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Dossier Réussir dans le supérieur

Centrer sur le vécu n’exclut pas le contenu

Article publié le 01 / 03 / 2009.

La réussite, c’est aussi l’affaire des enseignants. Adepte de la pédagogie interactive, Jean-Philippe Delleuze ancre ses cours dans la réalité professionnelle visée par la formation : il met ses étudiants en situation réelle pour faciliter l’apprentissage des notions théoriques.

Maitre assistant à la HEPCUT, Jean- Philippe Delleuze y enseigne notamment la communication sociale ainsi que les techniques de gestion de groupe et d’expression orale dans les sections Éducateurs spécialisés et Instituteurs primaires. Pour ce praticien en formation constante, donner cours est l’aboutissement agréable d’un long travail effectué en amont.

PROF : Votre méthode privilégiée, c’est la mise en situation pratique, ou pédagogie interactive. Comment cela se passe-t-il concrètement ?
Jean-Philippe Delleuze :
Il s’agit d’une approche interactive centrée sur le vécu ou l’expérience en stage des étudiants. Je les mets en situation professionnelle. Par exemple : J., 15 ans, en fugue depuis deux semaines, se présente au foyer X. L’équipe éducative écoute et analyse sa demande. M., 8 ans, a de mauvaises notes depuis quelques semaines. Inquiet, son instituteur l’interpelle pendant la récréation. Elle se confie à lui : « Mes parents se disputent tous les soirs et vont se séparer ». Les étudiants mènent ensuite un entretien basé sur des techniques et outils enseignés au cours.

Pas de cours frontaux ?
Les cours reposent sur l’alternance de courtes interventions théoriques et d’exercices pratiques au cours desquels chacun a la possibilité d’appliquer et de vérifier les notions que j’ai exposées. Tous mes cours fonctionnent sur le même canevas. Il arrive que j’illustre certains points par des extraits de films ou de documentaires, voire de séries télé.

Un syllabus et la lecture d’un ouvrage de référence complètent le cours, et chaque volet se clôt par une série d’exercices à réaliser à domicile.

Votre credo, c’est qu’un enseignant doit partir du terrain pour expliquer des notions théoriques ?
Je donne cours à de futurs instituteurs. Le fait d’avoir commencé ma carrière dans l’enseignement primaire m’a vraiment aidé quand je suis entré à l’École normale. Je me suis nourri de cette expérience pour préparer mes cours. Chaque fois, je rencontre des professionnels afin que mes objectifs soient en adéquation avec la réalité de terrain. Les mises en situation partent des réalités professionnelles et du vécu des étudiants.

Peut-on envisager cette pédagogie interactive pour tous les cours ?
J’utilisais cette méthode lorsque je donnais un cours de législation sociale, en 1re et en 3e « éducateurs spécialisés », que certains pourraient considérer comme un cours typiquement ex cathedra. Prenons l’exemple du décret sur l’Aide à la jeunesse. Chacun de ses points essentiels avait fait l’objet d’une mise en situation pratique, construite avec l’aide de gradués des Services de protection judiciaire et d’aide à la jeunesse. J’y ai rencontré une juge de la jeunesse, un avocat, des gens du SPJ et du SAJ, et j’y ai même suivi une formation destinée au personnel. Le but était de comprendre comment le décret était appliqué sur le terrain. Il était alors facile de créer une leçon partant de situations concrètes.

Développer le quotient émotionnel

Ne craignez-vous pas de passer à côté du développement « intellectuel » de vos étudiants ?
Mes cours développent tout autant le quotient intellectuel qu’émotionnel des étudiants. La mise en place d’une pédagogie centrée sur le vécu ou sur la pratique professionnelle n’exclut pas le contenu.

Comment se passent les examens ?
Si les étudiants se contentent d’étudier le syllabus par coeur, ils auront un tiers des points. Il faut aussi l’expliquer et trouver des exemples liés à leur vie professionnelle en stage.

Que faudrait-il selon vous pour améliorer la qualité des enseignements dans le supérieur ?
Je souhaite qu’un budget soit dégagé pour la formation continuée. Par ailleurs, j’aimerais qu’on offre aux professeurs la possibilité de retourner sur le terrain tous les quatre ou cinq ans. Non parce que l’herbe y est plus verte, mais pour en revenir enrichi de nouvelles expériences. Cela devrait être accessible et suggéré, mais je pense que le changement ne passe pas par la contrainte. On n’obtient rien par la contrainte…

Propos recueillis par
Étienne GENETTE