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Magazine PROF n°48

 

L'info 

Notre air, nos écoles

Article publié le 04 / 12 / 2020.

Ces dernières années, on a vu se multiplier les initiatives pour améliorer la qualité de l’air dans les écoles. Avec un triple enjeu de santé, d’environnement et d’éducation.

Les Régions sont, de par leurs compétences environnementales, les principales autorités pour traiter la question de la qualité de l’air.

Elles détiennent un rôle législatif, dans le cadre des normes européennes et des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé relatives aux émissions et aux concentrations des polluants. Elles réalisent les mesures, assurent la surveillance et l’anticipation des risques, mais ont aussi un rôle de prévention et de sensibilisation aux risques et causes. Leur champ d’action concerne, ainsi et de fait, aussi les écoles. Qui elles-mêmes ont intérêt à travailler avec ces autorités, pour leur permettre d’enrichir leurs données comme pour bénéficier de leur expertise afin de disposer/réaliser leur propre diagnostique.

Un « donnant-donnant » pouvant également s’accompagner de soutien en matériel, technique et/ou pédagogique, pour faire de la question de l’amélioration de la qualité de l’air une dynamique d’école et un tremplin pour des apprentissages scientifiques ainsi que d’éducation à l’environnement et à la citoyenneté.

La Fédération Wallonie-Bruxelles concourt également à l’appréhension de la problématique à travers ses compétences en matière d’enseignement et de promotion de la santé.

Quel air est respiré dans mon école ?

Des mesures de concentration en pollutions sont plus spécifiquement utilisées pour mesurer la qualité de l’air extérieur, d’autres pour celle de l’air intérieur, d’autres encore pour les deux.

En matière d’air intérieur, le taux de concentration de CO2 dans les écoles demeure un gros point noir. Pointé depuis plusieurs années par les études, il est confirmé, tant en Wallonie qu’en région bruxelloise.

L’Institut Scientifique de Service Public (ISSeP) a mené à l’automne 2019, dans le cadre d’un projet intitulé AIR-ÉCOLE, une campagne de mesures des concentrations de polluants dans vingt écoles participantes en Wallonie (en intérieur et en extérieur). Le renouvellement de l’air intérieur est apparu insuffisant dans toutes les écoles étudiées, se traduisant par des concentrations élevées de CO2 dans de nombreuses pièces.

Les capteurs de gaz carbonique enregistrent la mesure de dioxyde de carbone et de paramètres d’ambiance (température et humidité).
Les capteurs de gaz carbonique enregistrent la mesure de dioxyde de carbone et de paramètres d’ambiance (température et humidité).
© ISSeP

L’an dernier, deux guides de bonnes pratiques pour la qualité de l’air intérieur ont été publiés par les autorités régionales à l’attention des responsables des établissements (1). La nécessité d’une aération régulière, notamment, y est largement soulignée. Madame Sabine Daro dirige Hypothèse, une ASBL partenaire pour les aspects pédagogiques de projets menés par l’ISSeP et par Bruxelles Environnement dans les écoles (lire son interview ici). « Le CO2 est consécutif aux activités de respiration des occupants de la classe. Passé un seuil de concentration, cela peut entrainer malaises, migraines, diminution des capacités… Mais cela signifie aussi qu’alors, d’autres polluants, plus problématiques ceux-là, sont inspirés en concentrations plus élevées. »

Parmi ces autres polluants intérieurs, les dernières mesures de l’ISSeP ont porté sur les composés organiques volatiles (COV), le dioxyde d’azote (NO2) et deux aldéhydes. En extérieur (côté rue et dans la cour), des mesures de COV et de NO2 ont été effectuées, l’idée étant d’évaluer le lien entre pollution extérieure et intérieure. Le rapport final de ce projet est disponible en ligne (2).

Terminons en rappelant que le renouvellement régulier de l’air est aussi une recommandation en contexte d’épidémie.

Quels soutiens pour les établissements ?

Deux types de services sont offerts aux écoles de Wallonie et de Bruxelles.

Des services permanents, d’abord (voir Qui fait quoi ?, ci-dessous). Des formations, animations ou appels à projets, ensuite.

En Wallonie, le projet Capteur de CO2 succède à celui AIR-ÉCOLE. Il se déroulera pendant trois ans. Les inscriptions sont désormais clôturées mais divers supports sont mis à disposition des enseignants (dont des captations vidéo de formations organisées pour les écoles participantes) sur la page www.issep.be/capteur-CO2.

