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Magazine PROF n°27

 

L'info 

Révolution ou ravalement de façade ?

Article publié le 01 / 09 / 2015.

Fin aout, plusieurs centaines d’acteurs de l’enseignement ont assisté à quatre matinées de présentation et de débat autour du Pacte pour un Enseignement d’excellence, qui entame une phase participative. Florilège de réactions recueillies lors de la première matinée.

Lundi 24 aout 2015, 9 h, à l’Athénée d’Uccle 2. Cent-vingt-cinq acteurs de l’enseignement, professeurs, inspecteurs, éducateurs, agents de CPMS,… se concentrent sur l’exposé qui introduit la première matinée d’information sur le Pacte pour un Enseignement d’excellence et sa phase participative.

Fin aout 2015, des enseignants participent à la réflexion sur le Pacte pour en enseignement d'excellence.
Fin aout 2015, des enseignants participent à la réflexion sur le Pacte pour en enseignement d'excellence.
© PROF/FWB/Jean Poucet

Place ensuite aux ateliers centrés les axes de travail (lire « Parer à l’ennui des élèves et réenchanter les enseignants »). « Comment trouvera-t-on le temps de voir nos programmes et d’y ajouter de la citoyenneté, de l’initiation numérique,… ? », déclare un participant à l’atelier « Savoirs et compétences ». Selon un directeur d’école primaire, « ce plan concerne davantage le secondaire et semble ne pas tenir compte des plans précédents comme celui qui devait rendre tous nos élèves bilingues ».

Certains remettent en question des options du Pacte : « On privilégie l’oralité dans l’apprentissage des langues. Mais l’écrit reste un support de l’apprentissage et une compétence importante dans les entreprises. Et comment faire de la conversation avec 25 élèves ? » ; « Doit-on s’adapter aux besoins des entreprises, au risque de diminuer la formation à la vie en société ?»

L’animateur invite ensuite à pointer des priorités. « Le Pacte aura un effet sur les référentiels et les programmes. Attention à la cohérence interne et transdisciplinaire ». « Revenons à l’essentiel en maths et en français, quitte à revoir la façon d’enseigner ces branches ». « Comment concilier l’élaboration d’un tronc commun et l’attention aux parcours des élèves et à leur volonté parfois d’entrer vite dans le concret ? »

Enfin, les participants listent des bonnes pratiques : recréation du plaisir de vivre à l’école, heures de concertation dans le secondaire, mise en place de personnes-ressources pour les TIC...

Briser l’isolement des jeunes enseignants

La même méthodologie est proposée à un autre groupe sur le thème « Acteurs de l’enseignement ». Vaste sujet qui englobe la carrière, la transformation du métier, la formation initiale et continue et l’ouverture de l’école vers l’extérieur.

Parmi les priorités exprimées: une formation initiale qui prend davantage l’aspect relationnel du métier, et un accompagnement en début de carrière. « Pourquoi ne pas offrir la possibilité de la débuter en alternant de longs stages à l’école et des retours vers les formateurs en haute école pour des débriefings ? ».

Plébiscitée aussi, une meilleure communication :« Remonter le moral des troupes, c’est donner des informations précises, pratico-pratiques, dans un langage clair, pour que chaque enseignant puisse construire des ponts avec son vécu en classe et se sentir valorisé », explique une inspectrice. Une autre participante évoque la nécessité de disposer d’un cadre clair dans lequel l’autonomie pédagogique peut s’exercer. D’autres citeront encore la nécessité d’engager des éducateurs dans le fondamental et de créer un climat de confiance réciproque avec les parents.

Enfin, parmi les bonnes pratiques à promouvoir, citons des groupes classes plus restreints et la possibilité de travailler en équipe et en concertation au sein des plages horaires.

Un Pacte à co-construire

Toutes ces contributions et bien d’autres seront encodées sur le site du Pacte. Les organisateurs l’assurent, elles seront toutes prises en compte et chacun peut intervenir. Car la richesse du Pacte ne se conçoit qu’à l’aune de la participation des acteurs de terrain. À chacun de choisir des pinceaux pour ravaler la façade de l’école ou des outils plus conséquents et plus nombreux pour entamer une véritable restauration, voire une réelle révolution.

