MAGAZINE PROF - REPORTAGE
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Mise en ligne le 11 août 2023
Le journal en classe
Éduquer les élèves à la citoyenneté, développer leur esprit critique et leur compréhension des textes via la presse ? C’est la méthode que propose Ouvrir Mon Quotidien.
À peine installés sur leur chaise, les élèves de 5e secondaire de l’option actualité de l’Institut de la Vierge Fidèle sortent une feuille et un stylo. C’est l’heure de la courte interrogation hebdomadaire sur l’actualité belge et internationale.
Après une correction orale, Houdaïfa présente, diaporama à l’appui, quatre informations sélectionnées selon ses intérêts à ses camarades. Des camarades qui se comptent sur les doigts d’une main. « Depuis deux ans, l’actualité est délaissée au profit des sciences et des maths », regrette Evelyne Tilmans, professeure de géographie, d’actualité mais aussi de formation historique et géographique en section artistique. En effet, seuls cinq élèves ont jeté leur dévolu sur cette option. Ils étaient environ vingt auparavant.
Evelyne Tilmans n’en reste pas moins passionnée. Pour donner son cours, une multitude de ressources dont Ouvrir Mon Quotidien, son fidèle compagnon depuis de nombreuses années. Cette opération, née en 1994, permet à un professeur-relais par établissement de recevoir la presse quotidienne belge francophone en version papier et digitale. Elle est réservée aux enseignants de 5e et de 6e primaire, et de l’enseignement secondaire. Elle est également ouverte aux personnes responsables d’activités d’éducation aux médias dans d’autres institutions, telles que les Centres d’Éducation et de Formation en Alternance (CEFA), les internats, les bibliothèques ou encore les organisations de jeunesse.
C’est une opportunité qu’affectionne Evelyne Tilmans même si les modes de consommation de l’information des jeunes ont bien évolué. « Il y a dix ans, les jeunes étaient plus branchés papier. Maintenant, je sens vraiment un désintérêt total pour la presse écrite.»
Preuve de ce désintérêt, une enquête de Média Animation publiée en 2021 met en lumière les sources d’informations préférées des jeunes. Sans surprise, la première place est occupée par les réseaux sociaux plébiscités par 52 % des répondants. La presse écrite papier finit quant à elle en dernière position en recueillant… 0 % des préférences.
Malgré ce constat, éplucher ce média vieillissant en classe reste pertinent. « On regarde les journaux et on les compare. Je leur explique comment fonctionne un journal, de quoi il est composé, ce qu’est un reportage, une chronique. J'essaie de décortiquer avec eux le journal mais sans me dire que je vais leur donner le gout à cette lecture-là », explique Evelyne Tilmans.
L’enseignante insiste sur la nécessité d’accompagner ses élèves et de ne pas les laisser se débrouiller seuls face aux journaux, ne fut-ce que pour la compréhension de certains termes. C’est d’ailleurs un des objectifs de l’opération : développer la compréhension des textes lus.
Entre la presse traditionnelle de sa génération et les réseaux sociaux consultés par ses élèves pour s’informer, Evelyne Tilmans tente de créer des liens. C’est pour réduire ce fossé qu’elle a également, pour la première fois cette année, opté pour la formule digitale d’Ouvrir Mon Quotidien donnant accès aux articles en ligne. « Je suis devant une autre génération. J'ai 30 ans de carrière mais il faut que je suive le rythme », confie-t-elle. Et pour accompagner les enseignants, l’opération leur fournit des outils pédagogiques très précieux.
Éduquer aux médias et forger l’esprit critique des jeunes sont des missions cruciales dans une société où le flux d’informations ne s’interrompt jamais et la désinformation prolifère.
Loïs DENIS
Journalistes en herbe pour aller plus loin
Chaque année, une centaine de classes s’inscrivent à Journalistes en herbe. Un concours complémentaire à Ouvrir Mon Quotidien. Grâce à cet outil pédagogique et au soutien de journalistes professionnels, les élèves réalisent leur propre journal. Une opportunité pour se familiariser avec les exigences du journalisme tout en stimulant leur esprit critique et leur créativité. Tout y passe : le choix des sujets et leur traitement, le graphisme et la mise en page, le titre et les illustrations, etc. Après plusieurs mois de labeur, les meilleurs projets sont récompensés lors d’une cérémonie entre les murs du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour la prochaine édition (la 15e déjà), le concours s’élargit. Il s’adresse désormais aux classes de 4e, 5e et 6e primaire ainsi qu’à celles de 1re, 2e et 6e secondaire. En tout, douze prix seront décernés.