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Magazine PROF n°28

 

Focus 

Réfléchir à ses responsabilités de consommateurs

Article publié le 01 / 12 / 2015.

Seize élèves de sixième secondaire du Lycée technique provincial Jean Boets, à Liège, s’envoleront au printemps pour le Burkina Faso. C’est l’aboutissement d’un projet d’éducation à la citoyenneté mondiale mené depuis deux ans.

Un peu de maraichage en Belgique avant de s’insérer dans un projet similaire au Burkina Faso.
Un peu de maraichage en Belgique avant de s’insérer dans un projet similaire au Burkina Faso.
© Laure Derenne/DBA

Une affirmation : « Ce que je mange ne regarde que moi ». Voilà qui invite ces élèves 6e technique de qualification sciences sociales à réagir. D’accord ? Pas d’accord ? Des nuances ? « Il y a toujours des répercussions sauf si on cultive soi-même son potager », argumente Arnaud. Pour Brandon, « des paysans du Sud élèvent du bétail que nous mangeons ici et ne peuvent plus produire de quoi se nourrir ». Et l’enseignante, Aude Benazzi, de souligner ce paradoxe : sur les 868 millions de personnes souffrant de malnutrition sur la planète, 70\% sont des agriculteurs !

« Sauver le monde »

Passionnée par les thèmes de l’immigration et de l’impact de notre consommation sur les populations du Sud, Mme Benazzi explique que de nombreux élèves choisissent l’option sciences sociales avec l’objectif de « sauver le monde ». « D’où l’importance de les faire réfléchir aux raisons et aux conséquences de l’aide : donner à celui qui ne peut que recevoir apporte sans doute le sentiment positif de réduire l’injustice mais place le bénéficiaire en position inférieure ».

Dans le cadre de son cours de sciences sociales (cinq périodes hebdomadaires dont deux de travaux pratiques), Mme Benazzi participe depuis plusieurs années déjà à des projets soutenus par Annoncer la couleur, programme fédéral d’éducation à la citoyenneté mondiale.

Échanger opinions et savoirs

L’an dernier, les classes de 5e TQ et TT sciences sociales ont travaillé le thème de la souveraineté alimentaire. Les élèves se sont notamment mués en défenseurs des entreprises agro-industrielles ou des petits exploitants familiaux lors d’un « tribunal de l’agriculture ». Le film Je mange donc je suis, de Vincent Bruno, leur a montré les problèmes communs en Europe, en Afrique ou au Brésil. Dans la foulée, ils ont participé à une animation sur le commerce équitable et analysé leur propre consommation.

Notamment par une recherche sur des associations actives dans ce domaine, suivie d’une présentation en classe. Ou par une réflexion sur les enjeux et impacts du partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (en cours de négociation entre Europe et Etats-Unis) sur les normes sociales et environnementales.

Autre thème : les migrations internationales. « Quelles sont les deux nationalités les plus présentes en Belgique, les deux continents qui accueillent le plus de demandeurs d’asile ? À combien d’entre eux la Belgique accorde-t-elle le statut de réfugiés en une année ? », demande l’enseignante. Les jeunes se sont rendu compte que les croyances véhiculées autour d’eux sont erronées.

Avec le professeur, ils ont déconstruit ces préjugés avant d’analyser l’historique des migrations et le parcours d’un demandeur d’asile en Belgique. L’enseignante a également invité en classe un demandeur d’asile, un animateur du centre d’accueil de la Croix-Rouge, à Ans, et le représentant d’une ASBL travaillant dans ce domaine.

Pour amener ses élèves à réfléchir à la démarche d’aide, Mme Benazzi a choisi  le documentaire AIDedependence sur la portée et l’utilité de l’aide internationale à Haïti. Puis, la vision d’un autre reportage sur les réseaux d’échanges réciproques de savoirs, initiés en France dans les années ‘70 par Claire et Marc Héber-Sufrin a débouché sur une initiative semblable au sein de la classe.

« Il s’agissait de mettre en avant ce que chaque élève sait et lui permettre de l’offrir à un autre. Et, par là, de valoriser chacun en tant que porteur de savoirs », détaille la professeure de sciences sociales. Ce réseau a pris des formes diverses : échanges de savoirs scolaires, mais aussi initiation aux percussions, à la lutte, jeux de cartes araméens, salutations en turc…

Voir l’Afrique autrement

En juin 2015, l’école a été sélectionnée pour participer à Move with Africa (1), projet lancé par La Libre Belgique en collaboration avec une dizaine d’organisations non gouvernementales. Cette action de sensibilisation à l’interculturalité et à la citoyenneté mondiale par le biais de la coopération au développement concerne quelques 200 élèves du troisième degré de l’enseignement secondaire et des professeurs.

