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Magazine PROF n°26

 

L'info 

Plus précoce est l’entrée à l’école, mieux c’est…

Article publié le 01 / 06 / 2015.

Faut-il abaisser l’âge de l’obligation scolaire ? Souvent évoquée, la question est à nouveau à l’agenda politique.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, l’obligation commence à l’année scolaire qui prend cours dans l’année où l’enfant atteint l’âge de six ans. Ses parents doivent ainsi veiller à ce qu’il soit inscrit et fréquente un établissement organisé, subventionné ou reconnu, ou qu’il remplisse les conditions de l’enseignement à domicile.

Aujourd’hui, un consensus politique existe pour abaisser cet âge. C’est la seule compétence relative à l’enseignement qui reste dévolue au Gouvernement fédéral. À défaut de modification de la loi de 1983 « concernant l’obligation scolaire », la Fédération Wallonie-Bruxelles envisage de créer une condition à l’inscription en primaire.

La Déclaration de politique communautaire l’annonçait : « Le Gouvernement veillera à défendre au niveau fédéral l’obligation scolaire à partir de minimum 5 ans et étudiera l’instauration d’une durée minimale de fréquentation scolaire en maternelle comme condition d’inscription en 1re primaire » (1).

En avril, des députés de la majorité ont proposé au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles une résolution allant dans ce sens. La ministre de l’Éducation a lancé le débat sur un minimum de 220 demi-jours. Cela se fait déjà en Flandre et les élèves qui ne respectent pas cette condition doivent passer un test de compréhension du néerlandais (2).

Ailleurs en Europe?

Qu’en est-il à l’échelle de l’Europe ? Selon une étude du réseau Euridyce (3), en 2010-2011, vingt systèmes scolaires imposent une obligation scolaire à partir de 6 ans ; trois pays (ou régions) avant 5 ans (Chypre à 4,5 ans, le Luxembourg et l’Irlande du Nord à 4 ans) ; huit à 5 ans ; et quatre à partir de 7 ans.

Le taux de scolarisation à 3 ans est, lui, plus décousu. En 2012, des pays comme le Danemark arrivent à 97 %, mais d’autres comme l’Irlande sont à 41 %, indique une étude de la Ligue des Familles (4). Selon Les indicateurs de l’enseignement (5), en Fédération Wallonie-Bruxelles, 43 % des enfants sont inscrits en maternelle dès 2 ans et demi, et entre 95,9 et 96,9 % entre 3 et 5 ans.

Mais scolarisation ne veut pas dire fréquentation. Quel public ne vient pas à l’école ? Les élèves ne fréquentant pas l’enseignement maternel semblent surtout issus de milieux défavorisés ou ne parlant pas le français chez eux (6).

Les raisons d'abaisser l'âge de l'obligation

Pourquoi abaisser l’âge de l’obligation ? Pour la députée Marie-Martine Schyns, « l’enjeu, c’est l’apprentissage du vivre ensemble et l’intériorisation par l’enfant des codes de l’école, et en particulier de la langue de l’enseignement ».

Dans leur livre Les familles défavorisées à l’épreuve de l’école maternelle, Éric Mangez, Magali Joseph et Bernard Delvaux (7) énumèrent différentes sources, selon lesquelles « l’enseignement préscolaire constitue un cadre où se joue déjà en partie la carrière scolaire de l’enfant ».

« La scolarisation précoce des enfants permet une meilleure conciliation vie professionnelle - vie familiale, ajoute La Ligue des Familles. Et faire venir les enfants plus tôt à l’école permet de créer du lien social (entre parents, entre enfants) et de lutter contre l’exclusion sociale ».

