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Magazine PROF n°12

 

Dossier Compétition ou coopération ?

La remédiation, l’affaire de tous, et à l’école

Article publié le 01 / 12 / 2011.

Quelles pratiques en vue de réduire l’échec scolaire ? La Fondation Roi Baudouin a dévoilé fin octobre les résultats du travail mené durant un an avec 48 écoles secondaires, à propos de la remédiation. Stimulant

Le mercredi 26 octobre 2011, plus de trois-cents directeurs, enseignants ou autres professionnels de l’enseignement, rejoints par la ministre de l’Enseignement obligatoire et par plusieurs députés communautaires, ont assisté au séminaire de la Fondation Roi Baudouin sur « la remédiation scolaire en Fédération Wallonie-Bruxelles. Quelles pratiques en vue de réduire l’échec scolaire ? » Il s’agissait de rendre compte du travail mené sur le sujet durant un an avec quarante-huit établissements scolaires sélectionnés parmi quatre-vingts candidatures.

La Fondation Roi Baudouin, avec l’aide de Changements pour l’Égalité, a mené un travail qui a pu définir les contours d’une remédiation efficace.
La Fondation Roi Baudouin, avec l’aide de Changements pour l’Égalité, a mené un travail qui a pu définir les contours d’une remédiation efficace.
© Frank Toussaint

Directrice à la Fondation Roi Baudouin, Françoise Pissart a rappelé que dès 2009, le « Réseau d’écoute des injustices sociales », actif au sein de la Fondation, avait alerté cette dernière sur la multiplication des réponses extérieures à l’école en matière de remédiation. Une dérive porteuse d’exclusion sociale, puisqu’une part importante de cette offre extérieure se monnaie, parfois très cher. Une note d’analyse et une table ronde plus tard, la Fondation remarquait que ses préoccupations rejoignaient celles qu’émettait un rapport du Service général d’Inspection. En janvier 2010, celui-ci mettait l’accent sur la nécessité de rencontres entre enseignants plutôt que sur des actions de sensibilisation théorique.

La Fondation a donc embrayé, organisant un programme d’intervision destiné aux écoles secondaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles, avec un double objectif : identifier les pratiques susceptibles de réduire l’échec scolaire et les inégalités ; et construire collectivement une meilleure vision de la remédiation scolaire, accompagnée de recommandations. L’animation de ce processus a été confiée au mouvement sociopédagogique Changements pour l’égalité (CGé), qui a ainsi conduit six fois trois journées de rencontres auxquelles ont pris part chaque fois deux représentants des écoles sélectionnées parmi plus de quatre-vingts candidatures. Un processus similaire a été mené en Flandre par la Fondation Roi Baudouin. Le séminaire qui en rendra compte aura lieu à Malines ce 25 novembre.

Fin octobre, à Namur, donc, quatre témoins sont venus expliquer à la tribune du Palais des Congrès les grandes lignes des dispositifs à l’oeuvre dans leurs écoles : Jacques Malisoux (Institut Saint-Roch, à Marche-en-Famenne), Alain Delabie (Institut technique Saint-Vincent, à Soignies), Roland Lambeau (Athénée Paul Delvaux, à Louvain-la-Neuve) et Brigitte Grégoire (Institut des Ursulines, à Bruxelles). Une façon de mettre en avant la grande diversité des pratiques, mais aussi des situations dans lesquelles elles se sont développées. Et une manière d’insister sur la constante évolution de ces dispositifs, à la fois affinés sur le plan pédagogique et recalibrés en fonction des moyens disponibles, qui fluctuent en fonction du fameux NTPP…

Les conditions de l’efficacité

Avant ces témoignages, la ministre de l’Enseignement obligatoire avait insisté sur la nécessité de « se battre pour l’hétérogénéité des classes, pour une école inclusive et pour l’intégration de tous les enfants », affirmant que ce « changement vers une école plus coopérative débouchera sur un changement de société ». Pour la ministre, « les différences entre élèves, mais aussi les différences de bagage social, culturel, familial, avec lequel les enfants arrivent à l’école, affectent les destins scolaires ». Les codes implicites de l’école n’étant pas maitrisés par tous les enfants, Mme Simonet invite à développer « une autre forme de professionnalisme que celui qui a prévalu lors de l’instauration d’une école méritocratique créée par les classes moyennes ». Ceci étant, pour la ministre, il ne suffit pas de dire « Faites de la remédiation immédiate » : encore faut-il définir les contours d’une remédiation efficace…

C’est ce qu’ont fait les équipes engagées dans le processus de la Fondation Roi Baudouin qui a donné lieu à un rapport téléchargeable (1). Outre la description des dispositifs mis en place dans les quarante-huit écoles, on y définit « ce que la remédiation ne doit pas ou ne devrait pas être » : la répétition de ce qui a été fait en classe, une sanction, un dispositif extérieur à l’école et/ou payant…

Selon cette synthèse, une remédiation est efficace :
- quand elle est reprise dans le projet d’établissement (avec implication de la direction) ;
- quand tous les enseignants en partagent la même vision ;
- quand elle est institutionnalisée dans le long terme, avec un réel statut du professeur remédiant, et des heures NTPP prévues à cet effet ;
- quand tous les acteurs impliqués collaborent ;
- quand elle est coordonnée et que l’information circule ;
- quand elle est prise en charge par des enseignants motivés, formés et expérimentés ;
- quand elle est organisée dans la grille-horaire de l’élève ;
- quand elle repose sur un diagnostic précis dont découlent des objectifs clairs pour l’élève ;
- quand on y pratique des méthodes pédagogiques variées et multiples ;
- quand elle est évaluée.

Fin octobre, à Namur, directeurs ou enseignants ont évoqué les dispositifs de 4 des 48 écoles secondaires ayant participé au travail mené durant un an sur la remédiation.
Fin octobre, à Namur, directeurs ou enseignants ont évoqué les dispositifs de 4 des 48 écoles secondaires ayant participé au travail mené durant un an sur la remédiation.
© PROF/FWB

Une série de recommandations

La synthèse de ces travaux se conclut par une série de recommandations, adressées aux enseignants, aux directions d’école, et aux pouvoirs politiques. Aux premiers, on rappelle notamment avec insistance que la remédiation est avant tout l’affaire du professeur titulaire du cours, et que l’erreur fait partie du processus d’apprentissage. Les directions sont invitées, entre autres, à inscrire durablement la remédiation dans le projet d’établissement ; à l’inscrire dans l’horaire des enseignants et des élèves ; à désigner un coordinateur ; à lui faire une place lors des conseils de classe ; à y impliquer tous les acteurs (y compris les logopèdes, CPMS,…). Enfin, les responsables politiques sont invités à permettre la désignation dans chaque école d’un référent spécialisé en méthode de travail/remédiation, et à stabiliser les moyens NTPP afin que l’école ne soit plus amenée à bricoler des solutions de fortune.

(1) https://www.kbs-frb.be/fr/Virtual-Library/2011/295144.
Lire aussi à ce sujet le troisième numéro de Focus, revue de la Fondation,
https://www.kbs-frb.be/fr/Virtual-Library/2011/295140