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Magazine PROF n°17

 

L'info 

Enseignants débutants : première année à risque

Article publié le 01 / 04 / 2013.

Environ 35% des enseignants débutants quittent le métier dans les cinq ans, mais seulement 20% des détenteurs d’un titre pédagogique, et moins encore parmi les instituteurs primaires. Une étude publiée début mai permet de mieux cerner les débuts de carrière.

Depuis plus de dix ans, un chiffre résumait (1) la situation : 40% des enseignants ne le sont plus après cinq ans. L’étude menée par Bernard Delvaux, Vincent Dupriez (UCL - Girsef) et Matthieu Veinstein (ULB – Metices) sur les trajectoires des jeunes enseignants y apporte de nombreuses nuances (2).

À la mi-parcours d'une recherche de quatre financée par le Fonds de la Recherche scientifique (FNRS), l'équipe préconise de déplacer le débat sur les débutants (3). Sans négliger leur accompagnement, il faudrait s’interroger sur « les rapports de force trop inégaux entre enseignants débutants et enseignants établis ». Par ailleurs, « la question à résoudre n’est pas exactement la même dans le fondamental ou le secondaire, chez les régents ou les licenciés, à Bruxelles ou à Liège,… »

Le Cahier du Girsef consacré à l’étude se divise en quatre sections : les novices dans la lutte des places, leurs trajectoires, leurs probabilités de sortie, et l’entrée dans la vie active des jeunes diplômés pédagogiques. Par novice, on entend ici les 29 079 personnes entrées pour la première fois dans la base de données de l’Administration générale des Personnels de l’Enseignement (AGPE) et ayant travaillé au moins un jour entre septembre 2005 et fin aout 2011, exclusivement dans des fonctions enseignantes.

Pour Bernard Delvaux, « ce qui arrive aux enseignants débutants est (…) le fruit d’un système » dans lequel « l’un des atouts majeurs est l’ancienneté », et n’est pas essentiellement lié à des facteurs individuels.

15% de nomination durant la 4e année

Analysant la façon dont les places « mises sur le marché » se répartissent entre débutants, Bernard Delvaux observe que « les novices les plus récents sont dominés sur le marché de septembre et sont par contre dominants sur les marchés des 1er et 2e trimestres ». C’est lié aux priorités. Or, c’est en septembre que s’ouvrent les postes « durablement libres ». Plus tard, ce sont des postes de courte durée, attribués pour l’essentiel aux plus jeunes novices, « avec pour conséquence que beaucoup de ces novices intérimaires ne parviendront pas à persister dans l’enseignement au-delà de ces quelques mois où ils ont été utilisés comme remplaçants ».

Les conditions de travail des débutants ont été analysées selon divers critères, dont le statut : la quatrième année, 15% obtiennent une nomination, partielle dans la moitié des cas. Le critère de l’indice socioéconomique de l’établissement souligne « une surreprésentation des novices dans les établissements les plus défavorisés », plus marquée à Bruxelles.

L’observation mois par mois, durant sur cinq ans, de la présence ou non de 9618 débutants entrés en 2005 et 2006 dans la base de données de l’AGPE indique que des trajectoires « sans histoire » côtoient des trajectoires mouvementées. Se concentrant sur les trajectoires de leur première année, les chercheurs observent notamment qu’11% d’entre eux ont travaillé un à trois mois à moins de 0,45 temps plein, alors que 25,3% ont presté dix mois à minimum 0,75 temps plein. Par ailleurs, ces trajectoires dépendent d’abord du contexte (province, niveau et réseau) et ensuite du profil individuel (genre, âge, diplôme).

Le risque de sortie très lié au diplôme

Un des enseignements majeurs de cette recherche est le lien très net entre la trajectoire de cette première année et la suite : « à l’échéance de cinq ans, la probabilité de sortie est inférieure à 20% pour les enseignants ayant presté dix mois au cours de la première année et est supérieure à 70% pour ceux n’en ayant presté qu’un ». Ce sont ces probabilités de sortie de la profession qu’analyse la troisième section du Cahier du Girsef, due à Sandrine Lothaire et Vincent Dupriez.

