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Magazine PROF n°16

 

Dossier Esprit d'entreprendre es-tu là?

« Je suis un peu leur mauvaise conscience »

Article publié le 01 / 12 / 2012.

Bien implantées dans l’enseignement secondaire général et qualifiant, les mini-entreprises offrent à des enseignants l’occasion de développer aussi chez leurs élèves des compétences transversales.

Réunion de travail de Wipe - pour With imagine people enjoy -, la mini-entreprises mise sur les rails cette année par les onze élèves de 6e option sciences économiques, au Collège Notre-Dame de Bellevue, à Dinant. « Avez-vous bien calculé le prix de vente de vos produits en tenant compte de vos heures de travail ? Avez-vous terminé l’étude de marché ? Qu’avez-vous inscrit à l’ordre du jour de l’assemblée générale qui réunira vos actionnaires dans moins de trois semaines ? », insiste Laurence Bauduin, professeure d’économie.

Cette enseignante propose chaque année à ses élèves de créer durant deux trimestres une entreprise à échelle réduite calquée sur le modèle d’une société coopérative. Se répartissant les rôles, les jeunes entrepreneurs choisissent un produit, calculent prix de vente, de revient,… apprennent les techniques de vente, de promotion, paient les salaires, gèrent la comptabilité, calculent la TVA,…

« L’ASBL Les Jeunes Entreprises leur fournit divers outils (guide, logiciels comptables et administratifs, documents financiers,…), explique Mme Bauduin. Mais je consacre au projet une quinzaine d’heures de cours durant le premier trimestre. Essentiellement pour rappeler à ces ados les démarches à effectuer, les échéances. Je suis un peu leur mauvaise conscience. Puis progressivement, je les laisse voler de leurs propres ailes ».

Ce programme Mini-entreprises offre évidemment aux enseignants l’occasion de faire coller la réalité de terrain à la théorie. « Je m’adapte aux besoins des élèves, explique Roseline Langlet, professeure de cours commerciaux en 7e professionnelle gestion de très petites entreprises (GTPE) à l’Institut provincial d’enseignement secondaire, à Wavre. Par exemple en expliquant le concept de seuil de rentabilité au cours de commerce avant la première assemblée générale des actionnaires de la mini-entreprise ».

Coiffer la casquette de responsable

Pour les deux enseignantes, l’expérience permet de développer bien des compétences transversales. « Mes élèves apprennent à respecter des échéances, précise Mme Langlet. Ils m’ont demandé de les aider à mieux communiquer et à assumer un certain leadership, chacun dans leur département, Pas facile pour eux de sortir de leur rôle individuel en classe pour coiffer la casquette de responsable au service d’intérêts collectifs ».

À Dinant, l’expérience s’inscrit dans le cadre du travail de fin d’études de chaque élève. « J’évalue le dossier remis, mais également la prise de décision, de responsabilités et de parole, ou encore la participation et les stratégies mises en place, détaille Mme Bauduin. Au terme de l’expérience, certains élèves réorientent leur choix de formation : au lieu des sciences économiques, ils optent vers le marketing ou… changent leur fusil d’épaule ».

C. M.

D’autres outils de mesure

Pierre Pirard, enseignant, ex-grand cadre international, est aussi l’auteur du livre Vous n’êtes pas des élèves de merde (1). Témoignage.

« Je dis à mes élèves qui sortent de 7e professionnelle gestion de très petite entreprise (GTPE) avec un diplôme de gestion : Prenez le temps de travailler pour un patron, de bien comprendre comment fonctionne une entreprise avant de vous lancer. C’est indispensable quand on voit le nombre de faillites enregistrées chaque mois en Belgique ; la moyenne d’âge où l’on crée une entreprise y est d’ailleurs de 42 ans ».

« D’une manière plus large, je suis convaincu qu’il faut prendre davantage en compte à l’école, notamment dans l’évaluation des élèves, cinq qualités qui caractérisent l’esprit d’entreprendre : la créativité, l’engagement, l’autonomie, la persévérance et la prise de responsabilités. Ces qualités-là aideront les jeunes à réussir leur vie professionnelle, quelle qu’elle soit. Par exemple, un professeur de néerlandais ne pourrait-il pas donner de l’importance, dans l’évaluation d’un élève, au fait qu’il a pris l’initiative de proposer à l’ensemble de la classe d’aller voir une pièce de théâtre dans cette langue ? »

(1) Paru aux Éditions de l’Arbre.