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Magazine PROF n°28

 

Dossier 0-12 ans: éduquer, c'est aussi accueillir

Améliorer l’accueil, c’est refondre la formation initiale

Article publié le 01 / 12 / 2015.

Hausser le niveau de formation et répondre aux exigences de l’accueil dans toutes ses facettes ? L’objectif, ambitieux, est d’assurer le bon développement et le bien-être de chaque enfant et de prendre en compte la diversité des familles.

L’enjeu de la qualité de l’accueil des enfants de 0 à 12 ans est au centre de deux études sur sa professionnalisation, commanditées par l’Office de la Naissance et de l’Enfance. Points de départ d’une réflexion sur une réforme globale du secteur, elles ont été dirigées par Florence Pirard (1).

© PROF/FWB

PROF : Quels objectifs poursuivaient ces études ?
Florence Pirard :
Dans ces recherches-actions, il s’agissait d’abord d’identifier la grande diversité de formations pour l’accueil d’enfants de 0 à 12 ans, ainsi que les compétences requises par l’exercice d’un métier plus complexe qu’il n’y parait (2). Pour cela, nous avons fait appel à un grand nombre d’acteurs de terrain. Ensuite, en s’appuyant aussi sur les recommandations internationales, sur des savoirs scientifiques et sur l’analyse de différents systèmes éducatifs européens, l’étude a abouti à douze recommandations opérationnelles pour un système de formation en Fédération Wallonie-Bruxelles (3).

Quelles sont-elles ?
La principale est la mise en place d’un baccalauréat en éducation de l’enfance. Il articulerait théorie et pratique et apporterait aux accueillants des compétences relationnelles, organisationnelles et réflexives. Il serait suivi d’un master en direction d’accueil de l’enfance qui ajouterait aux dimensions psycho-éducative, sociale, et de santé, la gestion d’équipe, administrative, financière et la collaboration avec l’extérieur.

Enfin, une formation minimale d’agent d’accueil serait maintenue au niveau secondaire supérieur. Elle regrouperait les filières de puériculture, d’aspirant en nursing, d’agent éducation, d’auxiliaire de l’enfance et d’animateur. Les élèves auraient évidemment la possibilité de progresser par la suite. L’ensemble prendrait appui sur une révision de référentiels métiers et de formations qui devraient plus prendre en compte les dimensions psycho-socio-éducatives attendues dans les fonctions d’accueil.

Ces formations seraient accessibles aux personnes en fonction grâce à des passerelles, procédures de valorisation de l’expérience acquise… À moyen terme, il faudrait privilégier, dans les milieux d’accueil, l’engagement de professionnels formés au niveau supérieur. Tout en veillant à ne pas « reléguer » les puéricultrices à certaines tâches (comme les langes ou les repas, bien que ce soient des moments importants d’échange).

© Fotolia/Aikon

Quels peuvent être les bénéfices ?
On hausserait le niveau de formation pour répondre aux exigences de l’accueil dans toutes ses facettes. L’enjeu est de taille : il s’agit d’assurer le bon développement et le bien-être de chacun des enfants et de prendre en compte la diversité des familles. Cela exigerait aussi une amélioration des conditions statutaires et de travail. À terme, disparaitrait l’étiquette de « filière de relégation » dont souffrent les formations actuelles.

C’est le bon moment ?
Mais oui ! On repense la formation initiale des enseignants. Et si l’on veut une continuité éducative, comme c’est le cas dans d’autres pays, c’est indispensable de réformer d’abord celle des personnes chargées de l’accueil. Il s’agit de ne pas rater le train. Ou ce serait courir le risque de creuser le fossé.

Va-t-on à terme vers un système intégré ?
C’est le cas en Suède, par exemple. Des enseignants et des pédagogues de l’accueil extrascolaires avec des niveaux de formation équivalents, encadrent les enfants jusque plus de 12 ans. Même dans un système divisé comme le nôtre, il est possible et nécessaire de renforcer concertation et cohérence.

Quels impacts sur les enseignants ?
Cela peut amener à penser autrement l’accueil en maternelle et à renforcer la continuité avec l’accueil extrascolaire. L’expérience d’un baccalauréat en « Pédagogie du jeune enfant », lancée en Flandre en 2011 (lire « En Flandre, des coaches épaulent les équipes d’accueil ») ainsi que l’Educare développé en Suède (lire « Et ailleurs ? ») le montrent.

Et le cout ?
Parlons plutôt d’investissement dans l’enfance. La société en sortira gagnante. Il faudra sans doute procéder par phases. D’autres l’ont fait. Comme l’Angleterre. Et la Nouvelle-Zélande où, aujourd’hui, 80% du personnel a un niveau d’enseignement supérieur. Dans la plupart des pays, la mise en place d’une telle réforme a duré dix ans.

D’autres aspects à prendre en compte ?
L’équilibre entre théorie et pratique devra se maintenir à tous les niveaux. Les stages resteront fondamentaux. Il est nécessaire de faire évoluer le tutorat, avec des temps structurels pour accueillir et accompagner le stagiaire et pour prendre du recul réflexif avec lui, avec des outils ad hoc.

Il est également nécessaire de revaloriser la profession par une amélioration des conditions de travail, notamment une meilleure accessibilité au développement professionnel continu.

(1) Florence Pirard a mis sur pied à l'Université de Liège l'Unité de Professionnalisation en Éducation : Recherche et Formation (PERF). Pour les étudiants en sciences de l'éducation, elle y donne notamment un cours obligatoire sur les questions et pratiques d’éducation des jeunes enfants et des cours sur la formation des professionnels du champ de la petite enfance.
(2) PIRARD F. (dir.), Formations initiales dans le champ de l’accueil de l'enfance (0 – 12 ans). Recherche-action exploratoire financée par l'Office de la Naissance et de l'Enfance (ONE) avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ONE, 2012. http://bit.ly/1XfcrIu
(3) PIRARD F., DETHIER A., FRANCOIS N., POOLS E., Les formations initiales des professionnel-le-s de l’enfance (0-12 ans) et des équipes d’encadrement: enjeux et perspectives, ONE, juillet 2015. http://bit.ly/1QI3rHw