À Bruxelles, trois projets de mesures de la qualité de l’air sont en cours. L’ASBL Les chercheurs d’air mène, en collaboration avec Bruxelles Environnement, une campagne de mesures de la concentration en NO2 dans des cours de récréation. Bruxelles Environnement propose à travers ses propres services deux programmes : ExpAIR Écoles, qui permet à une cinquantaine d’écoles volontaires de réaliser des mesures d’exposition au black carbon notamment, et CRIPI – pour les écoles maternelles, un projet visant à améliorer l’air intérieur. Un nouveau projet pédagogique, Babel’Air, est ouvert cette année et durera trois ans. Informations sur www.environnement.brussels (> Écoles), et sur www.babelair.be.

Monica GLINEUR

(1)  Guide Scol’Air de Bruxelles Environnement (http://environnement.brussels/news/un-guide-pour-informer-les-ecoles-sur-la-qualite-de-lair-interieur) et guide AD’AIR à l’école mis à disposition par le Service Public de Wallonie (http://environnement.sante.wallonie.be/home/expert/projets/adair-a-lecole.html)
(2) https://www.issep.be/events/event/novembre-2020-publication-du-rapport-final-air-ecole/

Qui fait quoi ?

En Wallonie, le guichet unique environnement-santé de la Wallonie répond et oriente sur les questions de santé liées à l’environnement. Voir environnement.sante.wallonie.be/home/guichet-unique.html.

L’Institut scientifique de Service public (ISSeP) exerce des activités scientifiques et techniques et est reconnu laboratoire de référence de la Wallonie. L’Agence wallonne de l’air et du climat (AwAC) gère la politique de la qualité de l’air, du climat et de l’ozone stratosphérique.

Les Services d’Analyse des Milieux intérieurs (SAMI) se rendent au domicile de personnes souffrant de problèmes de santé liés à la mauvaise qualité de l’air de leur logement (sur demande d’un médecin). Il en existe un par province et ils interviennent aussi à la demande des écoles. Voir www.sami.be.

À Bruxelles, c’est Bruxelles Environnement (voir www.environnement.brussels) qui se charge de la mise en œuvre de la politique environnementale de la Région. Une Cellule régionale d’Intervention en Pollution intérieure (CRIPI) a été créée en son sein, en partenariat avec l’ISP/Sciensano et le FARES. Elle remplit les mêmes missions que les SAMI wallons, et répondent donc aux appels des écoles.

Au niveau national, la Cellule Interrégionale de l’Environnement résulte d’un Accord de coopération entre les Régions, en matière de surveillance des émissions atmosphériques et de structuration des données. Voir www.irceline.be.

L’air, une éducation à l’environnement

Depuis 15 ans, l’ASBL Hypothèse se met au service des « acteurs de diffusion des sciences ». Sur le thème de l’air, elle  propose aux enseignants des formations et des supports pédagogiques divers.

Dossier, fiches et malle pédagogique ABCD’air (1) sont entrés dans nos classes en 2013. Les enseignants y sont formés et accompagnés dans l’élaboration de leur projet par l’ASBL Hypothèse. Celle-ci est aussi partenaire pédagogique pour des projets développés par des acteurs régionaux (lire textes Notre air, nos écoles, Qui fait quoi ?, Plus de 10 ans d'expérience dans le qualifiant et Toute une école fondamentale sur le pont). Sabine Daro, qui préside l’association, commente.

PROF : Vous proposez une méthode par gradation, en fonction des classes d’âge…
Sabine Daro : Le premier travail est en effet de faire de faire prendre conscience aux jeunes enfants, très tôt, via des activités scientifiques, l’existence de l’air. Ensuite des activités visant une prise de conscience positive et proche d’eux, comme par exemple celle que l’on a besoin d’un air renouvelé pour se sentir bien en classe.

On ne parle pas polluants avec les plus jeunes. Progressivement, l’approche scientifique s’affirme. À partir 10 ans, on examine les notions de modification de l’air. C’est à cet âge qu’on introduit les capteurs de CO2 en classe - sans les laisser visibles en permanence car cela peut être anxiogène pour certains enfants.

L’étude de l’air extérieur commence à partir de la 5e primaire, avec les levures comme bio-indicateurs d’éventuelles pollutions de l’air dues au dioxyde d’azote. Une activité d’éducation scientifique qui sensibilise les participants à un problème et au fait que ce problème est - beaucoup – lié au trafic automobile. Voire qui encourage la mise en place de projets « mobilité » par des écoles…

En accompagnant les écoles, on a l’occasion de tester nos outils et on les adapte. Cette année scolaire-ci, on va proposer aux élèves de concevoir leur propre protocole quant à la meilleure manière possible d’aérer la classe (2).

Cela permet de montrer aux élèves qu’ils peuvent avoir prise…
Il peut y avoir de l’anxiété, de l’inertie… Face à quoi il faut mettre en avant le principe de l’analyse de la situation. En plus de viser le développement de connaissances scientifiques, il faut proposer aux élèves des activités d’éducation à l’environnement, par l’analyse des causes des problèmes de santé/environnement.