Patrick DELMÉE et Catherine MOREAU

 

Entre intérêt et questionnements

Copieux, dense, ambitieux. Voilà les qualificatifs les plus fréquemment associés à ce Pacte pour un Enseignement d’excellence. « Il témoigne d’une prise de conscience, au sommet, des améliorations, parfois urgentes, à apporter sur le terrain. Et il répond au souhait des enseignants d’être entendus, reconnus, de voir leurs besoins pris en compte », note la directrice d’une école fondamentale. Une participante ajoutera que le Pacte reconnait également les agents des CPMS dans la complexité de leurs missions.

Des bémols, tout de même. D’abord sur l’impact qu’aura la parole des acteurs. « Quelle influence aurons-nous ? Quel poids aura notre parole ?, demande cet enseignant bruxellois. Y aura-t-il beaucoup de filtres entre ce que nous exprimons aujourd’hui, et les choix qui seront posés au terme de ce processus participatif ? Et ce vaste chantier à long terme résistera-t-il aux futures législatures ? ». Sur l’un des post-it colorés qui détaillent les propositions des participants à un atelier, l’un d’eux a écrit, non sans une pointe d’humour : «  Prendre en compte les propositions ».

Des interrogations aussi sur les moyens qui seront mis en œuvre pour concrétiser les projets. « On trouve de bonnes idées, pas toujours neuves, dans ce Pacte, comme la revalorisation du qualifiant, la lutte pour donner à tous une même chance de réussite, le développement de l’autonomie et de la créativité. Mais quels sont les moyens de cette ambition en finances, en ressources humaine ? » Et un autre participant de demander si « ce Pacte va « apporter une révolution » ou s’il « mettra une nouvelle couche de peinture sur la façade ?».

Une enseignante y insiste également : si le Pacte pour un Enseignement d’excellence veut redonner de l’oxygène aux enseignants, il faut de la cohérence à tous les niveaux : « Les acteurs de l’école doivent « se l’approprier », prendre conscience de leur rôle, croire aux changements possibles et il faut que les décisions qui seront prises correspondent aux déclarations politiques ».

 

 

Parer à l’ennui des élèves et réenchanter les enseignants

L’amélioration de notre enseignement passera notamment par le «réenchantement des enseignants», suggère le document qui balise la suite des travaux du Pacte pour un Enseignement d’excellence.

Le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’appuiera sur la Synthèse des travaux de la première phase du Pacte pour baliser le boulot – dès septembre - des quatre groupes de travail axés sur les thématiques « savoirs et compétences », « parcours de l’élève », « acteurs de l’enseignement » et « gouvernance ».

Ce document de 55 pages synthétise les apports des deux premiers groupes centrés respectivement sur les « sens, valeurs, objectifs et mission de l’école au 21e siècle » et sur un « état des lieux », lui-même complété par un rapport de consultance de la société Mc Kinsey. Tous ces documents sont téléchargeables (1). La synthèse reprend pour chacune des quatre thématiques évoquées ci-dessus des éléments de prospective et de diagnostic. Morceaux choisis.

1. Savoirs et compétences

Premier défi : « renouer avec le désir et le plaisir d’apprendre » en renforçant le sens des savoirs scolaires. En substance, il s’agit de faire comprendre aux élèves la plus-value de ce qu’il apprend à l’école par rapport aux informations brutes dont il est submergé. Le cœur de ce chapitre remet en question l’approche par compétences. « À l’approche ‘socles de compétences’ qui a montré ses limites doit être préférée une organisation harmonisée du curriculum qui doit reposer sur des référentiels et programmes cohérents, précis et explicites… ».

Par ailleurs, la note pointe et regrette de façon répétée « la variabilité des curriculums ». Autrement dit, « d’une école à l’autre, d’une classe à l’autre, les élèves n’apprennent pas toujours la même chose et ne sont dès lors pas évalués à l’aune des mêmes critères, et ce même en ce qui concerne des domaines ou des apprentissages considérés comme essentiels ». Et de plaider pour un renforcement des évaluations externes certificatives.

2. Parcours de l’élève

L’évaluation revient en force dans le chapitre consacré aux parcours des élèves, où l’enjeu majeur est la lutte contre l’échec et le décrochage. « Afin que la logique de base du fonctionnement de l’école ne soit plus celle du tri progressif des meilleurs, il conviendrait de mettre en place un suivi personnalisé de l’élève, d’instaurer un dispositif de diagnostic précoce des difficultés des élèves et d’y associer des dispositifs de renforcement et de remédiation diversifiés, et de réviser les modalités d’orientation des enfants à besoins spécifiques vers l’enseignement spécialisé ».

