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Magazine PROF n°54

 

L'info 

Scolariser les enfants ukrainiens en Belgique

Article publié le 03 / 06 / 2022.

Depuis quelques mois, de nombreuses familles ukrainiennes fuient les zones de guerre et arrivent en Belgique. Comment les écoles accueillent-elles ces élèves ?

Ce n’est pas la première fois que la Belgique est confrontée à l’afflux de réfugiés fuyant des zones de conflits. Ce qui est particulier ici, c’est le nombre important de personnes arrivant en un court laps de temps dans notre pays.

© FWB/PROF

Ainsi, au 26 avril, 2 177 enfants ukrainiens étaient inscrits dans nos écoles : 23 % en maternel, 49 % en primaire, 28 % en secondaire. Le Centre national de Crise référence 36 468 personnes qui se sont enregistrées au Heysel et qui ont reçu le statut de « protection temporaire ».

Parmi ces personnes, 34,5 % sont en âge de scolarité, ce qui signifie que 12 589 enfants en âge de scolarité sont passés par le Heysel. Par ailleurs, les responsables politiques se préparent à l’arrivée de 104 000 réfugiés en Belgique. Et parmi eux, une grande proportion de jeunes à scolariser.

L’enjeu est donc immense : répartir ces personnes sur le territoire, et donc aussi dans nos écoles ; poursuivre la scolarité de ces enfants dont la langue maternelle n’est pas l’une des langues nationales ; et s’assurer que les obligations scolaires propres à la Belgique soient respectées. Ce qui n’est visiblement pas le cas au vu des chiffres répertoriés. À ce jour, le nombre d’enfants scolarisés est inférieur au nombre de mineurs inscrits au Centre national de Crise.

Le dispositif DASPA

Bien avant la crise ukrainienne, la Fédération Wallonie-Bruxelles avait déjà mis en place, dans les écoles qui en avaient exprimé le besoin, un Dispositif d’Accueil et de Scolarisation des élèves Primo-arrivants et assimilés (DASPA) ou des classes passerelles.

Cette année scolaire, 164 écoles offrent cet encadrement particulier. Dans le fondamental, cela concerne 54 écoles en Wallonie et 45 à Bruxelles. Et pour le secondaire, 45 en Wallonie et 21 à Bruxelles.

Les DASPA permettent aux élèves de moins de 18 ans, primo-arrivants ou assimilés, d’intégrer une classe particulière, avec un encadrement spécifique, pour apprendre le français et les remettre à niveau afin qu’ils puissent rapidement intégrer le niveau approprié au cursus ordinaire. Au vu des réalités d’accueil liées à cette crise, soit les DASPA existants bénéficient d’un encadrement supplémentaire, soit de nouveaux DASPA ont été créés. À partir de l’inscription de huit enfants primo-arrivants ou assimilés, une école peut ouvrir un DASPA et bénéficier des mesures particulières qui l’accompagnent (1). Aujourd'hui, dès huit élèves, une classe DASPA génère 12 périodes de cours dans le fondamental et 11 en secondaire ; il faut 12 élèves supplémentaires pour doubler la mise.

Scolarisation sans DASPA

Mais tous les enfants primo-arrivants ne sont pas forcément inscrits dans des écoles disposant d’un DASPA. Et ces dernières ne sont pas toutes dans les normes pour en créer un. Comment se passe alors l’intégration et la scolarisation de ces enfants ayant des besoins d’encadrement particuliers ? Si cette situation est cristallisée aujourd’hui autour de l’accueil des élèves ukrainiens, elle n’est pas neuve.

En effet, de nombreuses écoles inscrivent des jeunes primo-arrivants depuis des années, et font face à ces problématiques que sont l’apprentissage du français, l’intégration à un groupe qui est déjà constitué, et la découverte et la confrontation de codes culturels parfois très différents. Sans oublier les traumatismes de ces jeunes qui fuient souvent des situations dramatiques.

Hedwige D'HOINE

(1) Voir les circulaires 8507, 8517 et 8593 pour l’enseignement obligatoire, 8551 pour la promotion sociale, et 8552 pour le supérieur.

La réalité du terrain

À Bruxelles surtout, mais aussi en Wallonie, les écoles s’organisent.

Échevine de l’Instruction publique francophone de Bruxelles Ville, Faouzia Hariche nous fait part de ce qui est mis en place sur le terrain.

