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Magazine PROF n°40

 

Article Pilotage & contrat d'objectifs

Le plan de pilotage décloisonne

Article publié le 07 / 12 / 2018.

Chercheure, Caroline Letor s’intéresse en particulier au travail collaboratif et aux organisations apprenantes. Selon elle, le plan de pilotage peut avoir un impact positif, de l’école au système scolaire, à certaines conditions.

© PROF/FWB

PROF : Quelles circonstances ont amené le plan de pilotage ?
Caroline Letor :
Depuis le décret Missions (1997), le système scolaire vise à réformer les pratiques et les mentalités dont celles qui contribuent aux inégalités scolaires. Mais cette régulation vient d’en haut et reste « light », sans orientation claire ni évaluation des actions.

Les enseignants adhèrent aux principes de ces réformes. Mais jugent leur mise en pratique difficile par manque de ressources. Aussi n’ont-elles pas donné les changements attendus.

C’est d’abord lié au cadre délimitant le travail de l’enseignant. Le travail collaboratif n’y apparait pas, sauf dans le fondamental. À part les tuyaux de chauffage, rien ne relie les classes. Dans les écoles, seuls ou en équipe, les enseignants innovent beaucoup mais l’impact reste local. Chacun agit dans son aquarium avec peu de vision globale.

Au-delà des aspects administratifs, le plan de pilotage mobilise des logiques professionnelle et collaborative. Il vise des résultats réformants, à l’aide d’outils de régulation et d’accompagnement (formation, conseil pédagogique...). Le défi est de créer une dynamique participative locale et de coordonner les acteurs intermédiaires pour faire bouger le système global.

À quelles conditions ?
Tout d’abord que les acteurs s’en approprient. Pour cela, il faut remettre de la confiance dans le système éducatif. C’est possible en développant un sentiment de compétence des équipes et un soutien institutionnel dans les écoles. Tout dépend de la légitimité et de la fiabilité à long terme des acteurs : collègues, direction, PO, DCO/DZ, inspection, conseillers, administration, ministre...

Un côté du plan de pilotage fait peur : l’évaluation par les pairs. Or, elle est déjà omniprésente, de façon implicite. Ici, les règles du jeu sont explicites. Cela devrait plutôt réengager la confiance. Attention, à Chicago (USA) et en Angleterre, les équipes sont soumises à une évaluation forte et à des sanctions directes. Le risque humain de déprofessionnaliser est important. Évaluer, c’est avant tout faire le point pour ajuster les actions et les valoriser.

Partir d’indicateurs objectivables pour aboutir à une planification d’actions concrètes pour l’école ne se réduit pas à remplir des formulaires ni à appliquer des recettes. Un système canadien de gouvernance du même type a abouti à l’appel à des consultants privés qui contournent les services scolaires. Le risque ? La perte de sens.

Enfin, il faut l’adhésion des enseignants. Ils sont très sensibles à ce qui marche et ce qui est bon pour l’élève. Moins au côté institutionnel. Ainsi, ils adhèrent peut-être plus au plan de pilotage qu’au Pacte.

Propos recueillis par
Patrick DELMÉE