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Magazine PROF n°48

 

L'acteur 

Le FLA, un coup de pouce pour maitriser les mots de l’école

Article publié le 04 / 12 / 2020.

Institutrices primaires, Gaétane Verwilghen et Maïlys Brouillard consacrent une partie de leur horaire à des heures de « français langue d’apprentissage ».

Après des études en communication, Gaétane Verwilghen a suivi une formation d’institutrice primaire. Titulaire durant quatre ans d’une 3e et 4e primaires, elle travaille depuis septembre à l’école fondamentale de l’Institut de l’Assomption, établie sur deux implantations, à Watermael-Boitsfort.

Elle y consacre 15 de ses 24 périodes au FLA (pour français langue d’apprentissage) qui concerne les enfants de la 2e maternelle à la 6e primaire. « Nous sommes quatre à nous charger des périodes FLA : trois temps pleins et un mi-temps. On donne toutes les quatre un certain nombre d’heures de FLA », précisent notre interlocutrice et sa collègue Maïlys Brouillard, en charge de 8 périodes FLA.

Depuis septembre 2019 et la mise en œuvre du décret relatif au FLA (1), tout élève de l’enseignement fondamental considéré comme francophone vulnérable bénéficie d’un encadrement complémentaire de 0,4 période pendant 24 mois, de même que l’élève primo-arrivant ou assimilé au primo-arrivant (2).

PROF : Comment s’organisent ces périodes de français langue d’apprentissage ?
Gaétane Verwilghen :
Il y a différents profils d’élèves. Les primo-arrivants sont d’office pris en compte pour les périodes FLA. Il y a aussi les enfants qui ne parlent pas français à la maison ou parlent plusieurs langues. D’autres ont simplement des difficultés d’apprentissage, leur français étant un peu plus faible, même s’ils le parlent à la maison. On leur fait passer un test, en septembre.

Les tests sont établis par la Fédération Wallonie-Bruxelles, pour chaque cycle de deux années (3). Ils visent à voir si l’enfant maitrise bien la langue orale, l’écoute ; et s’il a aussi un sens de la chronologie. En 2e maternelle, par exemple, une des épreuves consiste à raconter une histoire dans un ordre chronologique. À partir de la 3e primaire, il y a aussi du français écrit, et de la lecture. Les quatre compétences de français sont donc évaluées pour les plus grands, l’écoute et la parole chez les plus petits.

Les élèves « FLA » sont regroupés dans une même classe ? Pour toute l’année ?
Maïlys Brouillard : Ils sont dans leurs classes respectives, avec les autres élèves. Il y a deux-trois élèves FLA dans chaque classe, et soit on va dans la classe, soit on les prend en-dehors de la classe, selon ce qu’on fait avec eux.
G. V. : L’objectif est de travailler la même chose que le titulaire. Soit on est là en soutien en classe et on se focalise sur ces enfants-là. Ce sont ceux-là qu’on va aider mais on voit la même chose que les autres enfants, sauf qu’on les fait davantage verbaliser, formuler leur pensée… Soit on va dans un autre local avec uniquement ces enfants-là et on voit la même matière que le groupe-classe. Là aussi, on verbalise davantage ; on les invite à se justifier, à utiliser les mots justes ; on les reprend au niveau du français si nécessaire.

Il ne s’agit donc pas de voir toute la matière d’une autre façon…
G. V. :
Non, non. Le but n’est pas qu’il y ait un décalage entre ce qui est vu en classe et ce que nous faisons. Ce n’est pas de la remédiation.

Vos objectifs, à l’égard de ces élèves ?
G. V. :
C’est un coup de pouce, au niveau de l’apprentissage du français, de la compréhension des consignes, de l’utilisation du vocabulaire adéquat de tous les mots de l’école qui ne sont pas toujours clairs ou clairement compris par l’enfant. C’est un coup de pouce, pour l’aider dans l’apprentissage. Ce n’est pas du français langue étrangère, non plus…

Et les résultats ?
G. V. :
On n’a pas encore d’indication sur l’évaluation du dispositif après deux années, mais ce que j’ai remarqué l’année dernière en tant que titulaire, c’est que les enfants suivis pour le FLA avaient fait des bonds impressionnants.

