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Magazine PROF n°30

 

Coté psy 

Adapter l’école aux élèves avec autisme

Article publié le 01 / 06 / 2016.

Dans l’enseignement spécialisé ou dans l’ordinaire, des enseignants ont développé une pédagogie adaptée à des élèves souffrant de troubles du spectre de l’autisme.

Dans ces classes de l’École secondaire spécialisée Les Fantastiques, à Louvain-la-Neuve, chaque élève a pris ses aises et ses marques, choisissant son espace. Sur le mur, devant le bureau de Noah, un panneau lui rappelle les repères de la journée.

La logopède de l'Ecole Les Fantastiques concrétise les apprentissages par des jeux.
La logopède de l'Ecole Les Fantastiques concrétise les apprentissages par des jeux.
© PROF/FWB

Ces aménagements répondent aux besoins de ces huit adolescents de 13 à 17 ans, présentant tous des troubles du spectre de l’autisme. À des degrés d’intensité variables selon la gravité du trouble et l’âge, l’autisme se manifeste par certaines caractéristiques. Comme l’altération de la qualité des relations sociales et de la communication, des comportements répétitifs et des intérêts restreints (1).

Dans l’enseignement spécialisé, des écoles maternelles (57), primaires (59) et secondaires (45) organisent des classes adaptées pour ces élèves. Ces classes ont adopté des principes du programme éducatif Teacch (Treatment and Education of Autistic and related Communications handicapped Children).

L’objectif est de rendre l’enfant le plus autonome possible et de lui donner des stratégies de communication pour comprendre son milieu de vie et se faire comprendre de son entourage. Concrètement, on met en place un environnement stable et prévisible, en structurant la classe en espaces dédiés à des activités précises, en accordant la priorité au visuel (dessins, objets…) et en misant sur la routine pour organiser l’emploi du temps.

Des ateliers, des sorties…

Corentin Bury est un des enseignants des Fantastiques, école née en 2013 et devenue en septembre 2015 une implantation de l’École secondaire d’enseignement spécialisé Jean Bosco, de Chastre. « Nous nous adaptons à l’âge, au niveau scolaire et au degré d’autonomie de chaque élève, explique-t-il. Après le passage du CEB, deux de ces jeunes pourraient gagner l’enseignement professionnel ou un enseignement spécialisé de forme 4 (correspondant au secondaire ordinaire). D’autres, peu autonomes, ont besoin d’un accompagnement régulier ».

Instituteur primaire, M. Bury a enseigné dans plusieurs écoles spécialisées, et diverses formations et lectures lui ont permis de mieux connaître l’autisme. « La plupart du temps, les élèves se répartissent, par groupes, dans les locaux. Beaucoup aiment travailler les maths ou le français à partir d’exercices à leur niveau sur l’ordinateur. Ils peuvent immédiatement y vérifier si les réponses sont correctes, ce qui les rassure. »

« La logopède propose des jeux, des situations très concrètes. Des ateliers (cuisine, arts plastiques,…), des sorties (marché, expositions…) concrétisent les apprentissages de base. Par exemple, pour aider un élève à passer d’exercices théoriques à l’utilisation quotidienne de l’argent, nous l’avons nommé responsable d’une des collations hebdomadaires, et nous l’accompagnons au marché ».

Du matériel très concret

L’École communale de Warcoing accueille des élèves autistes en intégration. « Deux élèves tuteurs encadrent les deux enfants accueillis de ma classe de 3e primaire, explique Delphine Lefebvre, institutrice en 3-4e, qui a travaillé dans l’enseignement spécialisé. La logopède qui accompagne l’un d’eux durant quatre périodes hebdomadaire revoit les différentes matières avec du matériel très concret (des lettres illustrées, par exemple). L’autre, souffrant du syndrome d’Asperger, est très lent ; je lui accorde davantage de temps pour les activités et je travaille avec lui pour l’aider à se mettre à niveau. Accueillir ces élèves m’amène à rendre les apprentissages plus concrets, ce dont tous les élèves bénéficient».

Catherine MOREAU

(1) Lire « Un élève avec autisme décode difficilement nos mots, nos émotions » dans notre numéro 18 de juin 2013, p. 38-39. http://www.enseignement.be/prof

 

Unis face à l’autisme

Fin avril 2016, la Fédération Wallonie-Bruxelles et les Régions wallonne et bruxelloise ont adopté le plan transversal Autisme 2016-2020 (1). L’objectif ? Coordonner les actions des secteurs du handicap, de la santé mentale, de la petite enfance et de l’enseignement, pour améliorer la prise en charge et les conditions de vie des personnes concernées par l’autisme (enfants, adultes, familles…).

Certaines mesures concernent notamment ou en particulier l’enseignement. Comme la réalisation, prévue pour cet automne, d’un état des lieux du manque de solution pour les personnes atteintes d’autisme ou de handicap de grande dépendance. Et une meilleure information des professionnels : début 2017, http://www.enseignement.be centralisera sur une page spécifique toutes les informations relatives à l’autisme. La formation continuée des enseignants (notamment) sera renforcée et complétée par la constitution de groupes de parole.

Le plan prévoit aussi de développer au moins un projet-pilote de classe spécialisée dans l’enseignement ordinaire, avec un encadrement plus important. Les conclusions d’un comité de suivi serviraient à déterminer de meilleures normes d’encadrement et des critères d’organisation de la pédagogie adaptée pour des élèves autistes.

Par ailleurs, deux nouvelles classes spécialisées vont voir le jour à Uccle et de nouvelles places dans l’enseignement spécialisé de type 2 sont prévues à Ixelles (où une nouvelle école accueillera 60 enfants dès septembre), à Berchem-Sainte-Agathe ainsi que dans le Brabant wallon.

Une autre mesure : à l’image du dossier médical global, le carnet ONE, informatisé, suivra l’enfant dans son parcours scolaire et permettra d’alimenter le Plan individuel d’apprentissage de l’enseignement spécialisé.

C. M.

(1) http://bit.ly/1WK06uD

S’informer et se former

L’Institut de la Formation en cours de Carrière (IFC) propose plusieurs formations liées à l’autisme. Les unes forment aux pédagogies adaptées (Teacch, développement de la communication verbale et non verbale, pédagogie adaptée aux élèves porteurs d’autisme de haut niveau ou du syndrome d’Asperger…). D’autres proposent des partages de pratiques Teacch mises en place avec les élèves ou, plus largement, une formation pour aider les enseignants à gérer les troubles de comportement. http://www.ifc.cfwb.be

Le site www.participate-autisme.be propose des informations, stratégies d’éducation, une bibliographie, un guide pratique pour trouver et transmettre des informations sur l’autisme de l’enfant.

Le Service universitaire spécialisé pour personnes avec autisme (SUSA) recense, sur son site http://www.susa.be/ bon nombre de livres et d’ouvrages didactiques sur l’autisme.

FLOOR A., Élèves« Dys », TDA/H, HP… :au-delà des discours, quels outils pour les enseignants et les professionnels de la santé ?, étude de l’Ufapec, 2015. http://www.bit.ly/27H8zCM

VERMEULEN P., DEGRIECK S., Mon enfant est autiste. Un guide pour parents, enseignants et soignants, Louvain-la-Neuve, De Boeck, 2010.

VERMEULEN P., Comment pense une personne autiste ?, Paris, Dunod, 2014.

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