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Magazine PROF n°28

 

Dossier 0-12 ans: éduquer, c'est aussi accueillir

Avant et après la classe

Article publié le 01 / 12 / 2015.

Dans certaines écoles, des moments de concertation réunissent les accueillantes, voire les accueillantes et l’équipe éducative. Concerter, coordonner, échanger des bonnes pratiques entre personnes ayant des missions différentes, c’est un des enjeux de la professionnalisation de l’encadrement des 0-12 ans.

Mardi, 13 h 30. La cour de récréation de l’école communale du Roton, à Charleroi, s’est dépeuplée. Pas de pause, pourtant, pour les surveillantes qui ont passé le relai aux enseignants.

La surveillance du temps de midi requiert un personnel important.
La surveillance du temps de midi requiert un personnel important.
© PROF/FWB/ Michel Vanden Eeckhoudt

Car jusqu’à 14 h 30, c’est le temps de concertation hebdomadaire qui réunit les dix-sept accueillantes, les directrices des sections maternelle et primaire de l’École communale fondamentale du Roton, à Charleroi, et Frédéric Ledoux, responsable du projet d’accueil au sein de la Cellule extrascolaire du département de l’Enseignement.

« C’est l’occasion d’échanger informations et expériences, idées et projets avec ces accueillantes engagées par la Ville », explique ce dernier. L’occasion, aussi, de souder l’équipe, d’évoquer les activités réalisées avec les enfants. Comme cette sensibilisation à la propreté qui a valu aux accueillantes de décrocher l’an dernier le Propy d’or, trophée décerné par la commission communale de l’environnement.

L’occasion de partager les difficultés aussi. « Pas toujours facile de s’occuper des enfants dans un contexte extérieur à la classe, témoigne Pascale Bollen, l’une des accueillantes, coiffeuse de formation, qui a suivi ensuite cent heures de formation ATL. Il faut sans cesse se déplacer, regarder partout, être vigilantes ».

150 implantations scolaires

Le décret Accueil Temps libre de 2003 (1) permet à des accueils extrascolaires d’être agrées et subventionnés par l’Office de la Naissance et de l’Enfance comme opérateurs de l’accueil extrascolaire pour les 2,5-12 ans au sein d’un programme Coordination locale pour l’enfance (CLE) élaboré par la ville ou la commune.

Comme bien d’autres, Charleroi s’est inscrite dans cette démarche. Elle organise l’accueil avant et après l’école, mais aussi sur le temps de midi (qui ne fait part partie du champ du décret) (2), dans toutes ses écoles communales, mais aussi dans la plupart des écoles libres et un athénée. Soit un total de cent-cinquante implantations maternelles et primaires.

Pour que le service soit agréé, les accueillantes non qualifiées doivent suivre une formation comportant des connaissances sur le développement global de l’enfant, la capacité de prendre en compte les parents, le rôle de l’accueillante en milieu d’accueil avec des connaissances sur la dimension interculturelle, les techniques d’animation, les premiers soins….

« Les personnes qui assuraient déjà l’accueil dans ces écoles avant le décret ont suivi cette formation obligatoire (cent heures). Actuellement, nous veillons à engager de nouvelles accueillantes possédant un des diplômes requis par l’ONE (puéricultrice, éducatrice,…), explique Cécile Laurent, coordinatrice de l’ATL. La surveillance du temps de midi nécessite  plus de 750 personnes. Un peu plus de 300 personnes ont un contrat équivalent à sept heures par semaine, souvent complété par un autre contrat au sein de la ville ou à l’extérieur ».

En binôme, si possible

À l’école communale du Roton, les accueillantes se relaient ou s’épaulent avant (dès 6 h 30) et après l’école (jusqu’à 18 h 30), mais aussi pour la surveillance des repas de midi (auxquels participent 95% des 530 élèves).

« Nous gérons l’organisation pratique de l’accueil, notamment des activités du mercredi après-midi et la répartition des lieux et des horaires des repas par année en maternelles, par cycles pour les élèves de primaires, précisent Laurence Quernec et Nathalie Evrard, directrices des sections maternelle et primaire. En essayant si possible de faire travailler les accueillantes en binôme pour faciliter les choses. Et nous devons assurer la formation continue des accueillantes durant leur temps de formation ».

