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Mise en ligne le 08 septembre 2023

Un kaléidoscope de langues

À Forest, dans le cycle 5-8, l’école communale Kaléidoscope organise les activités d’éveil aux langues en puisant dans ce que chaque enfant apporte de couleurs, de culture et de langues.

Il ne faut pas avoir peur de se lancer, mais partir de choses dans lesquelles on se sent confortable, la suite vient tout seul.
Il ne faut pas avoir peur de se lancer, mais partir de choses dans lesquelles on se sent confortable, la suite vient tout seul.
© FWB/PROF

Depuis 2022, les élèves d’Alexandra Leconte et Aline Da Silva Jesus bénéficient d’une période par semaine d’éveil aux langues. Ces activités sont organisées en parallèle d’autres ateliers pour que les élèves soient moins nombreux et puissent s’exprimer.

L’activité du jour porte sur la reconnaissance écrite du mot « Cendrillon ». Les enfants, placés par groupe de quatre, vont devoir collaborer pour répondre à la consigne. Ils vont observer les différentes affiches du dessin animé, comparer et établir les points communs et les différences. Un élève est le scribe et note les remarques de ses camarades. L’enseignante va de groupe en groupe. 

Kopciuszek, Cinderella, Aschenputtel…

Très vite, les enfants reconnaissent le nom du dessin animé et constatent qu’on ne l’écrit pas partout de la même manière. Cendrillon est écrit dans d’autres langues et parfois ces langues utilisent d’autres alphabets.

Les réflexions sont mises  en commun et c’est le moment où les visages des élèves s’illuminent lorsqu’ils se rendent compte que le mot est écrit dans leur langue maternelle. Ils sont aussi très fiers de faire prononcer à tous le mot dans leur langue.

« Nous profitons du mélange des langues et des cultures de cette école pour rebondir sur ce que les enfants apportent. Ils sont heureux de partager. Ici, on ne ressent pas cette notion de langue étrangère, car les élèves sont confrontés aux différentes langues depuis toujours. Ils sont habitués à jouer tous ensemble, qu’ils parlent le français à la maison ou autre chose », explique Alexandra Leconte.

« En fait, nous avions beaucoup d’appréhension lorsque nous avons appris que nous allions devoir organiser des périodes d’activités d’éveil aux langues. Ni ma collègue ni moi n’avons de formation en langues, sauf ce que nous avons appris à l’école secondaire, ou moi grâce à mes origines portugaises », précise Aline Da Silva Jesus. 

Se mettre la pression ou pas ?

« Nous avons eu la chance de bénéficier d’une formation en éveil aux langues organisée par notre pouvoir organisateur. Nous nous sommes rendu compte que nous nous sommes mis la pression et que nous cherchions trop loin. Faire de l’éveil aux langues, ce n’est pas apprendre une langue », souligne sa collègue Alexandra Leconte.

« Grâce à cette formation, nous avons pris confiance en nous. En fait, nous faisions déjà de l’éveil aux langues de par la spécificité multiculturelle de notre école. On chantait les anniversaires dans d’autres langues ; on s’appuyait sur le vécu de l’élève pour découvrir sa vie, sa culture. Grâce à l’éveil aux langues, ils découvrent la richesse d’autres langues, mais surtout toutes les richesses de la classe et cela les ouvre à la tolérance. Il ne faut pas oublier que nous formons de futurs citoyens », disent-elles en chœur. 

Quand l’activité se termine, les enseignantes profitent de notre présence pour souligner qu’elles n’ont pas « de matériels spécifiques à part des albums de la collection Du La La. Mais cela ne nous empêche pas d’avoir plein de projets pour l’an prochain. Nous comptons demander à des parents, à des collègues, de venir lire en classe des albums dans leur langue maternelle. »

« Et puis, nous avons réalisé qu’il n’est pas obligatoire d’organiser une période d’éveil aux langues par semaine. On peut mixer une période plus longue à de petits moments en classe par exemple, en profitant d’une activité manuelle pour découvrir les couleurs dans une autre langue. Désormais, nous avons moins peur et nous sommes ravies de tout ce que ces activités apportent comme ouverture sur les autres, sur le monde. » 

À l’école Kaléidoscope, la couleur n’est pas que sur la fresque de la ligne du temps de l’art qui orne les murs de la cour de récréation…

Hedwige D'HOINE

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