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Magazine PROF n°1

 

Dossier Le sport à l'école

Faut-il doubler les heures d’éducation physique ?

Article publié le 01 / 03 / 2009.

Doper le sport à l’école gonflera-t-il le palmarès national aux JO de Londres en 2012 ? L’enseignement a-t-il pour mission de former notre élite sportive ? Le premier enjeu, c’est la santé des jeunes.

Attention, message brouillé. Alors que des voix s’élèvent périodiquement pour réclamer de l’enseignement obligatoire qu’il prépare nos futurs athlètes, les enseignants en éducation physique ont reçu pour objectif « l’amélioration de la santé, de la sécurité, de l’expression et de la culture motrice et sportive, finalités premières de l’éducation physique » (1).

Le « prof de gym » n’échappe pas au discours d’une société assoiffée de performances. Mais au contraire de ses collègues, qui peuvent fixer à leurs élèves des normes minimales à atteindre, il doit constamment se rappeler que « les niveaux à atteindre » ne peuvent « être définis de façon normative » et que « le degré de maîtrise des compétences pourra être différent ».

En clair, même s’il est invité à se dépasser – « la progression sera exigée de la part de tous les élèves » –, l’enfant est évalué par rapport à lui-même. Avec en ligne de mire que chaque élève apprenne « à connaître son corps, appréhender et accepter ses limites, le protéger ».

Avant de former des élites, l’école se donne donc clairement pour mission d’amener chacun à une bonne condition physique. Mais le peut-elle, avec deux périodes de psychomotricité puis d’éducation physique par semaine ? Jacqueline Vandenberg, inspectrice honoraire : « Sur 50 minutes, les bons profs en arrachent 25 pour les activités physiques. Comment voulez-vous préparer un enfant pour le haut niveau ? Et garantir l’équilibre de la santé ? On n’est pas au minimum requis par l’Organisation mondiale de la santé… » À titre de comparaison, la Flandre et les Pays-Bas comptent eux aussi deux périodes, la France trois, et la moyenne européenne avoisine les 120 minutes. Chez nous, certains élèves du secondaire peuvent tout de même avoir jusqu’à onze heures d’éducation physique.

99,8% des jeunes

Gérard Legrand, inspecteur coordonnateur du fondamental positive : « L’éducation physique touche 99,8 % des jeunes. C’est le seul endroit où l’on retrouve tous les élèves, encadrés par des professionnels ».

Depuis janvier 2008 et le nouveau décret Inspection, l’inspection du cours dans le fondamental est réalisée par des professionnels de l’éducation physique. Cela revalorise une discipline qui en a besoin et permet de donner des impulsions, par exemple en termes de collaboration transversale.

Ce n’est pas la seule initiative en ce sens. Depuis longtemps, les fédérations parascolaires (lire « Nous sommes des dinosaures ») et l’Adeps organisent quantité d’activités dynamisant la pratique sportive : championnats, journées de découverte d’un sport, ou encore le programme Clés pour la forme, dont la revue éponyme a cessé de paraître. Le gouvernement de la Communauté française a lancé une « politique de promotion des attitudes saines sur les plans alimentaire et physique », dont la vitrine est le site http://www.mangerbouger.be. Sans oublier bien entendu les enseignants eux-mêmes à l’origine d’une foule d’animations.

Faut-il aller plus loin ? Deux heures garantissent-elles la bonne santé des enfants ? Y compris de ceux qui ne font pas de sport hors école ? Dans leur Baromètre de la condition physique, Thierry Marique et Christian Heyters constatent chez les 10-18 ans qu’entre 1994 et 2004, « de nombreux indicateurs montrent une évolution négative dans la morphologie et de manière plus marquée dans des qualités physiques particulièrement sensibles à l’exercice physique et à la pratique sportive » (2). Avant de passer éventuellement à la vitesse supérieure, la Communauté française a lancé voici cinq ans une expérience de doublement des heures d’éducation physique, de la 3e à la 5e primaire, dans une dizaine d’écoles pilotes. L’étude universitaire qui la suit encore un an devrait apporter des réponses fin 2009.

Et à ceux qui estiment qu’on ne peut doubler les heures sans nouvelles infrastructures, une étude de Marc Cloes, professeur au département des Sciences de la motricité, à l’Université de Liège, semble indiquer que les écoles ont des infrastructures en suffisance.

