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Magazine PROF n°52

 

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Jean-Claude Raskin : « Faites rêver vos étudiants, racontez-leur des histoires »

Article publié le 10 / 12 / 2021.

Cette rubrique invite un/des expert(s) à faire part d’un message jugé important dans le contexte actuel. Coach et préparateur mental, Jean‑Claude Raskin évoque ici le débat entre compétences comportementales et techniques. Mais invite surtout à reconnecter les jeunes avec leur rêve d’enfant, puissant moteur de motivation !

Soft skills, hard skills,… Mais que ces mots sont vilains pour un amoureux de la langue française ! Ne pourrait-on plutôt dire « compétences comportementales », ou « valeurs » pour les « soft » et « compétences techniques » pour les « hard » ?

Ceci dit, est-ce bien là que se pose le débat ? Et quelle que soit la façon dont on les appelle, si, simplement, nous les appliquions au quotidien ? Tant les « soft » que les « hard » !

« Il est essentiel de sensibiliser un maximum de jeunes adolescents et… leurs parents, au bien-fondé de se tourner vers des métiers épanouissants, enrichissants sur le plan personnel, créatifs et… pourvoyeurs d’emploi. » Qui peut contester cette
assertion ? Syndicalistes, patrons, politiciens ? Que nenni !

Tous s’accordent pour déplorer, d’un côté, le manque de main-d’oeuvre et le nombre d’emplois vacants et de l’autre, le manque de compétences et de formations techniques et/ou intellectuelles (hard skills) des demandeurs d’emploi. Et partant, tous critiquent l’enseignement qui a été dispensé dans nos établissements : « Et regardez comment ça se passe dans les pays nordiques » et « y a qu’à » et « y faudrait que », etc.

Et de réclamer des « moyens » supplémentaires, évidemment financiers ou d’organiser des stages en entreprises ou de rééquiper les centres de formations ou… Par contre, peu s’engagent dans les recommandations concernant l’éveil aux compétences comportementales (les soft skills), pourtant ô combien peu chères !

Et en période de disette, trouver des trucs et des astuces pour que tout se passe mieux en matière d’emploi, sans que ça coute à la communauté serait, me semble-t-il, une trouvaille digne d’Archimède et de son eurêka, non ?

D’autant que ces formations/éveils ont un pouvoir énorme non seulement chez l’étudiant, mais également chez les enseignants ! Et je ne vous parle même pas des parents qui retrouveraient chez eux des enfants épanouis, heureux et en éveil permanent. C’est certes une image un peu utopique - un ado reste un ado - mais la différence est néanmoins
sensible entre un-e ado qui n’a aucun rêve, aucune passion ou aucun idéal, et un-e ado qui a au moins une de ces envies…

Logopède de formation, coach, préparateur mental, conférencier et auteur, Jean-Claude Raskin évoque le débat entre hard et soft skills et invite à se reconnecter avec son rêve d’enfant.
Logopède de formation, coach, préparateur mental, conférencier et auteur, Jean-Claude Raskin évoque le débat entre hard et soft skills et invite à se reconnecter avec son rêve d’enfant.
© shoot for the moon

Chers camarades, chers patrons, chers ministres, voilà qui semble être un bon défi, non ? Recommençons par le début afin d’ouvrir le débat !

Nous avons d’une part des entreprises, associations, institutions, qui souhaitent engager de la main-d’oeuvre qualifiée et ce, à quelque niveau que ce soit : technique, intellectuel, manuel, scientifique,…

Un peu comme des machines ou des robots, sans trop d’état d’âme et qui ont un rendement très rapide. Serait-ce des hard skills ?

Car ce qu’on attend de cette main-d’oeuvre serait : d’arriver à l’heure, de produire beaucoup, d’être rarement en panne (pardon, malade), etc. Soit des personnes motivées, ponctuelles, déterminées, efficaces et je dirais même plus, créatives, volontaires, etc. Tiens donc ! Ce sont là des soft skills, non ?

Où sont les compétences techniques dans cette recherche ? Quelles sont les applications, les programmes, les outils qui vont développer ces compétences ?

De l’autre, nous avons des enseignants qui ont la lourde tâche de faire en sorte que toute cette main-d’oeuvre sorte de leurs établissements prête à l’emploi ! Et le politique, et les enseignants vont offrir les applications, les programmes, les outils qui vont développer… À votre avis, y a -t-il besoin de poursuivre la démonstration ?