Le continuum pédagogique et le tronc commun « véritablement polytechnique » tiennent une large place, sans que soit vidée la question de l’âge (jusqu’à 14, 15 ou 16 ans ?). Quant à la lutte contre les inégalités, elle revient comme un leitmotiv quasiment à chaque page du document, qui rappelle que les différences sociales et académiques (les résultats des élèves) entre établissements sont imbriquées.

Il est aussi question de l’hétérogénéité des classes, qui fait débat. « Le modèle de la séparation suit une logique pédagogique selon laquelle il serait plus efficace de rassembler des élèves de niveaux scolaires proches » alors que « certaines recherches constatent qu’il est à la fois peu efficace et peu équitable ». Et encore : « face à une réforme destinée à contrer les mécanismes liés à la séparation [des élèves, par niveaux], les acteurs ont tendance à compenser les effets de la réforme en mettant en œuvre des stratégies alternatives de différenciation des élèves. »

3. Les Acteurs de l’enseignement

La note insiste dès son introduction : « on ne changera pas l’école par décret ». Son chapitre consacré aux acteurs évoque rien moins qu’un « réenchantement » des enseignants « en leur permettant de retrouver la possession de leur métier », dans un cadre renouvelé : « la liberté d’agencer les moyens pour atteindre les objectifs fixés, en les responsabilisant dans leur professionnalité et en les stimulant dans leur inventivité collective ».

Chaque mot compte dans cette première phrase d’un chapitre où il est question de la transformation du métier, qui suppose plus que jamais des enseignants mieux formés et travaillant en équipe. « Le métier d’enseignant étant d’une grande complexité implique que les pratiques enseignantes ne peuvent pas évoluer uniquement par des préconisations, aussi précises soient-elles, mais demandent une formation de haut niveau ».

4. La Gouvernance

Ici aussi, il est question de renforcer l’autonomie (des PO, des associations de PO et des établissements), mais « sur la base d’un cadre mettant l’accent sur l’évaluation et les outils de pilotage et réalisé par l’intermédiaire de la contractualisation ». Pour y arriver, encore faut-il disposer de données statistiques qui restent encore trop parcellaires ou trop peu connectées.

Par ailleurs, selon la note, les évaluations externes sont vues comme « un des éléments de gouvernance permettant d’assurer l’amélioration de la qualité de l’enseignement », surtout si l’analyse des résultats débouche sur des plans d’actions aux niveaux des établissements et équipes pédagogiques. À cet égard, le document observe qu’à populations similaires, des établissements obtiennent des résultats sensiblement différents, et qu’il serait « utile d’observer de près les établissements qui parviennent à relever le défi de la lutte contre les inégalités ».

La direction étant, après l’enseignant, un facteur décisif de la qualité de l’enseignement, la note plaide pour le développement d’un leadership favorisant le travail collaboratif et « des méthodes participatives, pilotées par les PO, avec l’appui des organes de représentation et de coordination, et dans le respect des règles de la concertation sociale ». Dans sa partie diagnostique, ce chapitre pointe la faible attractivité de la fonction de direction, mais aussi sa faible marge de manœuvre.

Didier CATTEAU

(1) http://www.pactedexcellence.be (> documents à télécharger)

 

 

Et la suite ?

Place maintenant, et jusqu’en mars 2016, aux quatre groupes de travail axés sur « Savoirs et compétences », « Parcours de l’élève », « Acteurs de l’enseignement » et « Gouvernance ». Il y aura des sous-groupes et des rencontres thématiques décentralisées avec les acteurs de terrain.

Ces groupes auront pour mission d’élaborer des plans d’actions - concrets, pluriannuels, dotés d’un mécanisme de suivi et d’évaluation - soumis au Gouvernement au début de l’été 2016.

Pour impliquer les acteurs de terrain, il y aura des actions d’information, de consultation et d’implication des enseignants, des directions, des équipes d’accompagnement, des parents et des élèves, tant durant les travaux des quatre groupes (septembre-mars) qu’à propos des plans d’actions qui en sortiront (avril-juin 2016).

Quatre journées de rencontres sont d’ailleurs déjà prévues du 14 au 18 octobre, dans le cadre du Salon Éducation, à Charleroi. Toutes les informations relatives à ces actions seront relayées par le site du Pacte (1).

Des contributions individuelles ou collectives peuvent être postées sur le site. Les équipes pédagogiques sont également invitées à élaborer - le cas échéant au cours de journées de formation « micro » ou en concertation - une ou des contributions relatives aux différentes thématiques.

(1) http://www.pactedexcellence.be

 

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