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Magazine PROF n°18

 

Dossier Cours philosophiques : à la croisée des chemins

La philo au quotidien

Article publié le 01 / 06 / 2013.

Sur le terrain, des professeurs de cours philosophiques collaborent. Et notamment sur la philosophie. Un exemple à l’Athénée royal de Huy.

Laurent Deroo enseigne la morale dans le secondaire supérieur de transition. En mai, dans le cadre d’une journée « citoyenneté », il organisait avec Julien Bohet, son collègue de religion protestante, des ateliers philosophiques, pour tous les élèves de 5e générale de l’Athénée royal de Huy, toutes options et choix philosophiques confondus.

« Nous avons invité quatre intervenants, inscrits un peu ou tout à fait en-dehors du cadre scolaire. Deux doctorants et une future agrégée en philosophie firent des exposés sur les liens entre philosophie et citoyenneté. Le professeur de religion protestante, qui a une plus petite classe et moins d’heures chez nous, initiait à la communauté de recherche philosophique (CRP), une pratique de la philosophie qui fait intervenir les élèves telle que l’envisagent Matthew Lipman et Michel Sasseville ». À un moment, certains élèves ont interpellé l’un des intervenants pour manifester leur enthousiasme envers la philosophie et déclarer avoir été bousculés dans leur façon de penser ou se sentir frustrés : « Mission réussie ! »

En-dehors de cette journée, M. Deroo collabore à d’autres niveaux avec son collègue, plus particulièrement sur la CRP. Ils se rencontrent pour réfléchir à de nouvelles façons de pratiquer la philosophie et d’appliquer des « habiletés de penser » : « M. Sasseville en décrit plus de deux cents. Elles vont d’écouter à examiner l’envers d’une position en passant par la reformulation. Grosso modo, on y retrouve les compétences des cours philosophiques » (1).

Dès que les rares occasions se présentent – leurs horaires sont éclatés entre plusieurs écoles –, son collègue le seconde dans l’animation du cours de ses élèves de 4e. Cela leur permet d’évaluer ce qui a bien marché et d’imaginer comment améliorer la méthode. Et quand leurs horaires correspondent, ils cherchent à réaliser au quotidien des ateliers de CRP avec leurs deux classes.

Davantage délibérer que débattre

La lecture des grands textes, le dialogue avec les auteurs est une des façons de faire de la philo. « D’autres pratiques philosophiques, telles que la CRP, sont plus abordables avec les jeunes, car plus dynamiques, explique l’enseignant de morale non confessionnelle. Elles permettent de prendre conscience du mécanisme du penser, de celui des autres, de prendre du recul, d'écouter, de redonner un sens à la parole ».

Concrètement, dans un cercle qui inclut le professeur, le groupe fait émerger une question et tente de dévoiler une réponse de manière méthodique et rationnelle, en essayant de « délibérer » plutôt que de « débattre ». « La méthode est aussi importante que le contenu », commente M. Deroo. Animés par les questions du professeur, les élèves fondent leurs jugements et dépassent l’opinion, ou encore distinguent les différents aspects d’un même problème philosophique (ontologique, éthique, épistémologique…).

Mais pourquoi s’ouvrir ainsi à la philosophie ? « Elle aide les individus à devenir des citoyens, conclut M. Deroo, à assumer les devoirs qu'ils ont envers la cité dans le but de garantir les droits de chacun des concitoyens ; cela nécessite un énorme travail sur soi que nulle autre discipline ne permet aussi bien ».

(1) Selon M. Deroo, rien ne vaut une pratique en formation pour s’y initier. Il cite en plus l’œuvre de Matthew Lipman et un livre écrit par Michel Sasseville et Mathieu Gagone, Penser ensemble à l'école. Des outils pour l'observation d'une communauté de recherche philosophique en action, (2e éd., 2012, Les Presses de l’Université de Laval).