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Magazine PROF n°2

 

Dossier Mythes et réalités de l’immersion

L’immersion au coeur des classes

Article publié le 01 / 06 / 2009.

L’immersion a permis à beaucoup d’écoles d’éviter la noyade et de prospérer. Un carburant qui ne suffit pas. Le projet doit être construit et réfléchi au sein des équipes éducatives.

Wim De Grieve, inspecteur de langues modernes dans le fondamental, l’explique : « Chaque projet est enfanté dans une douleur plus ou moins maitrisée. Les PO sont des généraux dans leurs QG, les enseignants des soldats qui vont au feu. Qu’ils soient associés ou non à la décision, ils vivent un choc qui les met face à l’incertitude ». Responsable des langues modernes à la Fédération de l’enseignement secondaire catholique (FESeC), Nicole Bya le répète : lancer un tel projet réclame certains ingrédients. Il faut une large concertation, un cahier des charges précis, une bonne information aux parents, un accompagnement pédagogique, une organisation du travail en équipe,… Et choisir le bon moment : par exemple celui où s’annoncent des départs à la retraite...

Baisy-Thy : une pause entre les apprentissages, le temps de confectionner un « kado voor Mama lief » .
Baisy-Thy : une pause entre les apprentissages, le temps de confectionner un « kado voor Mama lief » .
© PROF/FWB

Changement de taille : la méthode a obligé des enseignants, autrefois maitres à bord, à partager des classes et à travailler davantage en équipe. « Tous n’y sont pas prêts, explique Annie Bockstaele, directrice du fondamental à l’athénée de Jodoigne. Et une fois cette collaboration orchestrée, l’arrivée en cours d’année d’un enseignant francophone réaffecté peut tout remettre en question ». Jean Pirsoul, préfet, ajoute : « Nous veillons à ce que néerlandophones et francophones puissent travailler ensemble durant les heures de fourche. Un casse- tête au moment de la confection des horaires ! »

Autre défi : la formation des enseignants. « Les néerlandophones sont souvent très structurés, plus traditionnels », note Baudouin Branders, au gouvernail de l’École Jean-Paul II, à Perwez. Les programmes, très concrets, vont jusqu’à préciser le nombre d’heures à consacrer à une matière. Cela aboutit parfois à des couacs. « Avec l’inspecteur d’histoire, j’ai dû aller expliquer le programme à un enseignant dans un athénée liégeois, relate Manfred Dahmen, inspecteur de langues modernes. Et je dois souvent rappeler les bases du décret missions et les socles de compétences ».

Des outils, des stratégies à mettre en oeuvre

Les enseignants en immersion doivent aussi se créer des outils. Les manuels sont conçus pour des locuteurs natifs, et les programmes diffèrent. « Nous avons sollicité les maisons d’édition, explique Nicole Bya. En vain : le marché est bien trop restreint ! »

Alors les enseignants inventent, adaptent, rassemblent des outils (livres-cahiers, journaux, enregistrements d’émissions,…). Christof Laeremans, au Collège du Sacré- Coeur, à Charleroi, a créé un forum de discussion et d’échanges. Directions ou associations de directeurs envoient leurs enseignants se rencontrer ou se former, histoire d’échanger matériel et bonnes pratiques. Et l’Institut de Formation en cours de carrière (IFC) organise régulièrement des formations centrées sur l’Emile, acronyme d’Enseignement d’une Matière Intégré à une Langue Étrangère.

« L’idéal serait que les enseignants partagent des documents en ligne ou, s’ils trouvent un éditeur, introduisent une demande d’agrément auprès de la Commission d’agrément de la Communauté française (2), explique Robert Briquet, conseiller en immersion au cabinet du ministre de l’Enseignement. Les écoles pourraient ainsi les acquérir via le budget alloué par la Communauté française ».

