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Magazine PROF n°4

 

L'info 

Droits sur les bancs ?

Article publié le 01 / 12 / 2009.

Pourquoi et comment parler à l’école des droits de l’enfant, précisés dans une Convention qui vient d’afficher vingt printemps ?

Faut-il parler de ces droits en classe ? La question peut paraitre saugrenue. L’école doit faire de tous les élèves des citoyens responsables, leur assurer des chances égales d’émancipation sociale. N’est-elle pas dès lors la meilleure réponse au droit à l’éducation, l’article 28 de la Convention internationale des droits de l’Enfant ? À moins qu’il ne s’agisse d’une question provocatrice. Si la démocratisation progressive des études a largement ouvert les portes de l’école, celle-ci peine à corriger les inégalités sociales. « La gratuité de l’enseignement n’est pas une réalité concrète et les jeunes de familles vivant en situation de précarité sont, davantage que les autres, relégués dans des filières dévalorisées », explique Bernard De Vos, Délégué général aux droits de l’enfant.

Les vingt ans de la convention sont l’occasion de réfléchir à la façon d’appliquer les droits de l’enfant à l’école.
Les vingt ans de la convention sont l’occasion de réfléchir à la façon d’appliquer les droits de l’enfant à l’école.
© Fotolia/Helder Almeida

Plus fondamentalement, l’école est-elle le lieu approprié pour faire connaitre, voire faire vivre aux enfants leurs droits ? N’est-elle pas un lieu collectif règlementé où les acquis et compétences des élèves sont évalués et certifiés ? La question renvoie à des propos souvent entendus : « parlez-leur plutôt de leurs devoirs ». À la source de cette tension réside le fait que la Convention joue sur deux exigences difficiles à concilier : la nécessité de protéger l’enfant en raison de sa fragilité mais aussi celle de lui reconnaitre le droit à la liberté d’expression, de le traiter comme un être responsable

« Hier, petit d’homme, l’enfant est devenu un petit homme. Cela aboutit parfois à des discours qui occultent l’indispensable dimension éducative », résume Françoise Guillaume, préfète de l’École Decroly à Bruxelles, qui analyse cette mutation dans un livre récent (1).

Appliquer plutôt qu’expliquer

Alors, comment aborder les droits de l’enfant en classe ? Des associations proposent de multiples outils d’information accompagnés de dossiers pédagogiques et de pistes d’animations. Comme ces droits constituent une matière transversale, il est important qu’ils ne fassent pas l’objet d’attentions uniquement aux alentours du 20 novembre, date-anniversaire de la signature de la Convention, ou dans le cadre d’un seul cours ou d’une activité parascolaire noyés parmi d’autres.

Bon nombre d’enseignants ou d’équipes ont franchi le pas en construisant des pratiques respectueuses des droits de l’enfant C’est dans ce courant que se sont inscrites les structures de participation mises en place à l’école : conseils de classes, conseils de participation. Un processus progressif. Selon une enquête (2) commandée par l’Observatoire de l’enfance, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse, cette culture participative est exercée par une minorité des jeunes (entre 20 et 25 % environ), qui disent émettre leur avis essentiellement sur les activités qui se passent à l’extérieur de l’établissement. « Davantage que les thèmes débattus – l’école doit se garder des balises –, ce sont les mécanismes qui sont importants, explique Marie-Pierre Grosjean, inspectrice de morale dans l’enseignement secondaire. Les jeunes y expérimentent les limites, les difficultés à faire consensus». Et de conclure : « Tout ce qui n’est pas artificiel, tout ce qui fait de l’école davantage qu’un lieu d’enseignement peut être intéressant. L’enfant peut y être considéré comme sujet de droit. Dès les maternelles ».

Ouartan Badi, instituteur en cinquième primaire à l’École Bois Dailly, à Schaerbeek, a installé la gestion participative au cœur de sa classe. « Au début de chaque année, je demande à mes élèves de construire les règles de vie en classe. Sous une forme positive : je peux, je dois. Ils expérimentent ainsi naturellement droits et devoirs. Quand ils n’arrivent pas à gérer eux-mêmes un conflit, j’organise un cercle magique où chaque partie vide son sac et détermine la sanction ». 

Catherine MOREAU

(1) L’Enfant : petit homme ou petit d’homme ?, Paris, Éd. L’Harmattan, 2008.
(2) Enquête sur la participation des jeunes âgés de 10 à 18 ans, Communauté française de Belgique, OEJAJ, SONECOM, Avril 2007, téléchargeable sur http://www.oejaj.cfwb.be/IMG/pdf/rapport_fi nal_participation_10_18_ultra_light.pdf.

Pour en savoir plus

Quelques ouvrages

- DEFRANCE B., Sanctions et discipline à l’école, Paris, Éd. La Découverte, 2009.
- LE GAL J., Les droits de l’enfant à l’école. Pour une éducation à la citoyenneté, Bruxelles, Éd. De Boeck, 2008.
- LELEUX C., Éducation à la citoyenneté. Apprendre les valeurs et les normes de 5 à 14 ans, Bruxelles, Éd. De Boeck, coll. Outils pour enseigner, 2000.

 

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