Durant les vacances de printemps 2016, seize élèves volontaires des deux classes (de transition et de qualification) de 6e sciences sociales du lycée liégeois s’envoleront pour le Burkina Faso, avec les professeures de sciences sociales, de religion et la responsable des projets dans l’école. « Ce projet a pour but de renverser l’habituelle manière de voir l’Afrique trop souvent réduite à un continent en attente d’aide, précise Mme Benazzi. Nous rencontrerons des jeunes Burkinabés et nous nous insèrerons dans un projet de maraichage. Nous sommes convaincus que les jeunes reviendront enrichis par cette expérience et avec un tout autre regard sur l’aide et les besoins ».

Les participants travailleront aussi en duo avec un travailleur local (cordonnier, couturier,…) et rencontreront une ONG locale, Asmade, qui privilégie l’information, la formation et l’éducation.

Arnaud, en 6e qualification sciences sociales, sera du voyage. « Je pars pour avoir une expérience de vie, confie-t-il. Et pour me faire mon propre avis sur l’Afrique, pas seulement celui que nous donnent les médias ». Pour Pauline, il s’agira de « me recentrer sur des choses plus importantes que ce qu’on vit ici et entrer plus facilement en contact avec les gens. J’ai déjà eu l’occasion d’aller au Bénin et ça m’a fait grandir… »

Le voyage concerne une partie des jeunes des deux classes, formés par l’ONG Défi Belgique Afrique. Mais la préparation englobe l’ensemble des élèves. Via d’autres cours - histoire géographie, religion, morale… - et diverses animations. Comme une rencontre et un après-midi de travail avec des maraichers bio de la région. « Une occasion supplémentaire de partager l’expérience de petits producteurs d’ici et de réfléchir à la souveraineté alimentaire », explique l’enseignante.

Mme Benazzi conclut : « Plus globalement, ces projets d’éducation à la citoyenneté mondiale amènent des changements de pensée et de comportements au sein de l’école. Avec le soutien de la Province, certains élèves et professeurs se questionnent sur le contenu des distributeurs de boissons et de nourriture. De nouveaux aliments locaux, bio et équitables sont maintenant proposés. Nous projetons de proposer de la soupe produite par des agriculteurs bio de la région et d’utiliser des gobelets recyclables lors des réunions de professeurs ».

Catherine MOREAU

(1) http://bit.ly/1VWfTH3

Une brochure, des centaines d’activités

La brochure La solidarité internationale en classe répertorie et détaille les outils pédagogiques proposés par 29 ONG belges pour l’enseignement maternel, fondamental et secondaire. S’y ajoutent les animations en classe, l’accompagnement des projets et les formations pour les enseignants. http://bit.ly/200iHm0

 

Des écoles réceptives ?

L’école forme-t-elle les élèves à la citoyenneté mondiale? Apprend-elle à comprendre les interdépendances mondiales pour agir en citoyens responsables et créer un monde plus juste ?

Pour répondre à cette question, Annoncer la Couleur a fait réaliser une enquête (1) basée sur les interviews d’enseignants, de directeurs et d’élèves de 25 écoles et sur les 400 réponses à un questionnaire en ligne.

Les résultats montrent que les acteurs spécialisés (comme les ONG) parviennent à implanter des pratiques intéressantes et durables dans peu d’écoles. L’étude a donc cherché, du côté des écoles et des ONG, ce qui fait obstacle ou favorise l’ÉCM.

Selon cette analyse, les écoles s’engagent dans ces projets s’ils servent leurs intérêts et préoccupations : les projets améliorent leur image sur le « marché scolaire » et/ou la dynamique entre les membres de l’équipe éducative.

Les acteurs spécialisés doivent donc les convaincre que ces projets les aideront à atteindre ces objectifs. En partant des réalités de l’école et en construisant des projets interdisciplinaires les enseignants aideront ainsi les élèves à augmenter leur « capital  citoyen » et à transférer leurs connaissances à d’autres thèmes et à d’autres niveaux géographiques.

(1) L’éducation à la citoyenneté mondiale dans les établissements de l’enseignement secondaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles http://bit.ly/1NjPFai

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