Premier constat : la probabilité de sortie endéans les cinq ans peut être estimée à 35%. Deux : plus de la moitié de ces sorties ont lieu au cours ou au terme de la 1re année. Trois : les titulaires d’un diplôme pédagogique affichent un taux de sortie nettement moindre que les autres : 7,4% la 1re année (contre 35%) et 20,5% endéans les cinq ans (contre 61,3%). Quatre : parmi les porteurs de titres pédagogiques, les taux de sortie varient aussi beaucoup. Instituteurs primaires et AESI « sortent » le moins (13,9% et 16,7% endéans les cinq ans), les AESS et titulaires d’un CAP le plus (31,5 et 30%), les instit’ maternel(le)s étant 25,3% à quitter le métier.

Les chercheurs ont été surpris de constater que les débutants exerçant au sein d’un établissement très défavorisé ne présentent par de probabilités de sortie plus élevées que les autres. Mais ils n’ont pu pousser l’analyse à ce sujet. Des analyses plus complexes établissent des relations entre ces probabilités de sortie et différentes variables : individuelles, de lieu de travail (niveau, réseau), de conditions d’emploi (mois d’entrée et charge de travail), et cohorte de débutants. Voici les tendances générales les plus importantes que les chercheurs en déduisent, par rapport au risque de sortie endéans les trois ou les cinq années :
- le diplôme est la principale variable associée au risque ;
- ceux qui n’ont pas de titre pédagogique sont plus exposés ;
- le taux de sortie est plus élevé chez les hommes ;
- les « 25-29 ans » sont plus exposés ;
- les conditions d’emploi la 1re année influencent fortement la probabilité de sortie.
Un exemple ? Les détenteurs d’un diplôme de l’enseignement supérieur sans titre pédagogique ont une probabilité de sortie 12,82 fois supérieure aux instituteurs primaires…

La 4e section de cette étude a suivi une cohorte de 1833 jeunes sortis en juin 2002 des filières pédagogiques des hautes écoles. Huit ans plus tard, 78,5% d’entre eux travaillent dans le secteur de l’éducation. Au cours de ces huit ans après leur sortie de l’école, 7,2% n’apparaissent jamais dans ce secteur, 40,4% semblent y faire une carrière continue, et 52,4% n’y travaillent qu’à certains moments de la période.

Didier CATTEAU

(1) Chiffre qui ne concernait que le secondaire et était déduit du taux de survie de 60% mentionné par Vincent Vandenberghe dans Leaving teaching in the French-speaking Community of Belgium : a durantion analysis, dans Education Economics, vol. 8, n°3.
(2) DELVAUX B. et al., « Les enseignants débutants en Belgique francophone : trajectoires, conditions d’emploi et positions sur le marcé du travail », dans Les Cahiers de recherche du Girsef, n°92, avril 2013. http://www.uclouvain.be/girsef
(3) Sur lequel s'est également pechée la CSC-Enseignement dans une enquête en ligne. Sur 600 répondants, les dificultés les plus citées sont l'instabilité etla précarité de l'emploi (par 10% des répondants), la lourdeur du travail de préparation (7%), l'imprécision des consignes et programmes (6%), la difficulté à planifier les cours (5,5%), l'attitude des élèves (5%). Ceux qui ont quitté l'enseignement évoquent le stress (10%), l'attitude des directions d'école (6,5%) et la lourdeur et la difficulté de la tâche (6,5%). http://www.csc-enseignement.be
 

4800 débutants pour 3300 postes

L’étude divulguée début mai 2013 indique que chaque année, 4800 nouveaux enseignants sont engagés pour un maximum de 3300 équivalents temps plein (ETP). C’est en partie dû à la variété des fonctions. Selon les chercheurs, « on pourrait imaginer n’engager au maximum que 4200 enseignants, voire moins, ce qui nous rapprocherait un peu du nombre de diplômés pédagogiques sortant chaque année (3500 maximum) et réduirait d’autant le phénomène de pénurie ».

Et de suggérer quatre pistes : accélérer les attributions de postes en début d’année ; réduire les trop fortes distinctions entre les statuts de prioritaires et non-prioritaires ; développer la coordination entre PO ; prévoir une année sabbatique dans la carrière de chaque enseignant, qu’il consacrerait d’une part à sa formation et d’autre part au remplacement d’enseignants temporairement absents, ce qui laisserait sa place pendant un an à un débutant, et éviterait que les nouveaux enseignants « soient de simples variables d’ajustement ».

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