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Magazine PROF n°5

 

Dossier L'enseignement de promotion sociale

Promotion sociale, une longueur d’avance

Article publié le 01 / 03 / 2010.

Précurseur, l’enseignement de promotion sociale (EPS) anticipe quelques-uns des enjeux majeurs de notre système éducatif actuel : modularisation, recours aux experts, valorisation des acquis de l’expérience, partenariats avec des opérateurs publics et privés, certifications et passerelles. De quoi susciter la réflexion…

Couvrant tous les niveaux de formation, des cours d’alphabétisation aux masters, l’enseignement de promotion sociale (EPS) s’adresse à tous les adultes de 18 à… 118 ans. Au moins (1). Que l’on soit à la recherche d’un emploi ou d’une nouvelle orientation professionnelle, en décrochage scolaire mais aussi pensionné, passionné ou… prisonnier. Mais oui ! L’éducation n’est-elle pas la première forme d’émancipation ?

© Serdu

Par sa grande souplesse de fonctionnement, l’EPS s’adapte aisément aux besoins de la société. Les entreprises peuvent signer des conventions avec les établissements de promotion sociale afin d’y organiser de nouvelles formations adaptées aux réalités socio-économiques tandis que, de leur côté, certains travailleurs peuvent bénéficier de congés-éducation (2).

De quoi combiner travail et formation, et favoriser les évolutions de carrières. Pour leur part, les chômeurs peuvent acquérir de nouvelles clefs pour l’emploi. Et puis, et ce n’est pas la moindre de ses fonctions, l’EPS facilite l’insertion et la socialisation des plus fragiles d’entre nous. Notons à cet égard que les demandeurs d’emploi notamment sont exemptés du droit d’inscription (3). Difficile de faire mieux !

Malgré la diversité de son offre (lire notre infographie ci-dessous), l’EPS ne détient pas le monopole des formations pour adultes. Bien au contraire, de nombreux opérateurs publics et privés partagent avec lui ce marché, chacun ayant développé ses pôles d’excellence. Mais comment choisir un opérateur de formation dans ce grand bazar où se perd le citoyen ordinaire ? Entre le Forem, Bruxelles Formation, l’Ifapme/Sfpme, les OISP, les EFT, les formations en entreprises et tutti quanti, le quidam y perd son latin ! C’est où qu’on va quand ?

Sans compter les nombreuses initiatives à tous les niveaux : formations universitaires pour adultes au travail, activités d’éducation permanente, universités du temps disponible, enseignement à distance et Céfa… Ne faudrait-il pas rationaliser cette offre de formations et – c’est là un des enjeux majeurs de ces prochaines années – faciliter les passerelles entre elles ? Mais avant d’aller plus loin, voyons quelles sont les spécificités de notre enseignement de promotion sociale. Côté pile et côté face.

Deux missions « complémentaires »

Régi par le décret de 1991 (4), l’EPS fait le grand écart entre deux objectifs « complémentaires » (art. 7): « concourir à l’épanouissement individuel en promouvant une meilleure insertion professionnelle, sociale, culturelle et scolaire » et « répondre aux besoins et demandes (…) des milieux socio-économiques et culturels ». Difficile équilibre entre l’épanouissement personnel et les stratégies entrepreneuriales, entre le social et l’économique, encore que les deux ne soient pas intrinsèquement contradictoires.

Contrairement à l’utilitarisme des formations strictement professionnelles, l’EPS s’inscrit dans une perspective de politique citoyenne (excusez le pléonasme) : « On peut travailler à des formations ponctuelles, explique Nadine Deterville, détachée à la Communauté française, mais nos missions sont des missions d’enseignement. On n’est pas là pour fournir de la main-d’œuvre aux entreprises ». Même son de cloche chez sa collègue Pascale Schellens : « On participe à l’éducation ». Pas de formatage en règle d’une main-d’œuvre taillable et corvéable à merci, donc.

Avec le régime (dit régime 1) mis en place par le décret de 91, l’EPS est constitué de modules (5) capitalisables et organisables à n’importe quel moment de l’année. Cette grande flexibilité permet des parcours personnalisés. L’étudiant peut ainsi établir son programme « à la carte », sachant que la réussite de certains modules est nécessaire pour en aborder d’autres, plus complexes.

Il peut n’en suivre que certains, ou les capitaliser tous en vue d’obtenir le diplôme (6) délivré au terme de la section, après réussite d’une épreuve finale, dite épreuve intégrée, sorte de chef-d’œuvre démontrant qu’il est capable de mobiliser les compétences nécessaires à la réalisation d’une tâche complexe. Ne pourrait-on envisager une forme adaptée de modularité pour le plein exercice afin de promouvoir à la fois la réussite des élèves et l’excellence de notre enseignement obligatoire ? Poser la question, c’est y répondre une expérience-pilote est en projet dans l’enseignement technique en ce moment (lire Qualifiant: refonder pour améliorer).

Un enseignement taillé sur mesure.
Un enseignement taillé sur mesure.
© PROF/FWB/Jean-Michel Clajot

Des experts pour quoi faire ?

