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Magazine PROF n°24

 

L'acteur 

Hugues Petrasch : « Le prêt-à-porter, cela n’existe pas ici ! »

Article publié le 01 / 12 / 2014.

Hugues Petrasch enseigne les cours généraux à des mineurs délinquants de l’Institution publique de protection de la jeunesse de Fraipont. Rencontre.

PROF : Quel a été votre cheminement professionnel ?
Hugues Petrasch :
Après mes études d’instituteur primaire, j’ai enchainé les intérims dans plusieurs écoles. Puis, par souci de stabilité, j’ai accepté un emploi d’éducateur au Centre fédéral fermé pour mineurs délinquants, à Everberg, puis à Saint-Hubert.

Un fameux virage !
Sans aucun doute ! Au sein de l’Administration générale de l’Aide à la Jeunesse (qui est mon employeur), les enseignants – appelés formateurs – et les éducateurs ont le même statut. Dans ces centres fermés, j’ai encadré les jeunes, puis je leur ai donné des cours individuels (de français) et collectifs (activités culturelles, citoyenneté,…).

Un travail prenant, mais frustrant car la durée de placement de ces jeunes ne pouvait dépasser deux mois et cinq jours. Je n’ai donc pas hésité quand en septembre 2013 s’est présentée l’occasion de devenir formateur dans le service éducation du Centre ouvert de Fraipont.

Hugues Petrasch : « En fin de compte, c’est le jeune qui décide. Notre rôle se limite à l’aider à trouver en lui-même les ressources pour se remobiliser ».
Hugues Petrasch : « En fin de compte, c’est le jeune qui décide. Notre rôle se limite à l’aider à trouver en lui-même les ressources pour se remobiliser ».
© PROF/FWB

En quoi l’organisation de l’enseignement en centre ouvert diffère-t-elle ?
Elle peut varier selon les institutions publiques de protection de la jeunesse (IPPJ) (1). À Fraipont, en éducation, nous accueillons 36 garçons de 12 à 18 ans, suspectés d’actes délictueux et placés là par mesure de protection par un juge de la jeunesse. Nous les répartissons dans des classes et ateliers en fonction de leurs acquis scolaires et/ou de leurs aspirations en matière d’orientation professionnelle.

Ils arrivent à tout moment pour une durée de trois mois renouvelable jusqu’à leur majorité (la durée moyenne de placement est de 6 mois). L’équipe se compose de trois enseignants chargés des cours généraux (français, maths et éveil), de six éducateurs pour les cours d’ateliers (menuiserie, électricité,…) et de trois conseillers philosophiques.

Notre charge horaire, c’est 38 heures/semaine dont 18 périodes de cours, y compris en aout. Le reste est consacré aux réunions d’équipe avec le CPMS et les éducateurs, aux contacts éventuels avec l’école du jeune, à la rédaction de rapports d’observation à l’attention du magistrat de la jeunesse et à la préparation des cours.

Votre objectif ?
Comme dans toutes les IPPJ, il s’agit de revaloriser l’image de jeunes qui ont multiplié problèmes et carences. L’objectif : prévenir la récidive et les resocialiser en les préparant à la rescolarisation et au retour en famille (ou dans une autre institution).

Mais chaque IPPJ construit son projet pédagogique qui détaille les modules d’enseignement organisés, le contenu des cours, la méthodologie suivie. Cela suppose un enseignement très différencié dans lequel l’aspect relationnel a une importance énorme.

Le prêt-à-porter ici, cela n’existe pas. À chaque nouvel arrivant, je donne des exercices inspirés de l’épreuve du CEB pour situer son niveau en français et en maths. Puis, avec un groupe de quatre élèves, j’utilise des outils variés adaptés au niveau et à l’âge. Je centre le cours d’éveil sur des thèmes comme le racisme, la Shoah,… En leur demandant d’adopter le point de vue de l’auteur, de la victime, du spectateur,… pour les sensibiliser à ce que l’autre peut ressentir.

Il n’y a pas d’évaluations certificatives et l’Inspection ne vérifie pas le niveau des études mais la concordance de mes cours avec le projet pédagogique.

Qu’est ce qui vous plait dans ce métier ?
Cette relation étroite, cette aide, ce partage. Si nous arrivons à tisser de bonnes relations avec le jeune, à revaloriser son image, à le remettre dans une dynamique d’apprentissage, c’est bingo ! Mais nous ne sommes qu’une goutte parmi différents acteurs (famille, intervenants sociaux, …). En fin de compte, c’est le jeune qui décide. Notre rôle se limite à l’aider à trouver en lui-même les ressources pour se remobiliser.

Propos recueillis par
Catherine MOREAU

(1) Wauthier-Braine, Jumet et Saint-Servais.

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