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Magazine PROF n°33

 

Focus 

Quand les voyages forment les futurs enseignants

Article publié le 01 / 03 / 2017.

Chaque année, les futurs régents en sciences humaines de la Haute École en Hainaut, à Tournai construisent des activités pédagogiques qu’ils expérimentent lors d’un voyage commun.

L’an dernier, à Venise, les élèves de l’Athénée royal Jules Bara à Tournai ont relevé les défis lancés par les futurs enseignants : rallye photos, jeu de piste, fabrication d’un blason…
L’an dernier, à Venise, les élèves de l’Athénée royal Jules Bara à Tournai ont relevé les défis lancés par les futurs enseignants : rallye photos, jeu de piste, fabrication d’un blason…
© Stéphane Tielemans/CJB

Parmi les ingrédients du projet Voyage à Venise construit par les étudiants de la section Bac sciences humaines (histoire, géographie, sciences sociales) de la Haute École en Hainaut (campus pédagogique de Tournai) figuraient des questions bien diverses : pourquoi cette ville a-t-elle été une république à part ? Qu’est-ce qu’une lagune ? Comment en évacue-t-on les poubelles ?

À l’origine de ce projet, né en 2005, on trouve Ève Castel (maitre assistante en psychopédagogie et méthodologie), Pietro Antoniadis (qui enseigne la géographie) et Corinne Müller (qui enseignait l’histoire et a cédé le relai à Silvain Mignot, maitre-assistant dans la même discipline).

« Constatant que nos élèves ont peu l’expérience des sorties culturelles, nous avons eu envie de lancer un projet de voyage annuel, commence Mme Castel. Mais pas question de voyage clé-sur-porte invitant peu au questionnement et à la réflexion. Nous demandons aux étudiants d’être acteurs de ce projet en préparant, organisant, réalisant et gérant un voyage pédagogique interdisciplinaire (histoire, géographie, sciences sociales, parfois même mathématiques et français) ».

Le fruit d’un travail collectif

« La destination, nous la choisissons nous-mêmes, pour pouvoir faire des liens avec nos cours et les référentiels de l’enseignement secondaire. Mais aussi pour garder un contrôle notamment sur l’aspect budgétaire. Nous l’annonçons en mai aux étudiants et, dès septembre, nous les mettons en questionnement : nous allons vers telle destination, ok ! Mais pour y faire quoi en tant que futurs professeurs ? Quels sites visiter ? Pourquoi ? Comment ? »

Ce brainstorming se nourrit des connaissances des étudiants et de recherches (livres et sites). Il en jaillit des questions très diverses, réparties par thèmes liés à l’histoire, à la géographie et aux sciences sociales. Puis, les étudiants cherchent les réponses et imaginent les activités et visites à réaliser au cours du voyage. Les enseignants en élaborent le planning en partenariat avec l’ASBL CJB-L’autre voyage.

Ensuite, les futurs enseignants se répartissent en groupes, en mélangeant les blocs, pour que ceux de dernière année puissent coacher les plus jeunes. Chaque groupe prépare une activité adaptée au public visé, aux disciplines concernées et aux méthodes pédagogiques étudiées à la Haute école. Il la fera découvrir aux autres étudiants lors du voyage.

Mme Castel : « C’est la phase la plus longue et la plus intense, car il s’agit de s’approprier un contenu de matière pour le transformer en activités. Elle suppose de la part des étudiants non seulement une maitrise des notions, mais aussi d’éléments méthodologiques tels que les notions de prérequis, d’objectifs, de motivation, de compétences ».

Ces activités et travaux réalisés sont réunis dans un carnet de voyage qui a pris peu à peu une forme numérique. Ainsi, lors du voyage, chaque étudiant emporte dans ses bagages une tablette contenant aussi des cartes, plans, documents… Il garde ainsi une trace des visites et pourra l’utiliser par la suite dans sa pratique professionnelle ou privée.

Au fil des années, les destinations ont été diverses : Toscane, Grèce, Rome, Andalousie, Trèves, Amsterdam, Paris et Reims, Picardie et Bourgogne, Venise, Campanie, Irlande,… « Chaque fois, c’est l’aboutissement de plusieurs mois de travail et – surtout - le fruit d’un travail collectif où chacun a un rôle essentiel, observe Mme Castel. La confrontation à d’autres cultures facilite l’apprentissage de la différence et développe la tolérance ».

