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Magazine PROF n°2

 

 

Jaco Van Dormael : « Jaco, si ce n’est pas jojo, ne le fais pas ! »

Article publié le 01 / 06 / 2009.

Jaco Van Dormael est l’un de nos cinéastes majeurs. Il s’est construit en partie malgré l’école, en partie grâce à elle. Et pense avoir eu de la chance.

Un des artistes belges les plus célèbres vit à l’entrée de Bruxelles. Sa vaste maison de rangée, proche de l’arrêt du tram, s’ébroue à un jet de pierre d’un parc. La grande table carrée de la cuisine, qui lui sert aussi de table de travail, est éclairée par de larges baies vitrées. Les cheveux ébouriffés, devant sa tasse de café, il annonce une nouvelle qui doit lui faire mal : après les succès de Toto le héros et du Huitième jour, Mister Nobody, le film-évènement qu’il a construit pendant 13 ans, n’est pas sélectionné au festival de Cannes (1).

Son choix de travailler en images, il le doit en partie à son parcours scolaire. La rencontre de deux professeurs et de l’enseignement rénové a été dans son cas prédominante.

PROF : Quel a été votre parcours scolaire ?
Jaco Van Dormael : J’ai vécu huit ans en Allemagne, près de Francfort, où j’ai effectué mes deux premières primaires. J’ai adoré. Des jeux, de la musique, du dessin, tous les jours. Pas de cours l’après-midi.

Puis vous avez déménagé vers la Belgique ?
Mon arrivée dans une école belge a été un grand choc. Je n’avais jamais connu les rangs, ni la règle du silence en classe ou du croisement des bras. Les professeurs hurlaient sur moi. J’en faisais pipi dans ma culotte.

Jaco Van Dormael:
Jaco Van Dormael: "Il suffit parfois d'un professeur..."
© PE Photos Chantal Thomine Desmazures

Vous étiez bon élève ?
Je n’ai pas doublé. Mais de cette époque, jusqu’en fin de 3e secondaire, je n’ai pratiquement aucun souvenir. Je l’ai vécue comme un long sommeil. On répétait toujours la même chose. Avec le recul, je pense qu’en Allemagne j’avais moins de temps de cours, mais en plus concentré. Ici j’avais l’impression de perdre mon temps, de m’endormir.

Quand vous êtes-vous réveillé ?
J’ai mis assez longtemps. Il suffit parfois d’un seul professeur qui vous prend en charge. J’ai eu cette chance avec Jacques Kahn, mon professeur de français en 4e. Le collège Cardinal Mercier, à Braine-l’Alleud, venait d’opter pour le rénové. Au premier jour de cours, il a dit à la classe : « Cette année, c’est vous qui allez organiser le cours, quel est votre projet, que voulez-vous faire ? » Nous étions stupéfaits. Après quelques jours de silence, nous avons énoncé des propositions et commencé notre autogestion. C’est ainsi que j’ai commencé la photo. Qui m’a amené à la caméra et au cinéma.

J’ai appris à me prendre en main individuellement, à travailler en groupe, à avoir un désir, à le mettre en projet et à le réaliser. Plus fort, à m’auto-évaluer. Nous présentions nos projets devant la classe, nous déterminions une cote pour nous-mêmes et pour les autres et nous en discutions avec le professeur.

Cela concernait tous les cours ?
Tous les enseignants se sont adaptés pour faire une école nouvelle. Ils étaient moins des donneurs de savoir que des questionneurs et des guides. En physique, le professeur m’a fait travailler l’électricité et l’optique, des matières liées à mon projet d’exposition de photos.

Et après votre rhéto ?
J’ai suivi un an dans une école de prise de vue parisienne. J’avais besoin de partir, de changer d’air. Ensuite, je suis revenu à l’Insas à Bruxelles pour devenir réalisateur. Là aussi, un professeur m’a marqué : Edmond Bernhard. Il répétait souvent : « Si cela vous semble jojo, faites-le, si pas, ne le faites pas ». Cela m’a servi dans mon métier, mais aussi dans ma vie.

Quel regard portez-vous sur l’école ?
Après quelques années magiques, on est revenu en arrière. Le métier d’enseignant est le plus important du monde. Il devrait être le mieux payé. De plus, en Allemagne, tous les enfants apprennent un instrument de musique ; en Angleterre, ils se confrontent au théâtre chaque année. En Belgique, actuellement, on n’est pas assez outillé. Je pense avoir eu de la chance.

Propos recueillis par
Patrick DELMÉE

(1) Dans Mister Nobody, le héros Nemo imagine les différentes vies qu’il aurait pu connaitre. Sortie prévue en octobre.

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