« La méthode pousse à utiliser un grand nombre d’outils, à développer des stratégies, souligne Mary Chopey, de la FESeC. En cela, elle prend davantage en compte les intelligences multiples (linguistique, logico-mathématique, visuelle spatiale, kinesthésique,…), que l’enseignement traditionnel des langues. L’innovation fait peur, mais avec le recul, beaucoup d’écoles voient le bénéfice et se battent pour faire vivre le projet ».

Des changements d’aiguillage

L’immersion renforce aussi, en 1re secondaire, l’hétérogénéité des acquis linguistiques des élèves – un atout, parfois, car les plus forts peuvent épauler les faibles –, et elle bouscule les programmes. « Pour utiliser la ligne du temps en histoire, l’enseignante nous demande d’étudier en 1re le simple past tense, qui n’est au menu qu’en 2e », confie Caroline Dupont, professeur d’anglais à Saint-Louis, à Liège.

Et quid des élèves qui décrochent ? « Nous avançons au même rythme que la filière classique pour permettre les changements d’aiguillage, assure Anne-Michèle Lahaye, coordinatrice au Collège du Christ-Roi, à Ottignies. Car certains ne suivent pas le rythme ou saturent quand ils constatent qu’ils peuvent se débrouiller en néerlandais et supportent mal le supplément de travail que réclament les cours en immersion ». Un rapport des inspecteurs (NDLR : qui date de 2006) le précise d’ailleurs: l’engouement de départ cède parfois la place à une phase de stagnation où n’apparait plus la nécessité de corriger puisque l’outil de communication fonctionne bien. Et les fautes semblent figées au secondaire, où les cours de grammaire et de rattrapage ne sont pas au gout des élèves qui s’ennuient. Et renonceraient à l’immersion ? « On n’a pas de statistiques d’élèves quittant l’immersion et dont on perd la trace parce qu’ils partent ailleurs », regrette l’inspecteur Wim De Grieve.

 

Témoignages

Benjamin Renard, École communale d’Anvaing

« Je multiplie les gestes, les photos ; je renvoie les élèves au dictionnaire. Je ne traduis que… lorsqu’un enfant pleure. Déroutant de partager une classe, l’espace d’affichage, de se déplacer dans des locaux différents ! Et pas facile de trouver des romans en néerlandais pour les élèves : soit ils butent sur des termes difficiles, soit ils les trouvent bêtes ».

 

Anne-Michèle Lahaye, Collège du Christ-Roi, Ottignies

« Contrairement aux élèves des filières classiques, ceux des classes d’immersion avancent, se lancent, sans craindre de faire des erreurs. Ce rythme oblige les enseignants en langues à retravailler leurs cours. Certains ne le souhaitent pas ».

 

Claire Kopacz, Athénée Léonie de Waha, Liège

« L’immersion ? Tout sauf un fleuve tranquille ! Pionniers, en 1989, nous avons dû tout construire, suivre des stages linguistiques en Belgique et à l’étranger, en ramener manuels et documents. Et former chaque année les nouveaux enseignants. Certains ne convenaient pas, accrochés aux méthodes classiques… »

 

Lia Roberts, Lycée Sainte-Véronique, Liège

« Ma formation à l’enseignement en immersion (en français) dans les universités Regina (Colombie britannique), puis Laval (Québec), accompagnée de stages, m’ont donné des stratégies pour donner cours d’étude du milieu en anglais : utilisation de gestes, d’images, repérage des motsclés d’un texte,… »

 

Philippe Hennebert, École communale de Frasnes-lez-Anvaing

« Je gère l’école comme un directeur du secondaire ; pour chaque niveau, il y a au moins quatre enseignants. La pression des parents ? Retombée avec l’arrivée des premiers résultats du CEB. Nous leur recommandons de ne pas intervenir pour corriger l’accent ou la prononciation des enfants ».

 

Anne Jacobs, Collège du Christ-Roi, Ottignies

« Je cherchais un défi, j’avais envie de travailler autrement. Une expérience dans l’enseignement spécialisé m’a appris à me mettre au niveau des élèves. J’ai construit mes cours de biologie et de géographie en duo avec une enseignante du Collège du Sartay, à Embourg ».

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