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Magazine PROF n°10

 

Dossier Les défis de l’enseignement spécialisé

« J’ai vu Ali évoluer au fil du temps »

Article publié le 01 / 06 / 2011.

Sorti l’an dernier, avec le certificat de qualification en poche, Ali Lakdimi, 19 ans, personnalise des voitures chez un concessionnaire automobile. Regard dans le rétroviseur sur son parcours scolaire, avec Daniel Vandooren, son ancien professeur de pratique professionnelle en mécanique, à l’institut Charles Gheude, à Bruxelles.

« Dès les classes maternelles, les profs m’ont donné des chances, je travaillais bien, mais j’avais trop besoin de bouger ; c’était plus fort que moi », commence Ali, orienté dès la troisième primaire dans l’enseignement spécialisé à 'lÉcole de la Découverte, à Ganshoren. Puis, dans les pas d’un condisciple, il gagne l’enseignement professionnel spécialisé (forme 3) à l’Institut Charles Gheude. « La mécanique, cela m’a plu tout de suite. J’aime voir mes mains salies. Cela m’a appris à réfléchir à la meilleure manière de manipuler les pièces et les outils. Le travail m’aidait à éviter de faire des bêtises et je suis tombé sur une classe où les élèves n’avaient pas de mauvaises influences entre eux». Et de se souvenir du stress qui a précédé l’épreuve de qualification professionnelle conduisant au certificat d’aide-mécanicien garage : « Les enseignants nous mettaient la pression. Après, j’ai compris que c’était une bonne façon de nous obliger à faire des efforts ».

De retour à l’atelier, l’élève a retrouvé Daniel Vandooren, un de ses professeurs de pratique.
De retour à l’atelier, l’élève a retrouvé Daniel Vandooren, un de ses professeurs de pratique.
© PROF/FWB

Daniel Vandooren se souvient : au début de la troisième, Ali était très nerveux, impulsif ; gérant mal ses émotions, il supportait mal les remarques qu’il considérait comme des injustices à son égard. « J’ai dû le cadrer, prendre le temps de lui expliquer la raison des consignes. Au fil du temps, je l’ai vu évoluer : pleurer, serrer les poings, prendre sur lui pour éviter de s’énerver et de réagir immédiatement. Ses atouts : ses capacités, son travail à l’atelier et lors des stages, son côté curieux, volontaire et débrouillard ».

Des atouts qui portent leurs fruits. Ali Lakdimi a parcouru, en une année seulement, la troisième phase de sa formation avant d’aller déposer CV et certificat de qualification chez un patron qui lui a reproché un manque d’expérience. « J’ai attendu un mois, puis je suis retourné le voir pour lui demander comment je pourrais acquérir de l’expérience sans travailler, explique-t-il. Alors, il m’a très vite engagé ».

Professeur depuis quinze ans, Daniel Vandooren a suivi, en promotion sociale, les cours normaux pour l’enseignement spécialisé. « Le cours de psychologie du comportement, notamment, m’a appris à observer chaque élève, puis à tenter de l’analyser avant d’intervenir de la manière la plus adéquate possible. Bien utile quand il s’agit de jongler avec des élèves présentant des sensibilités, des constitutions physiques, des niveaux, des milieux socioculturels, des courbes de progression très variées et débarquant souvent avec une idée négative de l’école ». Et d’ajouter que l’élaboration du Plan individuel d’apprentissage (PIA) de l’élève, le travail avec l’équipe de pratique professionnelle et avec le reste de l’équipe enseignante sont des aides précieuses.

Son premier contrat en poche, Ali Lakdimi a tout de suite prévenu son ex-enseignant et pousse encore volontiers la porte de l’école. « Comme bien d’autres élèves, commente Daniel Vandooren. Quand le courant est passé, ils reviennent nous voir. Ils savent bien que l’atelier est ouvert ».