Après l’analyse causale, les élèves vont voir sur quels points eux peuvent agir et ceux où d’autres pourraient agir. Car avec les grands, on peut commencer à ouvrir des questions sociétales : comme élèves, quand on ne peut pas être directement acteurs, comment peut-on être associés à la réflexion sur « un autre monde est possible » ?

Éveiller à la connaissance de l’air, un plus à tout âge.
Éveiller à la connaissance de l’air, un plus à tout âge.
© ectilffhony

Monica GLINEUR

(1) https://abcdair.be/
(2) Dans le cadre du projet en cours en région bruxelloise www.babelair.be

Plus de 10 ans d’expérience dans le qualifiant

Situé à Saint-Ghislain, l’Institut Saint-Joseph propose une section Environnement dans le dernier degré de l’enseignement technique. Mme Isabelle Heymans y donne cours d’intégration professionnelle depuis 2010. Son école a participé au projet de l’ISSeP AIR-ÉCOLE et répond volontiers aux offres de partenariats ou appels à projets. Mais, souligne-t-elle, « on n’a pas attendu AIR-ÉCOLE pour faire des analyses de qualité de l’air. Le sujet de l’air est dans les référentiels et le programme ». 

La professeure est motivée et ses élèves aussi. Elle s’attriste quand, à son arrivée, ces derniers lui disent que pour leurs congénères, la section Environnement est celle où l’on apprend à devenir éboueurs. Ou que l’environnement, ça porte sur le tri des déchets. 

« On va leur montrer ce qu’on fait », leur répondt-elle. Et de fait, depuis 10 ans, la section dispose d’un site (www.terretous.com), où elle met en ligne des articles et des interviews autour de ses activités, de ses sorties, des lieux stages etc. 

Au cours de leur cursus, les élèves de la section font notamment un séjour au Château de la Roseraie (1) pour étudier les lichens, autre bon bio-indicateur de la qualité de l’air extérieur, à l’instar des levures roses. Et la professeure invite ensuite ses élèves à mettre en relation leurs résultats avec les indices de qualité de l’air disponibles en quasi-direct (mais avec de moins fines localisations) sur les sites et/ou les applications d’IRCELINE, Wallonair et Qualitedelair.brussels (lire ici).

M. G. (avec Pa. D.)

(1) Un site de « Classes décou’Vertes » de la FW-B, à Péruwelz : www.enseignement.be/cdpa

Toute une école fondamentale sur le pont

Fin 2019, PROF est allé voir les avancées du projet AIR-ÉCOLE à l’école communale de Hony.

L’équipe de l’école communale de Hony a choisi de démontrer le lien entre qualité de l’air et santé en s’adaptant au contexte de chaque classe. On a interagi par palier et conscientisé diversement les petits de maternelle, les 6-9 ans ou les élèves de fin de primaire. Du matériel éducatif, des capteurs de CO2 et le coaching de l’ASBL Hypothèse ont permis de concrétiser le projet.

Les tout-petits doivent se rendre compte que l’air existe. C’est une matière que nous respirons partout. On peut la capturer, la déplacer ou la peser. Les plus grands sont plus aptes à interpréter des mesures relevées sur les capteurs, à observer l’impact de l’air sur la santé, à évaluer l’air respiré et agir pour l’améliorer.

Les petits bouts ont donc réalisé des petites figurines faites notamment de bandelettes de papier crépon pour simuler la chevelure, qui s’animait lorsqu’on soufflait dessus. Une façon ludique de préconcevoir l’air !

Les 6-7 ans ont placé un verre d’eau, ouverture vers le bas, à la surface d’un bac également rempli d’eau. Comment faire partir l’eau du verre en ne disposant que de pailles, d’un tube flexible ou d’une seringue ? Gros plouf, parfois des frustrations mais aussi des rires s’ensuivent.

Les 5e et 6e primaires ont repéré des arbres majestueux  autour de l’école, en ont prélevé des feuilles dont ils ont fait des échantillons et ont placé ceux-ci dans une boite de Pétri remplie de gélose. Peu après la mise en culture, des levures roses, indices de qualité de l’air élevé, se sont développées.

Les objectifs sont atteints à Hony : prendre conscience des propriétés de l’air, bien respirer, aérer efficacement, faire le lien entre qualité de l’air et bien-être ou adapter les actions au contexte de la classe. Plus l’élève est chercheur, plus il développe un esprit critique. Crucial pour l’apprentissage et la vie en société.

L’école communale de Tilff, implantation sœur de celle de Hony, aurait dû vivre cette même expérience en 2020. Tilff est plus urbain et des comparaisons auraient été possibles. Mais la Covid-19 est arrivée… 

B. L. (avec Pa. D.)

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