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Mise en ligne le 08 septembre 2023

Collaborer pour piloter

Cinq ans après avoir suivi l'élaboration de leur plan de pilotage par les équipes éducatives de l'Institut Notre-Dame, à Anderlecht, la rédaction de PROF y est retournée à l'occasion d'une réunion qui suivait l'évaluation intermédiaire (et positive) du contrat d'objectifs.

Il faut faire confiance aux enseignants qui sont des professionnels de l’éducation et veulent le meilleur pour leur école.
Il faut faire confiance aux enseignants qui sont des professionnels de l’éducation et veulent le meilleur pour leur école.
© FWB/PROF

Début juillet, enseignants et enseignantes des sections de maternel et de primaire  de l’Institut Notre-Dame, à Anderlecht, étaient rassemblés afin d’établir un arrêt sur image à propos des activités menées au cours de l’année, dans le cadre du pilotage de leur école.

La directrice, Christine Toumpsin, ne mène pas la réunion, mais la dirige telle une cheffe d’orchestre. « Le rôle de la direction, dans  ce contexte de travail collaboratif dans le cadre du pilotage, est d’être un chef d’orchestre. Afin d’atteindre nos objectifs, différents groupes de travail composés d’enseignants et enseignantes volontaires se réunissent ponctuellement. Un responsable par groupe fait le lien entre nous et entre les groupes. »

« Il ne faut pas oublier, rappelle Christine Toumpsin, que c’est leur plan de pilotage et qu’ils l’ont construit en collaborant. La grande majorité de notre équipe est partie prenante et motivée. » 

État des lieux des projets

Lors de cette réunion visant à faire le bilan des différents projets - ce qui est arrivé à terme, ce qui est en court et ce qui est encore à construire – chaque responsable de groupe dresse l’état des lieux et en informe ses collègues.

« Dans le groupe savoir parler, nous avons réalisé un inventaire d’activités pour les élèves de M1 jusque P2 », déclare une enseignante. Une autre présente les réalisations destinées à améliorer les cours de récréation, et ce qui reste encore à faire pour qu’un espace calme soit réservé aux élèves qui préfèrent lire ou avoir des activités calmes. Un autre fait appel à l’équipe pour organiser, l’année prochaine, encore plus d’activités pendant le temps de midi.

Les questions fusent. Les remarques également. On profite de la réunion pour donner des astuces, trouver des ressources intéressantes, partager des outils utiles pour mener à bien ces projets.

Au sein de l'équipe, on regrette aussi que l'école ait perdu des périodes-professeurs : " Nous sommes tristes de ne pas pouvoir mener à bien tous nos projets parce que nous perdons beaucoup d’heures avec la disparition des heures FLA (français langue d’apprentissage)", précise Christine Toumpsin.

On notera qu’au moment de l’évaluation de son contrat d’objectifs, une école a la possibilité de l’adapter et de revoir les actions qu’elle entend mener si ses ressources se modifient.

Faire confiance à ses équipes

Dans le cadre du plan de pilotage de l’école, l’équipe éducative s’est lancée dans de nombreux projets et activités, à mener de front. « Pour que cela fonctionne, déclare Christine Toumpsin, il faut faire confiance à ses équipes. Ce sont des professionnels de l'éducation. Ils veulent tous le meilleur pour leurs élèves." 

« Les groupes sont constitués de volontaires qui s’organisent pour se réunir, travailler et partager. Ce sont des échanges continuels entre les profs, entre les groupes et les directions. Nous utilisons aussi les outils numériques comme Teams et WhatsApp pour échanger. »

« Si certains enseignants ne s’impliquent pas, j’essaie de trouver avec eux ce dans quoi ils se sentiraient à l’aise. Par contre, pour que cela marche, la confiance est le maitre mot. Il ne faut pas être sur le dos des équipes. C’est leur plan de pilotage, c’est leur école et ils veulent que cela fonctionne. »

« Les plans de pilotage sont de beaux leviers pour améliorer le cadre scolaire, mais il ne faut pas nier que la cadence des réformes pourrait grever la motivation des équipes, avertit la directrice. Je veille à ce que cela reste un outil positif. »

Collaboration et motivation sont visibles lors des échanges de cette réunion. Mais les limites sont aussi posées : « Pourra-t-on changer de groupe de travail l’an prochain ? » interroge une enseignante. « Si les réunions se tiennent le soir, moi, je ne pourrai plus m’investir autant », avertit une institutrice. « Comment faire pour que je puisse assister aux réunions si elles se tiennent le midi alors que je surveille la cour ? », s’inquiète une autre. Des questions qui trouveront des réponses immédiatement ou à la rentrée.

A mi-parcours du contrat d’objectifs de l’école, l’équipe voit-elle des effets des projets et activités qu’elle a initiés sur les élèves et sur leurs apprentissages ? Christine Toumpsin : « Nous étions de la vague 1 des plans de pilotage. Nous avons eu l’évaluation intermédiaire réalisée par notre DCO (déléguée au contrat d’objectifs). Nous évaluons nos projets aussi via les outils mis en place par notre pouvoir organisateur, ou lors de réunions arrêt sur image comme aujourd’hui. »

« Mais surtout, nous constatons qu’il y a moins de bagarres et d’accidents lors des récréations depuis que nous organisons des activités le midi, que nous repensons l’organisation de la cour. Nous constatons aussi que des enfants plus inquiets ont pris confiance en eux. Si tout n’est pas parfait ni toujours facile, nous sommes dans une école où il fait bon vivre. »

Afin d’outiller les équipes éducatives dans l’organisation du travail collaboratif dans le cadre du pilotage des écoles, la circulaire 8894 en précise les balises et répond aux questions. 

Hedwige D'HOINE