La sociologue Danielle Mouraux insiste : « Il est indispensable que tous les enfants apprennent le plus tôt possible le métier d’élève, sur le plan physique, intellectuel et émotif. En maternelle, l’absence de pression forte de la part des adultes en attente de résultats est un facteur positif. Mais, il est indispensable que les enseignants s’adaptent à chaque élève pour lui faciliter le passage quotidien de son statut d’enfant à celui d’apprenant la langue, l’écriture, la lecture, l’abstraction, en groupe. Au-delà de la dimension psycho-pédagogique, il faut aussi être attentif à la dimension sociale et culturelle, de tous les acteurs de l’école et plus particulièrement pour les enfants précarisés ».

C’est d’ailleurs l’objet d’un programme soutenu par la Fondation Roi Baudouin : des équipes de formateurs d’enseignants ont développé des projets pilotes visant à sensibiliser les étudiant(e)s des sections préscolaires à leur rôle déterminant dans le soutien des enfants de milieux précarisés, d’origine belge ou étrangère (8).

Patrick DELMÉE

(1) Fédérer pour réussir 2014-2019, p. 19. Texte complet via http://gouvernement.cfwb.be/d-claration-de-politique-communautaire-2014-2019-f-d-rer-pour-r-ussir
(2) http://www.flandre.be/fr/etudier/obligation-scolaire
(3)  Chiffres clés de l’éducation en Europe – 2012. Coordonné et géré par l'Agence exécutive « Éducation, Audiovisuel et Culture » de l'Union européenne, le réseau Eurydice fournit de l'information sur les systèmes éducatifs européens ainsi qu'une analyse de ces systèmes et des politiques menées en la matière. http://bit.ly/1djsH2J
(4) Enseignement maternel : abaisser l’obligation scolaire ?, La Ligue des familles, 2014, http://bit.ly/1FDAtnZ
(5) Les indicateurs de l’enseignement, Fédération Wallonie-Bruxelles, 2014, p. 13. http://bit.ly/1F3fkOv
(6) BAY S. (dir. A. Dubois et E. Mangez), La fréquentation de l'école maternelle francophone en Région de Bruxelles-Capitale, CERE, 2010, http://bit.ly/1GrsUzy
(7) MANGEZ É., JOSEPH M., DELVAUX B., Les familles défavorisées à l’épreuve de l’école maternelle, Cerisis UCL, 2002. http://bit.ly/1c71mmr
(8) École maternelle, pauvreté et diversité culturelle. Mieux préparer les futurs instituteurs et institutrices préscolaires au soutien des enfants de milieux précarisés, Fondation Roi Baudouin, 2013, https://www.kbs-frb.be/fr/Virtual-Library/2014/310248

 

 

Question de considération

On a parfois tendance à hiérarchiser les niveaux d’enseignement… et les enseignants. « Sans généraliser, certains, surtout parmi les familles précarisées, considèrent peu les difficultés de leurs enfants en préscolaire, estime Patricia Vanderhaegen, institutrice maternelle au Centre scolaire Saint-Barthélémy et maitre de formation à la Haute école libre mosane, à Liège. Ils se disent qu’on verra bien en primaire. De plus, les étudiants en baccalauréat préscolaire disent que leurs parents auraient préféré un niveau d’études plus élevé pour eux… »

Abaisser l’âge de l’obligation scolaire pourrait-il les « revaloriser » aux yeux de l’opinion ? « C’est difficile à dire, nous répond Véronique Degraef, chercheuse au Centre d’études sociologiques de l’Université Saint-Louis, mais il est important de sensibiliser les familles précarisées à l’importance de l’apprentissage précoce et à la nécessité de stabiliser la fréquentation de l’école ».

Par ailleurs, ce manque de considération pour les enseignant(e)s préscolaires semble peu répandu au sein du corps enseignant. Lors des formations qu’elle anime dans les écoles fondamentales, la sociologue Danielle Mouraux constate, elle, un état d’esprit très positif chez les enseignant(e)s préscolaires : « Elles sont fières d’avoir un taux de scolarisation de plus de 95% alors que leur enseignement n’est pas obligatoire. Et elles se sentent valorisées quand elles peuvent montrer à leurs collègues du fondamental toute la richesse de ce qu’elles font ».

 

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