L’école a-t-elle prévu des moments de concertation réunissant accueillantes et enseignants ? « Impossible car les horaires et les rôles sont très différents », souligne Mme Quernec. Mais en plus des contacts informels possibles entre accueillantes et enseignants, des outils ont été mis en place dans l’école pour faire circuler l’information. Comme ces cahiers de communication – où peuvent être exprimées, par exemple, des difficultés rencontrées avec un enfant durant le temps extrascolaire - remis aux directrices qui assureront ensuite le relai vers les enseignants.

Catherine MOREAU

(1) http://www.bit.ly/1SjzfA2
(2) La circulaire 5500 rappelle la règlementation pour la surveillance de midi dans les écoles fondamentales ordinaires et spécialisées, http://www.adm.cfwb.be

À chacun sa solution

Si certaines écoles, comme à Charleroi et à Ganshoren, ont adhéré au décret Accueil Temps libre, bon nombre de pouvoirs organisateurs (PO) et d’écoles organisent leur propre système d’accueil extrascolaire. Pour des raisons diverses. Cela peut être parce que la commune n’a pas mis en place de coordination locale pour l’accueil (le décret ATL n’est pas obligatoire). Mais aussi parce qu’y adhérer implique certaines règles en matière d’horaire, de taux d’encadrement, de tarification pour les parents, de formation initiale et continuée du personnel, d’adhésion à un projet pédagogique…

Cela entraine, sur le terrain, des situations très diverses. L’accueil extrascolaire est souvent assuré par des personnes au statut précaire (aide à l’emploi, programme de transition professionnelle). Il peut aussi s’agir d’employés engagés dans le cadre de CDD ou de CDI, sur fonds propres par le PO ou via des aides à l’emploi (APE, ACS…). Les écoles peuvent aussi sous-traiter avec des organisations spécialisées dans l’accueil extrascolaire, faire appel à des bénévoles, à des personnes (pré)pensionnées défrayées ou rémunérées.

« Le personnel de l’extrascolaire est encore trop souvent engagé sous des contrats précaires, à temps partiel et sans perspective de carrière, regrettent Anne-Marie Dieu et Dominique Rossion (1). Cette situation est peu favorable à un investissement personnel, une démarche de formation et une stabilisation dans la fonction ».

Les changements fréquents au sein des équipes peuvent s’expliquer par ces statuts, par le manque de formation et par des horaires disparates. Et ces derniers peuvent également limiter les possibilités de réunions et d’échanges même informels entre accueillants et entre accueillants et enseignants.

(1) OEJAJ, L’accueil Temps libre en Fédération Wallonie-Bruxelles. État des lieux, 2012 http://www.bit.ly/1XkyD3K

 

La vitrine des écoles

Au gouvernail de Nos bambins et Les Bruyères, deux écoles maternelles communales, à Ganshoren, Daisy Soukiassian, intègre les accueillantes extrascolaires, engagées par la Commune, au cœur de l’équipe éducative.

« J’ai coutume de leur dire qu’elles sont la vitrine de mes écoles, explique cette directrice. Ce sont les seules adultes référentes avec lesquels certains parents ont des contacts chaque jour en venant déposer et rechercher leur enfant ».

L’adhésion de la commune au décret Accueil Temps libre a amené les accueillantes en place à se former (cent heures) ; les dernières engagées sont des puéricultrices. « À divers moments de l’année, notamment avant la rentrée, je les invite à participer à la réunion de concertation avec les enseignants, poursuit la directrice. Je demande alors à quelques enseignants de l’autre école de venir s’occuper des enfants. C’est l’occasion de renforcer  les liens au sein de toute l’équipe ».

Ces liens se renforcent encore lorsque des accueillantes vont épauler des enseignants dans une classe, travaillant en binôme ou prenant en charge une partie des élèves. « Elles communiquent leurs remarques à l’enseignant, leur offrant parfois un autre regard sur un élève, conclut la directrice. Cela leur permet de compléter leur horaire, d’acquérir une plus grande confiance en elles et elles sont sans doute une aide précieuse pour les classes ».

C. M.