C’était vraiment chouette parce que si je travaillais, par exemple, une synthèse sur les quadrilatères en classe, la personne chargée du FLA faisait la même chose – sauf qu’elle les faisait verbaliser – et ils connaissaient les termes égaux, isométriques, de même longueur. Ils avaient bien compris que ce sont des synonymes.

Ça aurait été plus compliqué avec 20-25 élèves de vérifier que ces enfants-là avaient bien compris le sens de tous les mots. Du coup ils faisaient des phrases complètes, des phrases négatives bien formées, posaient des questions… On voyait que leur niveau de vocabulaire en français avait bien progressé, en lien avec ce qu’on voyait à l’école.

Gaétane Verwilghen et Maïlys Brouillard consacrent une partie de leur horaire aux périodes de « français langue d’apprentissage ».
Gaétane Verwilghen et Maïlys Brouillard consacrent une partie de leur horaire aux périodes de « français langue d’apprentissage ».
© PROF/FWB

En si peu de temps ?
G. V. :
Je trouvais que c’était vraiment impressionnant. En petit groupe, on peut directement pallier, corriger si besoin… S’il y a une erreur de formulation, on reformule avec l’élève et on lui demande de reformuler ensuite. Petit à petit, ça devient un réflexe pour lui.

Aviez-vous déjà imaginé donner ce type de cours ?
G. V. :
Non, mais l’année passée j’étais titulaire et la personne qui venait faire le FLA avait été formée toute une année et venait plusieurs heures dans la classe. Ça m’a permis d’appréhender le FLA en ayant cette expérience. Du coup je savais de quoi il retournait.

Quels sont les obstacles les plus fréquents chez ces enfants ?
G. V. :
Avec les plus grands, il y a peu de vocabulaire, souvent. Sur un petit texte de cinq lignes, il y a 3-4 mots qu’ils ne comprennent pas. Du coup, la compréhension du texte devient compliquée. Ça c’est vraiment un frein. En général, les plus grands connaissent plutôt bien les mots relatifs aux consignes (comparer, ranger, classer…). Chez les plus petits, ce sont plutôt les consignes qu’il faut travailler.

M. B. : Il arrive souvent qu’ils aient des difficultés de formulation. On les aide à reformuler…

G. V. : Il y a aussi beaucoup de confusion à propos des mots tels que dessus, dessous…qui changent le sens de la phrase.

Les périodes FLA changent-elles votre façon de faire pour les autres périodes ?
M. B. :
Je trouve intéressant de faire les deux. C’est très différent, mais effectivement on peut réutiliser des façons de faire du FLA dans les autres cours.

Comment voyez-vous ces périodes FLA dans votre pratique ? Comme une corde de plus ?
G. V. :
Moi j’aime bien. Je donne du FLA dans quasiment toutes les années, sauf en 1re et 2e primaire, où c’est plutôt Maïlys qui le fait, et j’ai l’impression que ça fait du lien au sein de l’école.

C’est facile de trouver des méthodes, des pratiques à recommander en FLA ?
G. V. :
Pour ma part, c’est plutôt des conseils de collègues, des échanges… Il y a pas mal d’entraide parce que finalement il y a beaucoup d’enseignants qui donnent le FLA. On attend aussi la formation, parce que toutes n’ont pas pu se faire l’année dernière.

Un mot pour décrire le plaisir de donner ces périodes ?
G. V. :
Le partage. Avec les enfants et les autres enseignants. Toute la journée, j’ai l’impression de partager des choses, et de recevoir beaucoup.
M. B. : Le lien qu’on crée avec les élèves…

Et un frein ?
G. V. et M. B. : Le corona… 

Propos recueillis par
Didier CATTEAU

(1) Décret visant à l’accueil, la scolarisation et l’accompagnement des élèves qui ne maîtrisent pas la langue de l’enseignement… www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_02.php ?ncda=46 275&referant=l01. Lire aussi notre article paru à ce sujet dans notre numéro de septembre 2019 : www.enseignement.be/index.php ?page=27 203&id=2859
(2)  Les explications dans la circulaire 7226.
(3) Ces outils d’évaluation sont disponibles via www.enseignement.be/index.php?page=23677&navi=117