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Magazine PROF n°28

 

L'acteur 

Yves Claeys : « La clé, c’est le respect, l’empathie »

Article publié le 01 / 12 / 2015.

Voilà six ans qu’Yves Claeys enseigne dans un Dispositif d’accueil et de scolarisation des élèves primo-arrivants (Daspa) au Centre provincial d’enseignement secondaire, à Jodoigne.

PROF : L’enseignement, une vocation ?
Yves Claeys :
Tardive. Pendant une vingtaine d’années, j’ai calculé l'équilibrage et la masse d'avions au décollage pour la Sabena. J’ai pu visiter des régions moins touristiques comme l’Asie centrale, découvrir d'autres cultures et modes de vie. Après la faillite de la compagnie aérienne, j’ai repris des études d'instituteur primaire. Lors d’un stage dans une classe au Centre Fédasil, j’ai retrouvé des couleurs et des accents connus. Puis, diplômé, j’ai été engagé dans la classe-passerelle, devenue aujourd’hui Daspa (1), qui s'ouvrait ici, dans l’enseignement secondaire, au Cepes, à Jodoigne.

Yves Claeys : « La clé, c'est le respect, l'empathie ».
Yves Claeys : « La clé, c'est le respect, l'empathie ».
© PROF/FWB

Un Daspa qui accueille de plus en plus d’élèves…
Oui : cette année, ils sont entre trente et quarante, de 12 à 18 ans (contre douze l'an dernier), dans trois classes où ils suivent des cours intensifs de français et de maths. Essentiellement des mineurs non accompagnés afghans, syriens, irakiens, somaliens... hébergés au Centre Fédasil.

Un des écueils réside dans les outils d’apprentissage du français…
Oui, difficile d’utiliser avec ces adolescents des livres pour enfants ou pour adultes, avec des contenus inadaptés. J'ai notamment contacté un enseignant en Daspa  qui a créé une méthode d’alphabétisation pour des jeunes (2). Je puise partout pour construire mes propres séquences, en utilisant, au besoin, le dessin ou le mime.

Pour vous adapter sans cesse à des élèves de niveaux très différents ?
En effet, ils arrivent à tout moment de l’année. Pour certains, jamais scolarisés, il faut apprendre à tenir un bic et à rester assis durant cinquante minutes ! D’autres ne maitrisent ni alphabet, ni calligraphie. À des jeunes francophones venus de Côte d'Ivoire ou de Guinée, je demande de présenter oralement un texte lu. Cela permet à d’autres de s'imprégner de la musicalité de la langue.

L’entraide s’installe aussi, naturellement. Un élève n’hésitera pas à donner des explications en pachto, en ouzbek, en farsi à un autre qui peine dans un exercice.

Quels sont les rapports avec l’équipe du centre Fédasil ? Et avec celle du Cepes ?
Pour mieux communiquer avec les éducateurs et le responsable scolaire, j'ai créé un carnet où je consigne des informations sur les progrès dans les apprentissages et sur le comportement de chaque élève. Cela facilite aussi le travail des bénévoles qui viennent au centre encadrer les jeunes dans leurs travaux scolaires.

Pour aider mes élèves à s’intégrer dans les classes ordinaires, je leur présente leurs enseignants, leur éducateur,… Et je voudrais créer un système de tutorat par des élèves de cinquième ou sixième.

Ce qui vous motive ?
C’est sûr qu’il y a beaucoup de va-et-vient en Daspa. Mais ce qui est passionnant, ce sont les relations tissées avec eux. Certains élèves ont un vécu très lourd à porter. En se confiant, ils se sentent plus à l’aise et je peux mieux cibler leurs difficultés. La clé, c'est le respect, l'empathie.

Pour la plupart, l'école représente une chance d’avenir. Des élèves proposent de porter mon sac, me remercient après la journée… Des images plutôt révolues, non ?

Propos recueillis par
CATHERINE MOREAU

(1) Les Daspa visent l’accueil, l’orientation et l’insertion d’élèves primo arrivants de 2 ans et demi à 18 ans, arrivés en Belgique depuis moins d’un an. Pendant une période d’une semaine à douze mois (avec un allongement possible à 18 mois), ces élèves reçoivent un accompagnement scolaire et pédagogique adapté à leur profil d’apprentissage avant de « raccrocher » à une scolarisation classique. Vu l’afflux de candidats réfugiés, cinq nouveaux Daspa se sont ajoutés aux 64 dispositifs existants. http://bit.ly/1kut1SV
(2) Lire « Une méthode à quatre mains », dans notre numéro de mars 2012.

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