Autre innovation: le recours aux experts, facultatif ou obligatoire selon les cours (7). Des gens de terrain reconnus pour leur expérience professionnelle. Belle immersion dans la « vraie vie » ! Un modèle à suivre ? Pour les cours techniques, certes, mais il ne faudrait pas que les formations façonnent de petites mains au détriment d’une culture au rabais, car les cours généraux contribuent à l’éducation du citoyen. Le terrain porte l’arbre, mais c’est le fruit qui importe… D’autant qu’on voit les choses venir pour tout l’enseignement, demain (lire Se former ou s'adapter) : n’engager que des collaborateurs indépendants rémunérés par les entreprises.

Bien qu’il soit le seul à pouvoir certifier les formations professionnelles, l’EPS a, bien avant les autres, anticipé la révolution actuelle de notre système éducatif, en reconnaissant d’autres modes d’apprentissage que ceux de l’institution scolaire. L’article 8 du décret spécifie en effet que les établissements d’enseignement de promotion sociale peuvent « prendre en considération (…) les capacités acquises dans tout enseignement ou dans d’autres modes de formation y compris l’expérience professionnelle ».

Cette valorisation des acquis de l’expérience (VAE) permet aux étudiants d’être admis à une formation, ou dispensés de certains cours par le Conseil des études, sans posséder le titre requis, sur base des formations suivies en dehors du circuit traditionnel ou de leur expérience personnelle. Concrètement, les étudiants sont mis à l’épreuve en situation réelle devant un jury composé de professionnels compétents. Pratique ! Dans l’enseignement de plein exercice, la VAE s’applique à l’université depuis la rentrée académique 2007-2008, selon des modalités spécifiques à ce type d’enseignement plus théorique. Seize ans après l’EPS...

Cerise sur le gâteau

En outre, l’étudiant de promotion sociale peut obtenir une dispense s’il possède un titre de compétence délivré par un des centres de validation récemment mis en place par les cinq institutions publiques de formation professionnelle, dont l’EPS lui-même (8). La validation des compétences est une nouvelle pratique dont l’impact psychologique est considérablement positif sur l’estime de soi des personnes peu diplômées. Certes, validation n’est pas certification, mais cette reconnaissance de qualification facilite et encourage la reprise d’une formation complète et certificative. C’est un bon début…

Encore ne faudrait-il pas s’arrêter en si bon chemin. Les passerelles entre opérateurs d’éducation et de formation doivent faciliter la mobilité au sein d’une société de la connaissance. Des initiatives commencent à se mettre en place. Ainsi, par exemple, entre l’EPS et l’Ifapme pour trois métiers (coiffeurs, restaurateurs et menuisiers) ainsi qu’au niveau bachelor pour une fonction de comptable. Concrètement, les étudiants formés à l’Ifapme peuvent passer directement l’épreuve intégrée relative à ces métiers dans une école de promotion sociale. Quel intérêt de refaire le gâteau quand il n’y a plus qu’à poser la cerise dessus ?

Malgré ces initiatives nouvelles, le problème de la correspondance des titres demeure un enjeu majeur (lire Se former ou s'adapter), de même que celui des passerelles entre filières. Entre toutes les filières. Bien que les diplômes délivrés par l’EPS soient équivalents ou correspondants à ceux du plein exercice, les choses ne sont pas aussi simples. S’il est aisé de passer d’une haute école à une école supérieure de promotion sociale, l’inverse n’est pas encore vrai.

Au cœur d’un réseau

Par ailleurs, l’EPS participe à un vaste réseau de partenaires publics et privés assurant diverses formations professionnelles, dont les centres de compétences, qui sont ancrés dans les zones à gros potentiel de développement économique. C’est ainsi qu’il a tissé notamment des liens dans le domaine de l’industrie verrière avec le Forem, les partenaires sociaux et des entreprises du secteur. Ce type de synergies est appelé à se développer en parallèle à une plus grande concurrence sur le marché de la formation et de l’éducation. Pas d’illusions ! Partenaires et challengers sont les deux faces de cette évolution mondiale. Collaboration et compétition. Côté pile et côté face. Pour le meilleur, à condition d’éviter le pire.

Enfin, ce n’est pas tout de former des citoyens épanouis et de promouvoir l’emploi. Encore faut-il le faire savoir. Dans notre société médiatique, il est urgent de développer une stratégie de communication efficace sur les multiples possibilités de se former tout au long de la vie. Mais avant toute chose, il serait d’abord opportun d’harmoniser notre système éducatif en multipliant ses ponts et passerelles, de manière à promouvoir une richesse éducationnelle du berceau… au tombeau. Mais oui ! Un peu moins de capharnaüm et un peu plus de continuum… Et que les enseignements de promotion sociale, à distance, de plein exercice, et de formation en alternance ne forment plus qu’une grande famille unie. La nôtre.

Étienne GENETTE

(1) L’âge minimum requis varie selon le niveau d’enseignement et, sous conditions, il est même de quinze ans.
(2) Congé-éducation : voir sur http://www.forem.be.
(3) Sont également exemptés du minerval les mineurs, les bénéficiaires du revenu d’intégration et les handicapés.
(4) Décret organisant l’enseignement de promotion sociale du 16/4/1991. http://www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/16184_004.pdf.
(5) Un module ou unité de formation est constitué d’un ou plusieurs cours.
(6) Diplôme dans le supérieur, et certificat dans le secondaire. La réussite d’un module est certifiée par une attestation.
(7) L’obligation de recourir à un expert figure dans les dossiers pédagogiques (cahiers des charges établis pour les cours).
(8) Également Bruxelles Formation, le Forem, l’IFAPME et le SFPME. Voir sur http://www.cvdc.be/.

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