Faouzia Hariche : « Comme nous disposons d’écoles ayant un DASPA, nous conseillons les parents d’y inscrire leurs enfants. »
Faouzia Hariche : « Comme nous disposons d’écoles ayant un DASPA, nous conseillons les parents d’y inscrire leurs enfants. »
© FWB/PROF

PROF : À quelles difficultés vos équipes enseignantes et vous êtes-vous confrontées ?

Faouzia Hariche : Dès l’annonce de l’arrivée de familles ukrainiennes en Belgique, les écoles ont été encouragées à inscrire ces enfants. Les réactions ont été immédiatement positives. Comme nous disposons d’écoles ayant un DASPA, nous conseillons les parents d’y inscrire leurs enfants. Mais le choix d’école leur appartient. Souvent, ils choisissent une école près de leur domicile ou des écoles où ils y ont des connaissances.

Pour les écoles ayant un DASPA, cela n’a rien changé à leurs habitudes. Tout roule. Ce sont des professionnels formés et outillés pour accueillir et enseigner aux élèves primo-arrivants. Par contre, c’est plus compliqué dans les établissements sans DASPA.

Quelles sont les difficultés, dans ces écoles ?

D’abord d’un point de vue organisationnel. Il faut veiller à ce que cet accueil ne chamboule pas la classe « ordinaire », surtout que nous arrivons à une période de révisions et d’évaluations. Ensuite, il faut également « évaluer » ces enfants afin de les mettre dans une classe qui leur convienne. Des soucis de planification se posent également, car on ne sait pas de quoi demain sera fait.

La langue est un souci important. Même si de nombreux enseignants parlant l’ukrainien ou une langue proche se sont spontanément portés volontaires soit pour traduire des documents, jouer les interprètes et bien sûr enseigner le français. Il y a aussi la crainte de ne pas trouver le personnel pour encadrer ces élèves.

Comment cela se traduit-il sur le terrain ?

Beaucoup d’enseignants donnent bénévolement des cours de français. Pour communiquer, les enseignants utilisent aussi un petit fascicule de pictogrammes, des manuels et des plateformes en ligne.

Nous avons la chance d’être un « gros » pouvoir organisateur et nous avons une personne spécialisée dans le droit international, qui va dans les classes accueillantes pour expliquer la situation. Cela permet d’aborder les problèmes de géopolitique, mais aussi de développer l’empathie.

Enfin, il a été demandé aux CPMS d’être présents car il pourrait y avoir des enfants dans des difficultés psycho-sociales ou économiques. À ce stade, il me revient que les résultats scolaires de ces enfants sont plutôt bons, surtout en mathématiques. Donc, les enseignants se focalisent sur l’apprentissage du français, tout en étant vigilants car il ne faudrait pas que ces enfants perdent les compétences et savoirs qu’ils avaient auparavant.

Beaucoup d’ailleurs continuent leurs apprentissages via les plateformes ukrainiennes d’enseignement, ce qui indique qu’ils espèrent retourner dès que possible en Ukraine. Nous verrons en septembre comment évolue la situation pour continuer ce qui est déjà mis en place. Mais je tiens à dire qu’une fois encore, tous les enseignants en DASPA et hors DASPA font un travail fabuleux dans des conditions pas toujours simples.

H. D'H.

Des ressources 

© FWB/SGNE/e-classe

  • La plateforme de ressources pédagogiques e-classe propose une thématique compilant des ressources variées, mais aussi des dossiers précis.  http://www.e-classe.be/guerre-ukraine (après connexion)
  • Aborder le sujet de la guerre en Ukraine avec les élèves offre des pistes et conseils sur les façons d'aborder le sujet avec les élèves, spécialement avec les plus jeunes. http://www.e-classe.be/guerre-ukraine-aborder
  • Expliquer la guerre en Ukraine aux élèves propose des ressources permettant de répondre à des questions factuelles, de revenir sur les causes et le déroulement du conflit. http://www.e-classe.be/guerre-ukraine-expliquer
  • Comprendre la guerre en Ukraine sur base de cartes suggère des pistes pour approfondir la compréhension du conflit dans ses aspects géostratégiques, géopolitiques et géoculturels. http://www.e-classe.be/guerre-ukraine-cartes
  • Guerre en Ukraine : médias, information et désinformation s’attache aux fake news liées au conflit, et à la façon d’aborder cette actualité par l'éducation aux médias. http://www.e-classe.be/guerre-ukraine-medias
  • Comment communiquer ? L’Europe a développé un livret pratique présentant des pictogrammes pouvant vaincre les premières barrières de communication. https://data.europa.eu/doi/10.2830/060217

 

 

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