou des grandes théories aussi fumeuses qu’éphémères » (1).

Petit florilège inspiré d’un article de Marie Gaussel, publié sur le blog lié à « Neurosciences et éducation : la bataille des cerveaux », dossier d’actualité Veille & Analyses de l’Institut français de l’Éducation (http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=86&lang=fr).

Mémoriser en dormant

Non, placer son cours sous l’oreiller ne sert à rien ! Par contre, ce qui est démontré, c’est que le sommeil joue un rôle dans le processus d’encodage et de consolidation des informations. Une mémoire que l’exercice physique aide à développer.

Le cerveau utilisé à 10%

Là encore, ce mythe savamment entretenu permet de vendre un arsenal de techniques voire de médicaments destinés à « booster » votre cerveau. Or, l’imagerie cérébrale et la neurochirurgie sont formelles : le cerveau est actif à 100% et l’ensemble des zones cérébrales est en interaction.

Des périodes « critiques »

Passé tel âge, inutile d’essayer d’apprendre ceci ou cela. Encore une ineptie. Comme le résume Marie Gaussel dans son article, « le cerveau reste plastique tout au long de la vie grâce à la synaptogénèse (développement et modification des connexions) et la neurogénèse (création de neurones). Or, l’acquisition de compétences et l’apprentissage se font avec le renforcement des connexions et par l’élagage de certaines autres » (2). Aujourd’hui, on parle plutôt de périodes « sensibles ».

Gauche-droite

Au XIXe siècle, les premières recherches en neurophysiologie distinguaient les aptitudes créatrices et synthétiques des aptitudes critiques et analytiques. Et les attribuaient aux hémisphères gauche et droit. Jusque dans les années ’60, la latéralisation des hémisphères se basait sur l’étude post-mortem de cerveaux lésés.

L’imagerie cérébrale montre aujourd’hui que l’ensemble des tâches cognitives est effectué de façon bilatérale. Les deux hémisphères travaillent ensemble, même s’il existe des asymétries fonctionnelles. Pour Marie Gaussel, « les pseudo-outils éducatifs suggérant un entrainement cérébral possible pour développer l’hémisphère ‘faible’ sont le produit d’une extrapolation, voire d’une distorsion de données neuroscientifiques à des fins commerciales… »

Enrichir l’environnement

Cette hypothèse résulte de recherches sur des rats, mais à ce jour, rien ne prouve qu’un environnement enrichi (de livres, d’images, de musiques,…) pour les enfants entraine automatiquement une augmentation du capital neuronal. Par contre, les effets d’un environnement très appauvri sont mieux reconnus et peuvent provoquer des carences dans le développement cognitif des rats… et des humains.

Le cerveau a-t-il un sexe ?

Oui et non. La sexualisation du cerveau s’effectue au stade embryonnaire, mais uniquement de façon physiologique pour les fonctions de reproduction (donc oui, il y a des différences), mais pas de façon cognitive (donc, non). Catherine Vidal, neurobiologiste et chef de laboratoire à l’Institut Pasteur (France), explique de façon très claire dans une courte vidéo qu’il y a sur le terrain cognitif davantage de différences entre individus de même sexe qu’entre sexes: http://www.universcience.tv/video-le-cerveau-a-t-il-un-sexe-catherine-vidal-6379.html.

Visuel, auditif, kinesthésique ?

La théorie des styles d’apprentissage a la vie dure. Elle suppose implicitement que l’information n’est traitée que par un seul canal perceptif, ce qui va à l’encontre de ce qu’on sait du cerveau, qui fonctionne par interconnectivité. Voir et entendre la même information au même moment est plus efficace que de la voir puis de l’entendre…

Tout se joue avant…

Bien évidemment, il est souhaitable qu’un enfant grandisse dans un environnement stimulant. Mais il n’est pas voué à l’échec scolaire s’il n’a pas eu cette chance ! En 2007, le Centre pour la recherche et l’innovation dans l’enseignement (CERI) rappelait qu’il n’existe pas « de données neuroscientifiques concluantes sur la relation prédictive entre la densité synaptique du premier âge et l’amélioration de la capacité d’apprentissage ». Pas de fatalisme donc…

(1) « Conclusions et perspectives d’avenir », dans Comprendre le cerveau : Naissance d'une science de l'apprentissage, Éditions OCDÉ, 2007, p. 165. http://www.oecd-ilibrary.org/education/comprendre-le-cerveau-naissance-d-une-science-de-l-apprentissage/conclusions-et-perspectives-d-avenir_9789264029156-11-fr
(2) Pour des explications, voir http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_07/i_07_m/i_07_m_tra/i_07_m_tra.html et http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_07/i_07_m/i_07_m_oub/i_07_m_oub.html