Mais ce n’est pas tout. Depuis l’an dernier, dans le cadre de leur travail de fin d’études, quelques étudiants adaptent le voyage collectif réalisé l’année précédente à des élèves de 3e secondaire de l’Athénée royal Jules Bara, à Tournai. Ils retravaillent le carnet de voyage et réalisent des fiches didactiques pour les élèves et les enseignants, en collaboration avec l’ASBL CJB - L’autre voyage, qui pourra les réutiliser.

Sur le terrain avec des élèves

En mai, trois étudiants en Bac sciences humaines accompagneront élèves et enseignants partis explorer Pompéi et le volcanisme en Campanie. « Une occasion en or de vivre  une situation que je pourrai rencontrer plus tard, explique Livine Steelandt, qui fait partie de ce trio d’étudiants à la Haute école (avec Aurélie Ponchaux et Nils Vandenbussche). Nous avons trié ce qui a fonctionné ou pas lors de notre voyage collectif de l’an dernier et simplifié des activités trop complexes pour des élèves de 3secondaire : réaliser le plan d’une villa romaine à partir de photos prises in situ à Pompéi, par exemple. »

« Puis nous avons articulé les activités autour d’un immense jeu de rôles : un circuit guidé par l'un des organisateurs, une chasse aux indices, un questionnaire sur base du musée de Naples... Notre idée de base est vraiment d'essayer d'éviter au maximum le cadre scolaire classique avec une feuille et un bic. C'est une tout autre manière de travailler qui me plait énormément : le cadre, la méthodologie, la relation avec l'élève changent. J’ai désormais tendance à aborder la matière telle une animation ou encore à proposer plus de passages ludiques mettant l'élève dans une autre optique face à la matière ».

Les trois enseignants de la Haute école en sont convaincus : même si ce projet Voyage prend énormément de temps, il permet aux futurs enseignants d’appliquer les méthodes d’apprentissage étudiées en classe. Ils y gagnent aussi en autonomie, en maturité, en discernement et en confiance en soi…

Catherine MOREAU

Les visites ne sont plus « subies »

Aujourd’hui enseignant à l'Institut Saint-Ferdinand, à Jemappes, Geoffrey Ladrière a consacré son TFE (avec une autre étudiante, Éloïse Geerts) à ce projet Voyage. « Pour évaluer si le travail par compétences réalisé en classe est transposable à un voyage scolaire », confie-t-il.

« Notre carnet de voyage a été travaillé à partir de documents et surtout de ce que nous avions vu à Venise, pour répondre aux exigences du programme et au niveau des élèves. Le voyage et sa préparation ont demandé un volume de travail très important au niveau de la logistique et de l'implication humaine. Mais il m’a montré l’intérêt d’utiliser une méthodologie tournée vers des projets où les élèves s’impliquent davantage ».

« La difficulté, c’est de trouver le juste milieu entre le but pédagogique et l’aspect ludique. Très occupé par les préparations liées à ma première année d’enseignement, je n’ai pas pu organiser ce type de voyage, mais ce sera sans doute pour le futur... »

Un esprit tout à fait positif

En mai, Gérard Van Caemelbeke, professeur de français à l’Athénée de Tournai, encadrera ses élèves lors du voyage animé par trois étudiants en Bac sciences humaines. « Autrefois, mes élèves préparaient en groupe un aspect de leur voyage annuel et, sur place, interagissaient avec les guides, précise-t-il. Désormais, les exposés sont toujours préparés mais sur des sujets choisis en concertation avec les étudiants de la haute école ».

« Cette collaboration permet un décloisonnement des activités et un travail interdisciplinaire avec les professeurs d'histoire, de géographie, de latin et de sciences. Pour préparer le voyage à Naples et Pompéi, j'ai fait lire aux élèves la nouvelle Aria Marcella, de Théophile Gautier, dont l'action se déroule à Pompéi. Puis, aidés par leurs futurs guides, les élèves ont théâtralisé l'histoire. Ils vont s’atteler à une tâche-problème : rechercher l'information, la planifier et la synthétiser ; réaliser un Powerpoint et préparer une exposition. Tout cela a créé et renforcé une dynamique de groupe, une solidarité bien réelle et un esprit tout à fait positif. Les visites ne sont plus subies : les élèves en deviennent les acteurs ».

C. M.

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