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Magazine PROF n°5

 

Focus 

Sciences pour un, sciences pour tous

Article publié le 01 / 03 / 2010.

L’équipe de l’école primaire spécialisée L’Heureux Abri, à Momignies, alimente depuis trois ans une classe de sciences en matériel et en ressources pédagogiques. Et l’ouvre aux collègues des écoles des environs.

Au fond, la porte de la chambre froide trahit la destination d’origine de cette cuisine collective recyclée voici trois ans en classe de sciences. Jusque là, rien d’original. Sauf qu’ici, à l’Heureux Abri, cette classe du primaire spécialisé est ouverte à toutes les autres écoles de Momignies, de Couvin et de Chimay. Les collègues peuvent y trouver du matériel, de la documentation, et même des dossiers pédagogiques réalisés par les sept institutrices et instituteurs de l’Heureux Abri.

La classe contient du matériel, une bibliothèque et des ressources mises en commun.
La classe contient du matériel, une bibliothèque et des ressources mises en commun.
© PROF/FWB

« Avant d’être directrice, j’ai été institutrice ici, explique Carole Smet, à la tête de l’école primaire depuis huit ans. Chaque fois que je voulais que mes élèves fassent des expérimentations ou manipulations, il fallait que je sorte de l’école, au PASS à Frameries ou ailleurs. Déjà à ce moment, je voulais une classe de sciences ». Avec la complicité et le financement de son pouvoir organisateur (1), l’ancienne cuisine de collectivité a été réaffectée. Une subvention de la Fondation Chimay-Wartoise (2), très active dans la région, a permis d’équiper les locaux rénovés.

« Venez voir ce que nous faisons »

D’entrée de jeu, Mme Smet et son équipe voulaient une ouverture vers les autres écoles. « Mon cheval de bataille, c’est de changer cette image, cette étiquette qui colle à l’enseignement spécialisé. Quand on pense au spécialisé, on l’associe souvent à de l’occupationnel. Mais non : c’est du travail scolaire ! Nous appliquons le programme 2002 de la Communauté française. On fait du scolaire, mais on doit toujours prouver qu’on le fait… Le mieux qu’on puisse faire, c’est de dire aux autres écoles : venez voir ce que nous faisons ! »

Cette ouverture se concrétise de trois manières. D’abord, la classe de sciences comporte une bibliothèque de ressources à disposition de tout instituteur. Toute l’équipe de l’Heureux Abri pousse le bouchon jusqu’à composer des dossiers pédagogiques que leurs collègues, qu’ils soient du spécialisé ou de l’ordinaire, peuvent consulter ! Écartée de sa classe durant sa grossesse, une institutrice a même constitué de nouvelles ressources pédagogiques pendant ce « congé » forcé plutôt que de faire du travail administratif. Certes, ce côté « bibliothèque » ne prend pas comme Carole Smet l’avait espéré : peu d’enseignants des autres écoles viennent y fouiner… Peut-être cette piqûre de rappel aura-t-elle un effet ?

Exposition et ateliers

Ensuite, chaque année, les sept classes de l’Heureux Abri préparent une exposition scientifique. Toute l’école s’y implique, y compris les maitres spéciaux. Après l’eau l’an dernier, le thème sera cette fois le jardin. Les élèves de l’Heureux Abri composent des panneaux didactiques, mais aussi des jeux et fiches de lecture. Invitation est lancée aux écoles environnantes.

L’an dernier, plus de 340 élèves y sont venus. « Et on s’arrange pour qu’il faille lire les panneaux et autres expositions de nos élèves pour pouvoir répondre aux questions posées lors des jeux », explique Mme Smet. Les réactions des collègues de l’ordinaire ? « Ils sont épatés. Ils voient qu’avec des élèves particuliers, on arrive à un bon travail. Mais il faut dire que j’ai une équipe de bouteuses, comme on dit ici, sourit la directrice. Quand des enseignants viennent ici avec leurs classes, ils retournent avec un dossier pédagogique… »

Baptisé Sciences pour une, sciences pour tous, le projet porte bien son nom : « Dès le départ, il a été créé pour notre école, mais aussi pour les autres écoles de Momignies. Et puis, très vite, nous avons eu des demandes émanant d’autres écoles de Chimay et de Couvin ». Si elles viennent volontiers quand l’Heureux Abri les y invite, Mme Smet regrette que les collègues ne viennent pas d’initiative. « On aimerait bien qu’ils viennent donner cours ici, et nous laissent des traces de leur passage », confie notre interlocutrice.

La troisième ouverture à l’extérieur, ce sont les formations qui s’y donnent, organisées par l’IFC ou par le réseau auquel l’école est affiliée (Felsi). Une façon de se rendre compte concrètement de l’intérêt, mais aussi des conditions de réussite d’un tel projet. « Il y a des choses que je ne referais plus de la même façon », analyse Mme Smet. Comme acheter des mallettes pédagogiques toutes faites… Ces visites suscitent des envies, si bien que l’expérience essaime : à Lasne, l’École Désiré Denuit, du même réseau, veut se lancer dans l’aventure.

On l’aura compris : il ne suffit pas de quelques oiseaux empaillés, d’un squelette rebaptisé Monsieur Tadosse, de réchauds, microscopes, atlas ou collections de livres de référence pour faire vivre une telle classe : « C’est le travail de toute une équipe », qui ajoute et partage sans cesse de nouvelles ressources, « dans un esprit d’ouverture aux autres ».

Didier CATTEAU

(1) L’ASBL Heureux Abri regroupe l’école primaire, l’école secondaire, un Service résidentiel pour jeunes et un Service résidentiel pour adultes. Les écoles font partie de la Fédération des établissements libres subventionnés indépendants. http://www.heureuxabri.be.
(2) Cette fondation d’utilité publique a été créée en 1996 à l’initiative de la communauté des moines de l’Abbaye de Scourmont, et finance notamment des projets d’enseignement, après appels à projets. http://www.chimaywartoise.be.

Toujours en projet, et toujours en équipe

Maintenant que la classe de sciences vit sa vie, l’école primaire de l’Heureux Abri a lancé un autre projet, baptisé Stop à la violence, c’est mieux de vivre ensemble. Dans cette école qui scolarise des enfants de type 1 et de type 3 (troubles du caractère et/ou de la personnalité), la question de l’agressivité mobilise évidemment l’attention. Carole Smet, directrice : « On met en place cinq espaces : une classe de djembés, une plaine de jeux, un espace artistique, un lieu récréatif regroupant plusieurs jeux dont certains ont été réalisés par la section menuiserie de l’école secondaire, et un espace snoozelen ».

À nouveau, à la complicité du pouvoir organisateur s’est ajoutée la mobilisation d’autres partenaires. La Fondation Chimay-Wartoise a répondu à l’appel, et le projet a été sélectionné dans le cadre du concours Rêve ton école (1).

Il devient surtout une réalité parce que toute l’équipe pédagogique s’y investit. Le djembé, par exemple, est animé par une institutrice pendant deux récréations par semaine, et le groupe va aussi chaque semaine au Service résidentiel pour adultes tout proche, pour répéter un spectacle annuel avec des résidents.

Pour l’espace « snoozelen » (2), l’équipe de l’Heureux Abri est allée en visiter dans plusieurs institutions, et sept personnes ont été formées à cette démarche. Au bout du chemin, beaucoup de fierté et de plaisir, « mais il faut de l’énergie… »

D. C.

(1) Les jurys de Rêve ton école ont sélectionné 37 lauréats.
(2) Espace centré sur la détente et le bien-être en stimulant les cinq sens.

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