Mais sans doute faudrait-il aussi travailler l’image de la gym. Pour Jacqueline Vandenberg, « il y a un déficit d’image au sein de l’équipe pédagogique ». Le peu de cas que font certains élèves et parents de ce « cours-récréation » est évidemment préjudiciable. Si cette image d’Épinal n’est pas une fatalité, il convient de s’y attaquer si l’on ne veut pas manquer d’enseignants motivés ! Comme il convient de lutter contre les certificats médicaux de complaisance, même s’ils restent marginaux. Alors, davantage de sport à l’école ? Peutêtre, mais en fixant à l’enseignement et aux équipes pédagogiques un message clair sur les objectifs qui leur sont assignés…

Patrick DELMÉE

(1) http://www.enseignement.be, > Pédagogie > Référentiels de base.
(2) Analyse de la condition physique des jeunes de 10 à 18 ans en Communauté française, 2e rapport, 2004, Ministère de la Communauté française. Résumé dans la brochure Clés pour la forme (http://www.sport-adeps.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=7f6d131198e1c7b0e736d3a633bba6acf117bc06&file=fileadmin/sites/adeps/upload/adeps_super_editor/adeps_editor/documents/Benji/Cle_Forme_revue/Cles_Forme_7.pdf).

Points de vue

Pénurie ?

Parmi les étudiants en éducation physique, « peu sont inscrits en agrégation, observe Jacques Duchâteau, professeur à l’Université libre de Bruxelles. Beaucoup sont sollicités par d’autres fonctions, dans les fédérations, dans les clubs sportifs, dans la préparation physique de sportifs, ou dans la représentation médicale… »

À l’Université catholique de Louvain, « nous diplômons suffisamment d’agrégés pour alimenter l’enseignement, estime pour sa part Ghislain Carlier, responsable de l’agrégation. Mais l’accès pour les débutants est un parcours du combattant. Il faudrait une revalorisation barémique et un accompagnement des professeurs novices ».

Pour Philippe Noyer, professeur d’éducation physique à l’Athénée royal Paul Delvaux, à Ottignies, « le job est difficile. Physiquement. À cela s’ajoute la gestion de la discipline, surtout lorsqu’il y a des grands groupes de classe ». Et ça, les futurs licenciés en éducation physique le savent pertinemment bien, au-delà des clichés sur le prof de gym…

Mens sana…

… in corpore sano. Sport ou études ? Bien sûr que non ! Sport ET études ! Philippe Godin, professeur de psychologie du sport à l’Université catholique de Louvain, assure que la pratique sportive développe des qualités nécessaires aux études.

Faire du sport améliore la capacité à gérer son temps, renforce la confiance en soi et la résistance au stress, influence positivement la santé et le sommeil. Autant d’atouts qui contribuent à une bonne activité intellectuelle.

En outre, le sport collectif améliore les capacités relationnelles et sociales, ce qui rejaillit sur les capacités psychologiques et favorise la motivation des étudiants. Et quand on en connait l’importance sur la réussite scolaire…

Partant de ce constat, des voix s’élèvent régulièrement pour imposer davantage d’éducation physique à l’école. Sans effet ? « On constate une indifférence générale à l’égard du sport, comme de l’enseignement et du secteur non-marchand, estime Philippe Godin. Dans dix ans, nous aurons rejoint les États-Unis sur le podium de l’obésité, pronostique-t-il. Notre société n’est pas sportive du tout. Il n’y a pas de culture sportive en Belgique ».

Gueule de bois

Au lendemain des JO de Pékin, le sport belge avait la gueule de bois. D’avoir fêté les médailles du saut en hauteur et du 4 x 100 m féminins. Mais aussi face à la piètre récolte de médailles. Entraîneur du 4 x 400 m masculin, détenteur d’un nouveau record de Belgique, Jacques Borlée se désole : « On entend beaucoup parler de la crise financière ces dernières semaines, mais je peux vous assurer que la crise du sport à l’école est tout aussi importante. L’excellence ? Le système belgobelge empêche de l’atteindre. Beaucoup de jeunes voudraient toucher l’excellence et se maintenir au top niveau, mais ce n’est pas possible en Belgique. Il faudrait huit heures de sport hebdomadaires », estimait M. Borlée, interrogé par un quotidien.

En divisant les dépenses de personnel enseignant inscrites au budget 2009 de la Communauté française par la moyenne d’heures hebdomadaires, on peut estimer qu’il faudrait environ 51 millions € pour ajouter une heure d’éducation physique en primaire et maternel, 60 millions € en secondaire, et 12 millions € dans le spécialisé. Soit 123 millions € l’heure, et 246 pour deux heures…

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