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Magazine PROF n°25

 

Focus 

Du swing, du jazz à Riva-Bella, avec un prix à la clé

Article publié le 01 / 04 / 2015.

Pour remobiliser leurs élèves de première différenciée, deux professeures de français ont lancé un projet basé sur le plaisir d’écouter ou de lire des histoires. Le résultat ? Une dynamique d’école, récompensée par un prix.

En novembre 2014, le projet Swing a obtenu le prix du jury au Forum des Innovations en Éducation (1). « En mars, nous avons été averties de l’appel à projets, explique Nathalie Heymans, professeure de français aux 1er et 2e degrés à l’Athénée royal Riva-Bella (Braine-l’Alleud). Pourquoi pas ? En mai, nous étions sélectionnées ». Et à la remise des prix, « celui du jury était le dernier cité, enchaine sa collègue, Beatriz Cueva Alvarez. L’annonce de notre nom a été une grande émotion, pour nos élèves et pour nous. Et une valorisation ».

Selon les enseignantes, le projet mené dans leur école change la relation avec les élèves. Les leurs, mais aussi ceux de toute l’école.
Selon les enseignantes, le projet mené dans leur école change la relation avec les élèves. Les leurs, mais aussi ceux de toute l’école.
© PROF/FWB

Des livres, de la musique…

Le projet ? En janvier 2014, les élèves ont lu Le Roi du jazz (d’Alain Gerber) au 1er degré et Swing à Berlin (de Christophe Lambert), de la 1re à la 6e. Puis, ils ont analysé les ouvrages et le contexte historique. Des activités musicales ont établi le lien entre des styles de musique et le combat du peuple noir pour l’égalité. Autant d’introductions à la découverte de Nelson Mandela, de Martin Luther King ou de Rosa Parks.

En mai, encadrés par des élèves du 3e degré, ils ont participé à deux jours d’ateliers interdisciplinaires : mur d’expression, calculs autour des notes de musique, expériences sur les sons, découverte des styles de musique, création d’un calendrier de la paix et d’instruments de musique, réalisation de whoopies (sorte de petits gâteaux) en cuisine.

Les aînés en profitaient pour confectionner des reportages vidéos et des articles. L’apothéose ? Un spectacle présenté en juin par des élèves de toute l’école au Centre culturel de Braine-l’Alleud, sur les thèmes de la liberté et de Nelson Mandela.

Mi-janvier 2015, un cameraman rendait visite aux élèves de 2e, pour illustrer le projet sur le site du Forum. L’occasion de refaire des ateliers sur le jazz et le swing et de tirer un bilan. Pour Inès, par exemple, « ce qui m’a plu, c’est de sortir du cadre du cours ; de casser les habitudes ; de rencontrer d’autres élèves, tout à fait inconnus ; d’apprendre l’histoire des esclaves noirs révoltés ». Pour Mehdi : « c’est surtout l’émotion de remporter le prix ; de pouvoir m’exprimer sur une scène, devant un public. C’est aussi l’entraide entre tous les élèves, de la 1re à la 6e ».

Souvenir, souvenir…

C’était aussi l’occasion de se rappeler. « Nous réalisons ce type de projet depuis six ans, détaille Mme Heymans. Nos deux premières 1res différenciées regroupaient chacune dix enfants issus du spécialisé et de 5e et 6e primaires de l’ordinaire. Elles nous avaient mis à bout. Nous avons parié sur un projet, sans avoir plus grand chose à perdre... ».

En écho, Mme Cueva Alvarez raconte : « Nous avons lu L’homme qui plantait des arbres. Et puis, nous avons chaussé nos bottes pour créer un sous-bois près de l’école. La première année, nous avions inclus des points de matière. Depuis la deuxième, nous privilégions la lecture-plaisir, tout en développant des compétences disciplinaires, comme la lecture d’un récit complet, et des compétences transversales ».

