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Magazine PROF n°39

 

L'acteur 

Rodolphe Cuvelier : « Notre équipe veut faire sa part »

Article publié le 31 / 08 / 2018.

La Fondation Reine Paola a décerné son premier Prix pour l’enseignement 2018 à l’équipe pédagogique de l’École fondamentale communale du Val d’Orcq, et à ses ateliers multi-âges (1).

Rodolphe Cuvelier est directeur instituteur au Val d’Orcq à Tournai.

PROF : Votre double casquette, c’est difficile à porter ?
Rodolphe Cuvelier : Enseignant depuis 1989, directeur de quatre écoles depuis 2003, j’étais peu épanoui, partout et nulle part, peu présent pédagogiquement. En 2013, je suis redevenu enseignant tout en dirigeant l’école maternelle voisine et la mienne. J’ai renoué avec les réalités des enseignants, des élèves, de leurs parents et… avec le plaisir.

Rodolphe Cuvelier : « Nous laissons de l’autonomie et du temps aux élèves pour répondre à des situations-problèmes ».
Rodolphe Cuvelier : « Nous laissons de l’autonomie et du temps aux élèves pour répondre à des situations-problèmes ».
© PROF/FWB

D’où viennent les ateliers multi-âges ?
Mes enseignants sont jeunes et déjà expérimentés : deux équipes de forces vives. En 2015, les enseignants de la Ville ont visionné le film Demain. Il présente des gens qui ont envie de faire quelque chose et qui le font, même avec des erreurs. Cela en a bouleversé plus d’un. Et, face à nos jeunes connectés qui ne communiquent plus et qui ne sont plus reliés au monde, mes deux écoles ont décidé d’enseigner autrement.

Tout de suite ?
Pendant un an, nous avons cherché. Un projet Comenius avec la Suède nous a apporté des idées. Mais il est difficile de transposer un système scolaire scandinave dans une société latine. Nous avons lu et partagé : Decroly, Freinet, Montessori, Meirieu, Rahbi… Le résultat ? Quelques axes de travail.

Nous laissons de l’autonomie et du temps aux élèves pour répondre à des situations-problèmes ; nous voyons les stratégies mises en place et apportons des outils si nécessaire. Difficile : l’enseignant tend souvent à faire les choses à la place de l’enfant.

Ces situations sont concrètes et relient nos élèves au monde. Dans nos ateliers pédagogiques, les élèves jardinent – aujourd’hui, ils n’ont plus jamais les ongles sales –, ils mesurent un kilomètre avec une chaine d’arpenteur – ils ne marchent plus autant –, ils visitent Tournai, ses rues, ses vestiges médiévaux – 70% ne connaissent pas le centre-ville… Ces ateliers ont lieu tous les jeudis après-midis et les créatifs tous les vendredis après-midis. Nous y mélangeons toutes les classes. Cela crée une solidarité et un phénomène de tutorat, des grands vers les petits ou l’inverse. En un mois, les élèves du primaire passent par quatre enseignants sur le même thème. En maternelle, ces ateliers, moins gourmands en temps, sont quotidiens.

Tout en faisant des liens entre eux et le programme intégré, nous ne les évaluons pas. Selon Albert Jacquard, la norme qui induit la compétition tue la créativité, la solidarité et l’épanouissement des enfants.

Les impacts ?
Peu mesurables. Mais les élèves sont plus calmes, plus épanouis et surtout plus demandeurs. Ils se concentrent aussi davantage.

Le Prix Reine Paola ?
Il reconnait de façon forte notre professionnalisme et notre volonté à « faire notre part » pour faire avancer la société – une tâche immense –, dans un monde où les enseignants sont souvent décriés.

Votre projet est transposable ?
Il n’y a aucune raison qu’il ne le soit pas, à condition qu’il émarge d’une équipe soudée et d’une réflexion.

Patrick DELMÉE


(1) http://enseignement.be/index.php?page=25703&ne_id=5545 

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