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Magazine PROF n°47

 

L'acteur 

Fanny Didier : « J’ai la chance d’avoir une équipe très ouverte »

Article publié le 12 / 09 / 2020.

Au moment où démarre le nouveau tronc commun, Fanny Didier s’arrête sur sa double expérience d’institutrice maternelle et de directrice d’une école fondamentale.

Diplômée en 1995, Fanny Didier a commencé sa carrière d’institutrice maternelle par différents intérims puis a obtenu un poste à la section fondamentale de l’Athénée royal de Bouillon-Paliseul. Elle occupe depuis neuf ans la fonction de directrice avec classe de cette école qui compte une vingtaine d’élèves en maternel et près de soixante en primaire.

PROF : Quelle a été votre réaction quand le Pacte pour un Enseignement d’excellence a pointé l’importance de l’enseignement maternel ? 
Fanny Didier : J’ai pensé qu’effectivement, il était temps de mettre en avant ce niveau d’enseignement, qu’on appelait auparavant celui du « gardiennat » – ses institutrices étaient considérées comme des gardiennes et non comme des enseignantes… J’ai été choquée d’entendre, au début de la pandémie, certains considérer que la suspension des cours ne représenterait pas de conséquences pour les enfants de maternel, alors qu’on sait aujourd’hui qu’il s’agit de moments essentiels, primordiaux pour la construction de la suite de leur parcours.

PROF : L’obligation scolaire à 5 ans entre en vigueur cette rentrée, vous plaideriez pour qu’elle intervienne dès la 1re maternelle ? 
F.D. : J’y suis favorable, surtout au bénéfice des enfants en indice socio-économique faible. Je travaille dans une école en encadrement différencié et peux vraiment confirmer, par ma pratique, que la régularité scolaire de ces enfants influence positivement la suite de leur parcours.

PROF : Comment s’est passée votre arrivée à la direction ? 
F.D. : J’étais dans ma classe depuis pas mal d’années et je sentais qu’il était temps de me mettre de nouveaux défis. Quand j’ai eu l’opportunité de prendre la direction, alors que je n’étais pas formée, j’ai pensé le faire pendant un an et retrouver ma classe ensuite. Puis je me suis prise au jeu, sans doute parce que j’ai la passion de partager : partager ce que j’ai reçu d’autres personnes, mon expérience et mon intérêt pour les nouvelles pistes pédagogiques qui peuvent s’ouvrir à l’école.

Cela fait des années que je prône la différenciation des apprentissages et d’autres pratiques qu’on voyait et qu’on voit encore peu dans certaines écoles.

Cela peut faire peur aux enseignants de se mettre face à une situation inconnue et de risquer un échec. Mais c’est ce qu’on demande aux élèves : de se servir de leurs erreurs pour apprendre et avancer. Même aujourd’hui, je me trompe encore dans ma classe, et précisément, ça me sert pour avancer. Se tromper dans un premier temps quand on expérimente, c’est normal, et il faut l’oser, parce qu’on n’est plus face aux mêmes enfants qu’il y a vingt ou même deux ans.

« Coacher », ou en tout cas pousser mon équipe à explorer de nouvelles voies est quelque chose qui m’a plu et me plait encore. Maintenant, le côté administratif me plait moins et c’est parfois compliqué d’avoir la double casquette de directrice et d’enseignante. Je suis convaincue qu’une direction doit être à temps plein dans son école, quelle que soit sa taille.

PROF : Vous ne regretteriez pas de ne plus enseigner ?
F.D. : Non, j’ai pris un tournant. J’imagine que les directions qui sont à temps plein doivent se dire : « Qu’est-ce que j’adorerais retourner en classe de temps en temps… » D’ailleurs, j’ai toujours beaucoup de plaisir à aller en classe et d’avoir des échanges avec les enfants, parce qu’ils sont tellement spontanés et surprenants. Mais je sens que j’ai quand même plutôt la fibre à partager avec les enseignants. J’adore pouvoir aider les institutrices, les soutenir, leur fournir des informations comme celles que je peux, par exemple, retirer de formations que j’ai suivies. Et essayer en équipe de mettre en place des projets pour répondre aux demandes ou propositions qu’on reçoit. Ce qui sera le cas avec l’introduction du nouveau tronc commun, bien sûr.

Fanny Didier : « Comme directrice, une de mes premières décisions a été de tenir des réunions de parents pour le maternel aussi ».
Fanny Didier : « Comme directrice, une de mes premières décisions a été de tenir des réunions de parents pour le maternel aussi ».
© PROF/FWB

PROF : Vous avez été formée au nouveau référentiel des compétences initiales, quel est votre avis ? 
F.D. : Le nouveau référentiel va en tout cas permettre de recadrer les attentes des enseignants du premier degré du primaire. Avec le cycle 5-8 et les socles de compétences, ceuxci avaient tendance à oublier que certaines compétences ne devaient pas être acquises en fin de 3e maternelle ; que les enfants avaient jusque fin de 2e primaire pour tout fixer. Ce référentiel m’apparait aussi plus concret en termes d’attendus, plus malléable et plus facile d’utilisation.

PROF : Des formations au nouveau tronc commun pour les directeurs et les enseignants de P1 et P2 s’ouvrent cette année. Il y a des appréhensions ?
F.D.: On était habitué à utiliser les Socles de compétences. Le changement représentera un réel « plus » mais il faudra sans doute du temps pour se l’approprier.

Quant à la formule des formations, en partie à distance et en partie en présentiel, je la trouve pratique, pour l’organisation par les enseignants de leur horaire, et intéressante, à travers cette méthode qui tient un peu de la « classe inversée ».

PROF : Autre changement : la part du travail collaboratif. Comment fonctionnez-vous
F.D. : Les choix et les décisions de l’école, je les prends en équipe. Je décide rarement seule, sauf quand il faut trancher. Et dans le cadre des relations avec les parents, le retour de l’équipe pédagogique m’est essentiel.

Nos périodes de concertation nous permettent de nous réunir chaque semaine pour échanger sur nos constats de terrain et sur ce qu’il y a à améliorer afin que nos enfants se sentent le mieux possible à l’école : manières de différencier les apprentissages, nouveaux projets pédagogiques, activités culturelles et sportives…

PROF : La différenciation des apprentissages, n’est-ce pas compliqué à réaliser ? 
F. D. :
Quand on veut, on peut. Au début, cela déroute un peu, les enseignantes ont en tête leur programme, découpé en périodes, et quand on retourne tout…

Mais j’ai la chance d’avoir une équipe qui est très ouverte, qui entend et qui est demandeuse. À la dernière concertation qu’on a tenue avant les vacances, je me suis arrêtée sur la circulaire en vue de la rentrée, dans un contexte de pandémie : On nous demande de « veiller à faire avancer les enfants dans un climat serein et d’organiser un accompagnement adéquat de chaque élève, pour qu’il fixe les choses et les fixe bien ». Ce pourquoi je plaidais il y a déjà quelques années, on y est… !

Propos recueillis par Monica GLINEUR

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