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Magazine PROF n°43

 

Dossier Rentrée 2019

La pénurie d’enseignants augmente

Article publié le 02 / 09 / 2019.

Le Gouvernement avalise chaque année une liste des métiers en pénurie dans l’enseignement, élaborée par l’Administration. Cette pénurie reste présente et augmente.

Jean-Yves Woestyn est attaché au Service de la Réforme des Titres et Fonctions, et préside la Chambre de la Pénurie et celle des Mesures transitoires.

© Fotolia/undrey

PROF : Comment la pénurie touche-t-elle les métiers de l’enseignement ?
Jean-Yves Woestyn :
Depuis plusieurs années, l’Administration générale de l’Enseignement établit la liste des métiers en pénurie, validée par le Gouvernement (1) et communiquée aux acteurs de l’orientation et de l’emploi (2), dont le Forem et Actiris.

La pénurie est présente à tous les niveaux, du fondamental à la promotion sociale en passant par le secondaire, tant dans l’ordinaire que le spécialisé. Elle augmente. Elle présente deux pics : les instituteurs primaires et les professeurs de math, sciences et langues au secondaire (3).

Depuis 2015, les Chambres Enseignement des Bassins Enseignement Formation Emploi, et auparavant les IPIEQ, transmettent les informations à l’Administration. Depuis deux ans, la Commission Interréseaux des titres de capacité (Citicap) détermine un « indice pénurie » via trois sources plus objectives : le nombre de refus de sa part envers les décisions d’engager des enseignants sans diplôme ; la liste des engagés sans diplôme pour chaque fonction ; les offres d’emploi restées sans candidat disponible sur Primoweb (l’application qui permet de se déclarer disponible pour une /des fonction/s, pour l’enseignement obligatoire et de promotion sociale et pour une zone géographique).

Quel en est l’impact sur Primoweb ?
La réforme des titres et fonctions a imposé une priorité à l’engagement en fonction du titre requis, suffisant, en pénurie ou sans. S’ils n’avaient pas trouvé un titre requis, les employeurs devaient en vérifier l’absence parmi les candidats sur Primoweb avant d’aller vers les autres publics. Cela amenait les écoles à faire toutes les démarches nécessaires pour avoir les meilleurs enseignants. Beaucoup d’écoles se sont plaintes du processus lourd, peu souple, peu flexible.

Depuis mars 2019, les employeurs en sont dispensés pour les situations de pénurie sévère (4). La liste distingue les pénuries et les pénuries sévères. Et Primoweb en intègre la nouvelle version dès septembre. Par ailleurs, elle est présentée cette année en zones (l’équivalent des provinces).

Des projets futurs ?
L’analyse des causes, pas encore à l’ordre du jour, pourrait être intéressante pour penser une politique de prévention. Mais, pour l’an prochain, l’AGE (Administration générale de l’Enseignement) développe déjà des statistiques prévisionnelles à 5 ans, sur la base des départs à la pension, des demandes de DPPR (disponibilités pour convenances personnelles précédant la pension de retraite) et de la moyenne d’âge du corps enseignant. Celle-ci est assez élevée. De plus, les inscriptions dans les écoles pédagogiques ne sont pas très importantes. À noter que depuis cette rentrée, un enseignant peut travailler au-delà de 67 ans dans une fonction en pénurie sévère (5).

Patrick DELMÉE

(1) Arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 15 mai 2019 arrêtant la liste des fonctions en pénurie en zones pour l’année scolaire 2019-2020 en distinguant les fonctions en pénurie sévère.
http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi/article_body.pl?language=fr&caller=summary&pub_date=19-08-02&numac=2019041527
(en cliquant sur « image »).
(2) http://blog.siep.be/2015/09/les-metiers-en-penurie-et-forte-demande-onem-actiris-forem-vdab-manpower/
(3) Selon les résultats de l’étude TALIS, malgré un ratio élèves/enseignant favorable en FW-B, la pénurie d’enseignants qualifiés est ressentie par 66% des directeurs interrogés. TALIS 2018. Paysage de l’enseignement au 1er degré du secondaire, ULiège, juin 2019.
https://events.uliege.be/talis-fwb/publications/
(4) Circulaire 7022,
http://www.enseignement.be/circulaires
(5) Circulaire 7270,
http://www.enseignement.be/circulaires

Des périodes complémentaires pour remettre les élèves à flots

Une nouvelle mesure pour contrer la pénurie d’enseignants : dans l'enseignement secondaire ordinaire et spécialisé de forme 4, l’école peut disposer d’un complément de périodes-professeurs pour organiser une remédiation après l’absence d’un enseignant.

Prenons un exemple : en février 2019, ce directeur n’a pas pu remplacer un professeur de néerlandais, absent pour trois mois. Et cela au détriment d’élèves de 3secondaire privés de cours dans cette matière, mais aussi des enseignants qui les accueilleraient l’année suivante…

Une nouvelle mesure peut répondre à ces difficultés. Si, durant l’année scolaire 2018-2019, un enseignant a été absent pendant au moins 30 jours ouvrables scolaires (consécutifs ou non), et qu'il n'a pas été remplacé durant les jours où il pouvait légalement l’être, l'école peut bénéficier d'un complément de périodes–professeurs pour organiser en 2019-2020 une remédiation volontaire dans la ou les matière(s) dont le contenu n'a pas été enseigné (1).

C’est aussi possible si l'emploi d'un professeur est devenu définitivement vacant en 2018-2019  (à la suite du départ à la retraite ou d’un changement de fonction d’un enseignant nommé définitivement, par exemple) et qu'aucun enseignant n'a été recruté dans les 30 jours ouvrables scolaires qui ont suivi, au minimum.

Le dispositif ne s’applique pas si l’école a pu organiser une activité d’encadrement pédagogique et/ou d’aide éducative pour ces élèves pendant et pour un nombre de périodes correspondant à celles qui ne pouvaient pas être assurées par un enseignant.

Ce complément représente quatre périodes-professeurs hebdomadaires par tranche complète de 30 jours ouvrables scolaires d'absence ou de non-remplacement d'un enseignant à temps plein. Il permet d’organiser, depuis la rentrée et jusqu’au 31 décembre 2019, de la remédiation volontaire pendant ou en dehors du temps scolaire, pour remettre à niveau les élèves privés de ces cours l’année dernière (et à d’autres qui pourraient être intéressés).

Cette remédiation peut être assurée, sur base volontaire, par des enseignants nommés ou temporaires également dans le cadre de périodes additionnelles rémunérées (2).

Catherine MOREAU

(1) Circulaire 7264,
http://www.enseignement.be/circulaires
(2) Circulaire 7167,
http://www.enseignement.be/circulaires, pp.13-20