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Magazine PROF n°52

 

Focus 

L’école du dehors au-dedans

Article publié le 10 / 12 / 2021.

Un potager pédagogique et collectif a été créé il y a près de deux ans à l’Athénée royal Bruxelles 2. Un espace de respiration et de création pour ses élèves, dans un quartier dense de Laeken.

Jeudi 7 octobre. Il fait beau, et tant mieux ! L’Athénée Royal Bruxelles 2 ouvre ses portes dans le cadre de la 1re édition du Festival Nourrir Bruxelles, pour faire découvrir son Jardin des délices.

Les élèves à la barre

Trois élèves accueillent les visiteurs et leur expliquent la visite : des arrêts différents, protocole Covid, et départ en groupes de 10‑15 personnes toutes les 10-15 minutes.

Un des objectifs : rendre le rapport théories et pratiques plus concret.
Un des objectifs : rendre le rapport théories et pratiques plus concret.
© PROF/FWB

Passage des mains au désinfectant et premier arrêt au réfectoire, où règne une bonne odeur de menthe fraiche… Thé à la menthe ou bol de soupe de potiron au menu. À d’autres tables, des élèves présentent l’histoire de leur école, l’origine de son Jardin des délices, et une petite exposition d’éléments trouvés lors du réinvestissement des friches où le potager a éclos, comme des cannettes vieilles de plusieurs années…

Le lendemain, l’école allait participer à la manifestation Wake up for climate rassemblant des écoles de tout le pays. On découvre en avant-première les pancartes que les petits du fondamental ont préparé pour l’événement.

La cheffe d’orchestre de la visite est Bégonia Paz, professeure de français, et les guides sont les élèves des classes du 3e degré des sections d’esthétique et de pharmaceutico-technique. « Mais c’est un projet qu’on mène tous ensemble, des maternelles à la fin du secondaire, souligne l’une d’eux, une petite flamme dans les yeux. Ça amène de la gaité dans l’école. Nous, on sortira l’année prochaine. On espère voir le projet de ruche se réaliser avant que nous partions ».

En sortant du réfectoire, on est étonné. Les 50 m2 de surface potagère annoncés par l’école sont constitués de parcelles
réparties à divers endroits, là où l’école a pu grappiller de l’espace disponible, cm2 par cm2, pour installer des bacs de culture. On les voit le long des murs et sur les talus bordant les aires de récréation et de sport, de sorte que la découverte des plantations tient du parcours labyrinthique.

Un jardin des apprentissages

Postées à la parcelle A (il y en 5 en tout, dont une avec fruitiers), Chaïma et Safia ont consigné sur des fiches leurs recherches, pour parler au public des herbes aromatiques qui y poussent. Et de leurs bienfaits : mélisse, armoise,
livèche… Plus tard, aux petits de 2e et de 3e maternelle venus avec Mme Helena, elles répèteront les mêmes explications, mais en langage plus imagé. Et seront gratifiées d’un long « Merci Madame »…

Deux professeurs de l’école ont eu l’idée de ce projet de potager il y a plusieurs années, mais c’est en 2020 qu’il a commencé à se concrétiser, avec le soutien du chef d’établissement et du directeur de l’école fondamentale.

Alexandre Liesenborghs est agronome et enseigne les sciences ; Dorian Neerdael donne cours de philosophie et citoyenneté. « J’avais remarqué que les jeunes ont besoin d’espace, de fonctionner hors murs et de découvrir des
choses qu’ils ne connaissent pas
, souligne M. Liesenborghs. Qu’une fraise peut être blanche, une framboise jaune, une tomate avoir une forme de poire, etc. Et l’adhésion des petits a été rapide : ils ont besoin de farfouiller la terre… » Quant à M. Neerdael, il constate un effet de responsabilisation et d’attitude respectueuse des lieux.

Tous les enseignants peuvent d’ailleurs y trouver leur compte, tant pour les apprentissages dans leurs disciplines qu’au travers du travail interdisciplinaire. « On a par exemple vu nos petits citadins ne pas savoir se débrouiller avec une brouette chargée de
terre
». Le maitre d’éducation physique intervient alors et l’élève prend mieux conscience de son corps.

« Sachant que les vers de terre mangent leur poids par jour en nourriture, comment dois-je calibrer mon lombricomposte ? ». SOS maths ! Construire des bacs à culture, les peindre avec des couleurs naturelles, tout en respectant un budget ? Sciences, micro-économie, travaux manuels (et aide d’un des ouvriers de l’école). Les occasions de travailler ensemble ainsi se multiplient, parfois de façon étonnante…

Enfin ce genre de projet, s’il suppose un gros travail de départ (1), nécessite aussi une planification et une concertation permanentes. Il est organisé par le « Conseil potager », composé d’une petite vingtaine de membres de l’équipe de l’école, et des éco-délégués des élèves.

Service à la collectivité

Les produits cultivés au Jardin des délices sont utilisés par les élèves en pharmacie et (bio)esthétique ; les fruits et légumes servent aux cuisines didactiques et atterrissent dans les assiettes de la cuisine collective. Antonella Cassano, qui la dirige depuis 30 ans, dit pouvoir enfin servir des légumes « qui ont le souvenir du vrai ».

Une des ambitions de l’école est d’augmenter fortement les capacités de production du potager, et elle a d’autres projets : une ruche, un poulailler, un amphithéâtre pour une des cours de récréation…

Elle a la chance d’avoir les moyens de ses ambitions : en 2021, le Jardin des délices a reçu le Prix École de l’Espoir de la Fondation Reine Paola (2), assorti d’une aide de 5 000 € pendant 5 ans. Et cet été, elle a été retenue dans le cadre de l’appel à projets Ré-création pour la végétalisation des cours d’écoles en Région bruxelloise.

Enfin, son plus cher souhait est de réussir son ouverture au quartier. « Ce qui signifie, songe à voix haute M. Liesenborghs, savoir filtrer la violence de la rue ou savoir créer un cadre où cette violence ne s’exprime pas ». 

Monica GLINEUR

(1) L’école a bénéficié de l’accompagnement de l’ASBLTournesol lors du démarrage du projet tournesol-zonnebloem.be.
(2) Ce prix soutient des programmes novateurs destinés à améliorer l’intégration des jeunes et/ou de leur famille dans les écoles en encadrement différencié : sk-fr-paola.be/ecole-de-lespoir/.

Des écoles plus vertes

Végétaliser ses espaces extérieurs, monter un potager : les appels à projet constituent une belle opportunité pour les écoles de se lancer.

En Wallonie, l’appel Ose le vert, recrée ta cour, soutenu par la Région et porté par GoodPlanet Belgium en partenariat avec Natagora, en est à sa 4e édition. Cinquante-trois écoles lauréates bénéficient d’une bourse et d’un accompagnement personnalisé entre novembre 2021 et mai 2023.

En Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles Environnement a lancé en mai 2021 la première Opération Ré-création  destinée à végétaliser des cours d’écoles. L’organisme publie un autre appel, Un potager à l'école, et deux
offres d’accompagnement : Place à la nature dans la cour ! pour le fondamental et Accueillons la biodiversité ! pour le secondaire. S’inscrire au réseau Bubble permet d’être informé (notamment) des dates des appels.

Les appels sont aussi mentionnés sur le site du Réseau Idées (onglet Appels & Concours et onglet Newsletter Infor'ere).

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