Magazine PROF n°28

Dossier 0-12 ans: éduquer, c'est aussi accueillir

« L’attention au public précarisé bénéficie à tous les enfants »

Article publié le 01 / 12 / 2015.
Article paru en ligne uniquement.

Entre 2012 et 2014, à l’initiative de la Fondation Roi Baudouin, les treize catégories pédagogiques préscolaires ont lancé des projets centrés sur les publics précarisés. Certaines le continuent. Coup d’œil sur celui de la Haute école Louvain en Hainaut (HELHa).

Marie Dumont enseigne le français aux bacheliers préscolaires sur le site de Braine-le-Comte de la HELHa. En 2012, l’appel à projets de la FRB à aller vers le public précarisé a chamboulé ses habitudes : « J’ai transformé mes cours des trois années ».

Les futures enseignantes maternelles sont sensibilisées aux enfants précarisés.

© PROF/FWB

M^me Dumont essaie de rendre ses étudiants plus pointus dans l’observation des discriminations et plus tolérants envers les différences entre élèves. Le premier moyen est dans l’apprentissage du langage oral et du vocabulaire, bases de l’apprentissage du langage écrit. Cette attitude se dirige aussi vers le cadre familial. « Je sensibilise mes étudiants au bilinguisme,… entre le français de l’école et celui parlé à la maison : le vocabulaire, le lien aux temps sont des différences flagrantes. Il y en a d’autres ». Elle utilise notamment une mallette pédagogique : elle part d’objets qui entourent les enfants à l’école pour favoriser l’apprentissage du vocabulaire.

Une autre mallette comprend une série de livres pour les tout petits. « En maternelle, le temps d’accueil, à la rentrée des cours, dure environ trente minutes. En stage, nos étudiantes le mettent à profit pour lire un album à un enfant, sur leurs genoux. Celui-ci découvre le récit plaisir, l’objet livre, et cela, en tant qu’individu. Les parents présents observent l’attrait de leur enfant et peuvent être mis à contribution pour faire de même. Les enfants en redemandent ». Le lien avec la précarité ? « Le contact avec la langue du récit dès la petite enfance est prédicteur de réussite ».

Ces pratiques et d’autres font l’objet d’un recueil. Sa construction et leur testing en stage forment la base du cours de Sociologie et politique de l’éducation.

Enfin, la HELHa propose un nouveau stage à ses étudiants. « Ils vont à la rencontre des enfants en-dehors de l’école, dans les écoles de devoirs, des homes, des associations d’aide aux familles. Ils en reviennent interpelés ».

Pour mener ce projet, M^me Dumont s’est formée : « J’ai participé à l’Université d’été de ChanGements pour l’égalité. J’ai beaucoup lu, notamment Entre école carrée et famille ronde, de Danielle Moureaux et Enfants de l’immigration. Une chance pour l’école, de Marie-Rose Moreau. Et j’ai participé aux rencontres d’échanges entre pairs organisées par la Fondation Roi Baudouin ».

Que pensent les étudiants de Bac3 de tout cela ? Vanessa : « Certains maitres de stage sont sensibilisés au public précarisé et mettent ce point dans l’évaluation du stage. C’est positif ». Philippine : « On apprend à éviter toute forme de discrimination. Cela se fait au bénéfice de tous les enfants et combat les jugements des enfants entre eux ».

Pa. D.