Et le mode d’emploi ? Celui de la vie ! Car le travail ou les études pour un enfant et un ado, ce n’est pas la vie. C’est un moyen, une partie - environ un tiers -, mais pas une fin en soi. Et pourtant, ce tiers est déterminant pour équilibrer les deux autres. Essayez de supprimer un seul pied d’un trépied et vous verrez…

Et au milieu, le monde politique qui veut marquer de son empreinte chacun de son/ses passage(s) par une réforme et des budgets plus petits mais mieux ciblés et… Et tout le monde va dans le mur : les entreprises ne trouvent pas chaussure à leur pied, les étudiants ne savent que faire et sont perdus, les enseignants se font taper sur les doigts !

Donc tout le monde s’engueule sans jamais faire le lien entre le patron, l’étudiant et l’enseignant (plus le politicien). Or quel est le plus petit dénominateur commun entre ces quatre-là ? La bienveillance, l’excellence – ou sa recherche –, la créativité, le respect mutuel et… la réalisation d’un rêve !

Car toutes et tous, de manière consciente ou inconsciente, nous cherchons à réaliser un rêve. Un but. Nous cherchons un sens à notre vie, à réaliser quelque chose. Hors les rêves de Prince et Princesse (pourquoi pas ?), d’hôtesse de l’air (avant Ryanair) ou de pompier avec un gros camion rouge, quel est ou quels sont les rêves qui vous et nous ont portés ?

Celles et ceux qui diront « aucun » l’ont sans doute bien enfoui, mais rassurez-vous ils sont là. Celles et ceux qui diront ne pas s’en souvenir sont à ranger dans la même catégorie, mais soyez aussi rassurés : ils sont toujours bien là.

Et puis il y a celles et ceux qui disent : « Oh mais oui, mais ce n’est plus d’actualité ! » ou encore : « J’aurais bien voulu mais… » et aussi : « Mes parents n’auraient jamais accepté… »

Et puis, il y a celles et ceux – rares hélas – qui les ont réalisés ! Ou qui sont en train de les réaliser. Ou qui rêvent encore de les réaliser ! Car les rêves n’ont pas d’âge et peuvent se réaliser n’importe quand et n’importe où…

Faites rêver vos étudiants, racontez-leur des histoires. Mieux encore : racontez-leur VOTRE histoire ! Vos rêves. Ceux que vous avez réalisés et ceux que vous allez encore réaliser. Et ceux aussi que vous avez ratés… ou pas encore réussis, ce qui n’est pas la même chose.

Alors que j’animais une classe de troisième dans un institut technique et professionnel bruxellois, j’ai vu un professeur, qui sous mon impulsion, a commencé à raconter sa vie : ses difficultés scolaires, son apprentissage difficile, la faillite de son garage, la gestion de sa vie avec une épouse malade,… Au fur et à mesure, les ados couchés sur le banc relevaient la tête, se redressaient sur leurs chaises, posaient des questions : « Vous, M’sieur ? Vous avez fait faillite ? Vous avez raté à l’école ? » Ceux-là n’écouteront plus jamais son cours de la même façon… Et ils seront prêts à apprendre les compétences techniques dont ils auront besoin pour réaliser leurs rêves. Ces fameux « hard skills » !

En racontant son histoire, il leur a permis de se reconnecter à leur propre réalité et à leurs propres rêves et ainsi à retrouver un sens à leur vie. Notre société encourage peu la culture de l’échec. Or ne peut échouer que celui qui a essayé. La peur – ou pire, la honte – de l’échec entraine l’individu à ne pas essayer. L’échec et la réussite répondent à une même initiative : l’essai ! Et plus les essais se rapprochent de nos rêves, plus le succès se construit petit à petit. Succès personnel, familial, professionnel. Peu importe pourvu que l’on essaie, que l’on persévère et qu’on fasse fi des critiques… des autres.

Motivation : envie de réaliser ses rêves. Détermination : aller au bout de ses rêves. En conclusion, soyez zen par rapport aux programmes de l’enseignement. Votre participation à l’épanouissement des compétences comportementales de vos étudiants aura davantage d’influences positives sur leur vie que l’absorption de matières acquises, car celles-ci viendront d’autant plus facilement qu’ils ou elles en trouveront le besoin pour réaliser ce dont ils ont rêvé…

Bons « soft skills ».

Jean-Claude RASKIN

En deux mots

Imprimeur et logopède de formation, Jean-Claude Raskin a eu un parcours professionnel varié et tourmenté : ouvrier, directeur, vendeur, attaché de cabinet, comédien, organisateur d’évènements…

Il est, depuis plus de quinze ans, devenu coach et préparateur mental (notamment de l’équipe belge pour les compétiteurs Worldskills), conférencier et auteur.

Son prochain ouvrage, Rêve d’enfant, sortira au printemps 2022 à l’occasion de la Foire du livre de Bruxelles, aux éditions Images publiques.

Plus d'infos : www.jeanclauderaskin.be.

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