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Magazine PROF n°16

 

Souvenirs d'école 

Patrick Ridremont : « J’ai envie de raconter des histoires »

Article publié le 01 / 12 / 2012.

Scénariste, réalisateur et interprète principal de Dead Man Talking (1), Patrick Ridremont y campe un condamné à mort qui raconte sa vie pour reculer l’heure de son exécution. PROF l’a invité à conter…ses souvenirs d’école.

Patrick Ridremont : « Mon professeur de français et religion, Gilbert Roobrouck, me donnait envie de travailler pour lui faire plaisir, pour lui rendre ce qu’il nous donnait ».
Patrick Ridremont : « Mon professeur de français et religion, Gilbert Roobrouck, me donnait envie de travailler pour lui faire plaisir, pour lui rendre ce qu’il nous donnait ».
© Nexus Fa4

PROF : Vos premiers souvenirs d’école?
Patrick Ridremont : J’ai commencé l’école maternelle dans le village de Kampenhout, en flamand – j’ai toujours gardé un bon accent –, avant que mes parents s’installent dans le Brabant wallon. Un jour, à l’Institut de la Providence, à Wavre, je me suis rendu compte que je pouvais gravir les escaliers en mettant un pied sur chaque marche. J’étais très fier : je me trouvais grand.

Puis il y a eu les primaires, à l’Institut Saint-Jean-Baptiste, à Wavre encore, que je gagnais à pied ou à vélo. Sur le parcours qui faisait tout de même quelques kilomètres, il arrivait souvent qu’un automobiliste s’arrête : « Tu vas où, m’fi ? Monte, je vais te déposer ». Il ne venait à l’esprit de personne, à l’époque, que cela puisse être dangereux.

En primaires, les cours, les leçons à apprendre, c’était important pour moi ; j’étais un enfant timide, le plus petit de la classe, pas du tout celui qui faisait le plus de bruit.

Ça a changé en secondaire ?
J’ai commencé, là, à trouver les personnalités bien plus importantes que les cours. D’abord, j’ai eu la chance d’avoir cours de français et de religion (nous y parlions de la vie, nous y composions l’équipe de mini foot…) pendant trois ans avec Gilbert Roobrouck. C’était un enseignant avec lequel on parlait ; on avait envie de travailler pour lui faire plaisir, pour lui rendre ce qu’il nous donnait. Chaque année, il a accepté que je participe à la pièce de théâtre qu’il montait avec les élèves de 3e secondaire. Il avait repéré chez moi peut-être du talent, en tout cas, une vraie envie. J’ai donc endossé des rôles de personnages de la Comtesse de Ségur, de Molière.

Un autre exemple : je n’aimais pas les math, mais j’appréciais le prof qui m’a donné 10 sur 20 en 3e année pour m’éviter de devoir redoubler mon année, tout en me recommandant chaudement : « Ne fais jamais de maths fortes ! »

Par contre, j’y ai aussi appris la révolte : notamment quand j’avais écopé d’une retenue pour avoir joué à la sarbacane…en dehors de l’école. Après la 3e secondaire, mes parents ont décidé, avec mon accord, de me mettre en internat parce que je ne filais pas du coton « de bonne
qualité ».

Vous avez suivi, alors, une option théâtrale ?
Pas du tout : je suis allé en option Économie au Collège de Godinne-Burnot. Faire du théâtre m’avait mis en confiance, ce qui se traduisait par de l’indiscipline vis-à-vis des éducateurs. Le résultat, c’est que j’ai été « dressé ». Avec le recul, je me dis que c’est une excellente chose : être un homme, ce n’est pas défier l’autorité, c’est parfois savoir courber l’échine pour respecter des règles collectives.

Moi que cela ne dérangeait pas de mettre salopette et santiags, j’étais traité de « prol(étaire) » dans ce collège friqué où on portait des vestes et des chaussures « machin ». Mais cet établissement cultivait l’excellence : le meilleur à la meilleure place. Alors j’ai travaillé et j’ai été soutenu : malgré des résultats exécrables en maths, je m’en suis sorti. Une leçon de vie ! Ainsi, à À l’Institut des Hautes Études des Communications sociales, où j’enseigne aujourd’hui, je peux repérer les meilleurs étudiants. Ce ne sont pas les rats de bibliothèque, ce sont souvent de bons sorteurs, mais qui sont présents au cours les lendemains de guindaille…

J’ai dû attendre la rhéto pour me retrouver sur les planches de l’école à jouer dans une pièce sur le thème de la guerre avec des extraits d’Apollinaire, de Giraudoux,…Et là, c’était décidé : je ferais du théâtre.

En vous formant à l’Institut des Arts de diffusion…
Oui, je n’avais même pas prévu de second choix au cas où j’échouerais à l’examen d’entrée. Et c’est là que la vraie vie a commencé. Débarrassés de cours gonflants (à quelques exceptions près), nous nous concentrions sur des cours d’interprétation, de diction, d’escrime, d’expression corporelle,… Tout ressemblait à des ateliers pratiques.

J’y ai aussi appris une forme d’humilité : quand un prof vous dit « Ce que tu fais, c’est nul ; j’espère qu’au théâtre, je ne tomberai jamais sur un comédien comme toi ! », on s’épargne l’hypocrisie.

Des projets ?
J’ai envie de raconter des histoires, pas seulement sous forme de films, je n’exclus pas la possibilité de faire autre chose. J’ai des pistes en tête, je me donne le temps.

Propos recueillis par
Catherine MOREAU

(1) Prix du Public au Festival international du Film de Namur et au Festival des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean de Luz en 2012.

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