La deuxième année a vu aussi la création d’un Conseil de coopération, un espace de parole, avec des règles et des rituels, comme celui d’écrire une phrase signée, qui commence par « Je veux parler de… », « J’ai un problème… » ou « Je veux féliciter… », avant tout débat. Au cours d’un de ces débats, un élève a proposé de travailler sur Le petit Prince.

Remobiliser et responsabiliser

Au début, le but était de remobiliser les élèves. Ensuite, le projet a permis de les responsabiliser : « Trouver et acheter soi-même un livre, apporter du matériel, venir le mercredi après-midi pour préparer le spectacle…, explique Mme Cueva Alvarez. S’engager et respecter son engagement, cela peut paraitre anodin. Ce l’est moins pour certains jeunes aujourd’hui ».

Dans la besace, elle place aussi le plaisir d’écouter ou de lire une histoire. Mme Heymans : « Nous avons été étonnées de l’attention des jeunes quand nous avons lu nos histoires. Pour certains élèves, c’est une découverte. Leurs parents ne leur lisaient pas d’histoires. Pour les autres, c’est une redécouverte. Pour tous, c’est un moment de cocooning. Et le plaisir d’écouter devient plaisir de lire pour connaitre la suite. Et l’an passé, avec le jazz et le swing, nous avons gouté au plaisir de nous donner en spectacle. Et les élèves en redemandent ».

Selon les enseignantes, ce projet change la relation avec les élèves. Les leurs, mais aussi ceux de toute l’école. D’autres n’aiment pas janvier, le mois de la grisaille, où tout le monde est fatigué. Pour elles, c’est le début du projet, qu’elles préparent depuis juillet. C’est l’ambiance de travail qui change. Ce n’est pas facile pour autant. Elles n’ont pas d’heure de concertation et l’organisation générale leur donne quelques cheveux gris.

Mais les deux enseignantes en retirent une satisfaction fabuleuse. Mme Cueva Alvarez : « Un exemple ? Une de nos élèves a une prothèse à un œil. Cela la rend très timide. Un peu avant le spectacle, elle l’a cassée… Avec le soutien du groupe, elle a réussi à oublier son handicap et à monter sur scène avec des lunettes solaires ».

Quand on voit la passion de ces enseignantes, on se demande si un tel projet est transposable. Elles répondent en chœur : « Tout à fait. Et la haute école Francisco Ferrer nous a demandé de l’expliquer à ses étudiants ». Mais cela demande du travail ...et de le faire en équipe. « Des enseignants ont proposé à leurs collègues de suivre notre trame sur Le Petit Prince. Cette sortie du cadre habituel leur a fait peur. La direction a réagi et leur a proposé de travailler sur un autre projet…, avant que l’équipe ne se ravise ».

Et cette année ?

Le projet s’intitule Amazonia. En janvier, le 1er degré a commencé la lecture d’Itawapa, un récit de Xavier-Laurent Petit. S’enchaineront un travail sur la 1re et la 4e de couverture, l’écoute d’une interview de l’auteur, la lecture d’un article qui a été le point de départ du roman pour l’auteur, la découverte de l’Amazonie au cours de géographie… avant de faire les ateliers et de remonter sur les planches (2).

Patrick DELMÉE

(1) Organisé depuis 2006 par Schola ULB - http://innovation-education.be
(2) Infos : heymansnathalie@gmail.combeatrizcaufriez@yahoo.fr

 

Forum des Innovations en Éducation

Depuis 2006, Schola–ULB organise le Forum des Innovations en Éducation dans le but de mettre à l’honneur les porteurs de projets qui font l’école autrement. Lors de cette journée, enseignants et élèves présentent et défendent des actions originales et innovantes menées au cours de l’année.

L’objectif est de recenser et de valoriser les pratiques pédagogiques innovantes menées par les écoles primaires, secondaires, ou les associations partenaires.

Toute école ou association porteuse d’un projet éducatif peut le présenter en répondant à l’appel à projets qui, en 2015, s’adresse au primaire. http://innovation-education.be (> Proposer un projet)

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