Médiation scolaire - espace grand public - exemples de situations

 

Quelques situations...

1. Cour de récréation. 8h15. Arnaud a mal dormi, et pour cause, son écran n’a eu de cesse de lui rappeler les moqueries subies en classe et qui semblent trouver prolongement en discussions virtuelles. Dans un coin de la cour, Amélie et Diego l’observent en ricanant, puis viennent vers lui d’un pas assuré. Une nouvelle journée commence.
2. Les parents de Mélanie ne comptent plus leurs mails et appels téléphoniques à la direction et au titulaire de classe de leur fille. Ils ont l’impression que l’école ne fait rien pour aider cette dernière. Ils sont désemparés par la situation et se sentent peu soutenus. Ils sont estomaqués d’entendre l’école leur reprocher leur harcèlement.
3. Mme T., professeur de mathématique, apprend par sa classe que l’élève à qui elle a dit la veille que « tout le monde n’est pas fait pour les math » est vexée, découragée et ne veut plus revenir à son cours. Mme T. aimerait expliquer ses propos et renouer le dialogue avec son élève, mais elle se heurte à une fin de non recevoir de la part de cette dernière.
4. Monsieur E, éducateur au premier degré, constate les disputes incessantes entre deux élèves. Tour à tour il intervient, console, réprimande, départage, tente de concilier les points de vue. Profitant d’un voyage de classe, il propose une réconciliation, mais se rend compte que la confrontation improvisée, aussi bienveillante soit-elle, exacerbe les tensions et le conflit.
5. Anna est extrêmement tendue, une dispute violente avec une amie a éclaté la veille, et s’envenime d’heure en heure.

Quelle peut être l’évolution de chacune de ces situations ?

Il serait tout à fait imaginable qu’Anna sorte de ses gonds, que le conflit entre les deux élèves s’envenime, que la relation entre l’élève et son professeur de mathématique se dégrade, que les parents ne se sentent plus entendus et qu’Arnaud décroche de l’école.

Suivant les cas, le service de médiation est sollicité par une ou plusieurs personnes, à titre individuel ou collectif.

Pour chacune d’elles, le recours à un « tiers neutre » a été très utile pour tenter des solutions alternatives, nouvelles, …

Témoignages des médiateurs (médiatrices) sollicité(e)s concrètement

1. Arnaud n’en a parlé à personne pendant des mois. Un jour il écrit une lettre qu’il laisse traîner entre deux pages de dissertation. Professeurs, éducateurs, intervenants du Cpms sont inquiets et me demandent d’intervenir.
C’est l’occasion de redire mon offre de travail en tant que médiatrice : permettre un dialogue, renouer un lien, restaurer une confiance, traverser un conflit. Je ne suis pas une experte en harcèlement, ni une animatrice.
Je propose à ces personnes une rencontre de médiation avec Arnaud pour lui dire leur inquiétude et ouvrir avec lui des pistes possibles en vue de l’aider.
Arnaud, pendant cet entretien me demande de l’aide pour en parler à ses parents.
2. Les parents de Mélanie envoient un ultime courriel à la direction de l’établissement, menaçant de porter plainte si ce denier ne répond pas plus clairement à leur demande d’aide pour leur fille. En réponse à ce message, la direction fait appel à moi, ce que les parents semblent accepter. Une rencontre a lieu avec la famille au cours de laquelle il apparaît clairement que la famille n’entend pas dialoguer, demeure dans ses accusations, et préfère l’option de la plainte. Je sors de piste. Les parents introduisent une plainte auprès de la Direction Générale de l’Enseignement Obligatoire.
3. Mme T. est désemparée, elle n’a pas pu renouer le dialogue. C’est pourtant l’élève qui fait le premier pas vers la médiation. Mme T. accepte la rencontre. Pendant l’entretien de médiation, l’élève exprime toute l’humiliation que représente pour elle ce qu’elle a vécu comme une sentence définitive « tu es trop bête pour poursuivre des études de math». Elle dit son désir de belles études et de réussite dans la vie. Mme T., quant à elle, explique ce qu’elle avait voulu exprimer par cette phrase. Elle reconnaît la maladresse de ses propos. « J’ai mal vécu le début de cette situation », me dira plus tard Mme T., « mais finalement ça m’a aidé, et je suis contente de l’expérience, je devrais faire plus attention à ce que je dis aux élèves, on ne se rend pas compte ».
4. Monsieur E. l’éducateur souhaite que je propose une médiation aux deux élèves. Je lui suggère que la première rencontre se fasse à quatre : Monsieur E. leur parlera de son idée de médiation et nous nous rencontrerons tous ensemble pour que j'explique mon travail aux deux élèves. Lors de cet entretien, j’invite d’abord Monsieur E. à exprimer aux élèves pourquoi il pense qu’une médiation serait une bonne idée. Les élèves lui disent avoir bien remarqué qu’il se démenait pour les réconcilier, mais que « c’est leur affaire ». Ils veulent cependant poursuivre la discussion avec moi, qui débouche sur une médiation et une réconciliation. En clôture je leur demande s’ils souhaitent en dire quelque chose à Monsieur E. Ils ne le souhaitent pas. Ils lui diront eux-mêmes qu’ils se sont expliqués.
5. Anna arrive en larmes dans mon bureau. « Vous pouvez me recevoir tout de suite ? Si ça continue, je vous jure que je vais la frapper». Je reçois Anna et, par l’écoute active, lui permets de comprendre peu à peu ce qui la met hors d’elle. Cela a pris du temps. En fin de compte Anna se sent prête à adresser en mots à son amie ce qui l’a blessée et ce dont elle a besoin pour renouer la confiance.

Comme on le voit, la dynamique de travail de la médiation est constitué principalement d’un espace tiers et d’un professionnel tiers, non jugeant, qui permet tant aux élèves, à leurs parents et référents, qu’aux professeurs, éducateurs et directeurs, de déposer un souci, un problème, un conflit, et cela en toute confiance et confidentialité.

Le travail du médiateur a des effets intéressants et positifs sur le climat de confiance et les relations au sein de l’école, et ce dans tous les registres de la relation pédagogique.