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Magazine PROF n°32

 

Coté psy 

Ces élèves qui n’ont pas le sens des nombres

Article publié le 01 / 01 / 2017.

Augustin s’en sort plutôt bien dans plusieurs disciplines. Mais, diagnostiqué dyscalculique, il peine à effectuer des opérations mathématiques simples, écrit 100002007 pour 10 207, persiste à compter sur les doigts...

Un élève dyscalculique fera par exemple davantage d'erreurs en comptage ou lecture/écriture des nombres.
Un élève dyscalculique fera par exemple davantage d'erreurs en comptage ou lecture/écriture des nombres.
© Fotolia/Soleg

Le concept de dyscalculie développementale ne fait pas l’unanimité dans le monde scientifique, clinique et scolaire. Mais on s’accorde souvent à dire que les élèves qui en souffrent ont un retard significatif dans les tests standardisés de math par rapport à leur âge de développement.

Ce retard a des conséquences sur la réussite scolaire et ne s’explique pas par une déficience sensorielle, intellectuelle ou des troubles neurologiques. Et la dyscalculie, comme bien d’autres troubles « dys », est souvent associée à d’autres troubles comme la dyslexie, le manque d’attention…

Ce trouble persistant et spécifique des apprentissages mathématiques peut se traduire de multiples manières. Par exemple, un élève dyscalculique comprend difficilement ce qu’est un nombre (c’est-à-dire le lien entre le symbole et la quantité). Il fait davantage d’erreurs dans le comptage, ainsi que dans la lecture/écriture des nombres. Ou il rencontre des difficultés pour saisir et utiliser des termes mathématiques : différence, somme, quantité, « deux fois plus ou moins que »… Il a des difficultés à  mémoriser les tables, à comprendre l’énoncé de problèmes. Ou il le fait très lentement, et avec des erreurs. Pour résoudre des opérations, il utilise des stratégies de moins matures (5 + 3 = 6-7-8, comptage avec les doigts…). Il n’associe pas aisément en mémoire le problème et la réponse…

Une des hypothèses avancées pour expliquer l’origine de la dyscalculie, c’est que sous l’influence de facteurs génétiques et environnementaux, il existe une anomalie du développement des réseaux de neurones impliqués dans la perception des nombres. Cette anomalie se situerait dans le sillon intrapariétal du cortex (la substance grise périphérique des hémisphères cérébraux) ou dans ses connections avec d’autres régions cérébrales (1).

Pour diagnostiquer la dyscalculie développementale, il faut se baser sur la ses effets, c’est-à-dire sur les difficultés rencontrées en maths. Il arrive que l’on explique ces difficultés par un manque de travail ou de motivation. Or, si un élève, en primaire au moins, est peu motivé, c’est probablement parce qu’il ne comprend pas et qu’il n’a pas de plaisir à apprendre ou à faire les exercices…

Catherine MOREAU

(1) MOLKO N., WILSON A.J., DEHAENE S., « Dyscalculie, le sens perdu des nombres », dans La Recherche, n°379, octobre 2004, pp. 42-47 http://bit.ly/2e3Z5fi

Des stratégies multiples pour améliorer le niveau

Quels signes peuvent attirer l’attention d’un enseignant ? Et comment peut-il aider un élève souffrant de dyscalculie ?

Chercheuse et enseignante en psychologie et en logopédie, Marie-Pascale Noël s’intéresse au développement numérique de l’enfant et à ses troubles dans la dyscalculie développementale.

PROF : À partir de quand un enseignant devrait-il s’inquiéter ?
Marie-Pascale Noël :
Lorsqu’il constate qu’un élève qui ne rencontre pas de problèmes particuliers dans d’autres matières a des difficultés de compréhension dans plusieurs chapitres de mathématiques, durant plusieurs mois, et est en décalage par rapport aux autres élèves. À plus forte raison si ces constats ont déjà été faits par des enseignants durant les années précédentes. Pas toujours simple, car l’élève peut donner le change en restituant des savoirs mémorisés sans les comprendre. On peut aussi être alerté par un élève qui montre de l’aversion envers les maths ou qui cherche à les éviter.

Qui pourra poser un diagnostic ?
Un logopède spécialisé vers lequel le CPMS pourra orienter l’élève. Ce logopède commencera sans doute par mesurer les compétences mathématiques de base. Cela lui permettra de comprendre ce qui pose problème et de déterminer l’étape à faciliter dans le développement numérique.

En utilisant certains outils et méthodes, en l’amenant peu à peu à utiliser des stratégies plus matures, il pourra aider l’élève non pas à guérir de la dyscalculie, mais à améliorer son niveau, à réduire l’écart avec le reste de la classe et, si possible, à améliorer sa confiance en soi.

Pour vérifier que ces difficultés sont bien liées à une dyscalculie et pas à un problème d’intelligence globale, le logopède pourra demander au CPMS ou à un (neuro)psychologue de mesurer le QI de l’enfant.

Que faire face à un enfant qui « patauge » ainsi dans les apprentissages mathématiques ?
Je pense qu’en 2e et 3e maternelle, l’instituteur-trice peut proposer des jeux de stimulation numérique, à des enfants qui n’atteignent pas les pré-acquis de base supposés. Sous la forme d’ateliers où ils apprennent à maitriser la comptine numérique orale, à dissocier la dispersion des objets et l’accroissement de la quantité…

À un élève de 4e primaire qui ne comprend pas qu’un quart est plus petit qu’un demi (puisque 4 est plus grand que 2), on proposera d’expérimenter à partir de situations variées (figure, nombre, collection d’objets) pour que le concept soit compris. Pour apprendre le système en base dix, on peut utiliser du matériel manipulable, visible : par exemple des euros, des codes couleurs pour distinguer milliers, centaines, dizaines et unités… Et les positionner dans un tableau reprenant l’organisation spatiale comme dans le code arabe (avec les unités à droite, puis les dizaines plus à gauche, etc.)

Le travail en partenariat avec le logopède est important…
Très important pour que les élèves munis d’outils spécifiques puissent poursuivre des apprentissages, se donner des défis.

Dans les classes primaires, l’enseignant peut autoriser des élèves dyscalculiques à utiliser en classe des outils utilisés par le logopède et qui auront montré leur efficacité. Par exemple, si un enfant comprend bien quelles opérations il devra utiliser pour résoudre un problème, mais « bloque » sur la mémorisation des tables de multiplication, pourquoi ne pas fixer une grille des tables sur son bureau ? Pour un autre, ce sera un aide-mémoire détaillé rappelant les étapes à suivre pour résoudre un problème (lecture de l’énoncé, soulignage de certains mots…).

Comme on ne peut pas guérir la dyscalculie, je pense qu’il faut en tenir compte tout au long de la scolarité obligatoire. Notamment lors de la délibération de fin de secondaire pour un élève qui a choisi une orientation dans laquelle les mathématiques ne seront pas au cœur de la formation.

C. M.

Pour en savoir plus

• FAYOL M., L’acquisition du nombre, Paris, Presses universitaires de France, 25013, coll. « Que sais-je ? », n° 3941.

• HABIB M., NOEL M.-P., GEORGE F., BRUN V., Calcul et dyscalculies. Des modèles à la rééducation, Paris, éditions Masson, 2011.

• HELAYEL J., CAUSSE-MERGUI I., 100 idées pour aider les élèves dyscalculiques, Paris, éditions Tom Pousse, 2011.

 

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